Un tribunal à Bahreïn a ordonné mercredi la libération du célèbre
opposant Nabil Rajab pour des tweets jugés hostiles au royaume et à
l'Arabie Saoudite, mais le procureur a obtenu son maintien en détention
pour une autre affaire, a annoncé l'agence de presse officielle BNA.
M. Rajab, 52 ans, "restera en prison" pour une affaire de
cybercriminalité liée à la "propagation de fausses informations sur la
situation dans le royaume" de Bahreïn "jusqu'à ce que l'enquête soit
terminée", a indiqué le procureur en chef Mohammed Salah, cité par BNA.
Adam, le fils de l'opposant, s'est insurgé contre cette décision. "C'est
triste, mon père ne sera pas libéré. Ces oppresseurs ont déjà une autre
affaire toute prête pour lui. Ils ne veulent pas qu'il sorte".
Nabil Rajab, défenseur des droits de l'Homme connu à travers le monde, souffre de problèmes de santé notamment cardiaques.
Quelques heures avant l'annonce de son maintien en détention, un
tribunal avait ordonné sa libération provisoire en attendant son procès
prévu le 23 janvier pour des tweets jugés hostiles à Bahreïn et à
l'Arabie saoudite.
Figure de proue de l'opposition chiite et déjà emprisonné dans le passé,
Nabil Rajab avait été arrêté le 13 juin pour cette affaire de tweets
critiquant l'intervention de pays du Golfe dans la guerre au Yémen.
Il est poursuivi pour "propagation de fausses nouvelles et de rumeurs en
temps de guerre", selon l'acte d'accusation qui se réfère à la guerre
au Yémen où Bahreïn participe depuis mars 2015 à une coalition arabe
sous commandement saoudien qui lutte contre une rébellion chiite.
Ces accusations se basent sur des tweets de M. Rajab en 2015, dans
lesquels il a aussi dénoncé des actes de "torture" à la prison de Jaw à
Bahreïn.
Nabil Rajab fait par ailleurs l'objet d'autres enquêtes pour des lettres
publiées en septembre par le quotidien américain The New York Times et
en décembre par le journal français Le Monde, dans lesquelles il a
notamment critiqué le pouvoir à Bahreïn.
De nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme, dont
Amnesty International et Human Rights Watch, s'étaient mobilisées ces
dernières semaines pour obtenir la libération de M. Rajab, cofondateur
et président du Bahrain Center for Human Rights (GCHR).
Il est aussi l'un des animateurs du mouvement de contestation à Bahreïn
qui réclame depuis plusieurs années une véritable monarchie
constitutionnelle à la dynastie sunnite toute puissante dans ce pays
majoritairement chiite.
Le petit royaume de Bahreïn, siège de la Ve Flotte des Etats-Unis, est
secoué par des manifestations sporadiques depuis la répression en 2011
de la contestation animée par la majorité chiite.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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