Le Fatah du président palestinien Mahmud Abbas élit samedi ses
instances dirigeantes, un vote qui pourrait donner des indications sur
l'avenir de la direction palestinienne sur fond de spéculations sur la
succession du leader vieillissant.
Les 1.400 membres du Congrès votent jusqu'en fin d'après-midi au siège
de la présidence à Ramallah, en Cisjordanie occupée, mais également à
Gaza, dont quelques dizaines de membres n'ont pu sortir faute
d'autorisation d'Israël qui contrôle les frontières palestiniennes.
"Après le dépouillement en soirée des votes, les résultats devraient
être annoncés lors de la session de conclusion dimanche", a indiqué le
porte-parole du Congrès Mahmoud Abou al-Hija.
Alors, seront connus les noms des 18 membres élus du Comité central, la
plus haute instance du parti dirigée par M. Abbas. Ce dernier a le
pouvoir de nommer quatre membres de ce Comité.
Le nom des 80 membres élus du Conseil révolutionnaire, considéré comme
le "Parlement" du Fatah doit également être dévoilé dimanche. Outre les
80 membres élus, cette instance compte aussi une quarantaine de membres
nommés.
Le Fatah est la principale composante de l'Organisation de libération de
la Palestine (OLP), interlocutrice de la communauté internationale qui
la reconnaît comme l'entité représentant l'ensemble des Palestiniens.
M. Abbas a salué un rendez-vous "démocratique et transparent" en votant
dans l'après-midi pour ces élections qui passionnent peu les
Palestiniens.
Leurs résultats donneront, affirment les experts, une idée du poids des
différents courants au sein du Fatah, en proie à des divisions internes
et au sein duquel M. Abbas tente d'écarter les voix dissonantes,
notamment celles des partisans de Mohammed Dahlane, son principal
opposant qui vit en exil aux Emirats arabes unis.
Elu en 2005 pour un mandat de quatre ans qui court toujours faute
d'élections, et de plus en plus contesté, M. Abbas, 81 ans, cherche à
préparer sa succession, assurent les observateurs.
Durant la semaine, sur les réseaux sociaux et dans certains médias, des
listes de noms ont fuité, présentées comme celles approuvées par le
président et donc supposées données gagnantes avant même le vote. Le
porte-parole du Congrès, Mahmoud Abou al-Hija, a démenti.
Dès l'ouverture du Congrès mardi, M. Abbas, qui dirige le Fatah, l'OLP
et l'Autorité palestinienne --l'entité intérimaire qui était censée
laisser la place à un Etat qui tarde à voir le jour--, a été réélu chef
du parti lors d'un vote unanime à l'applaudimètre.
Ce vote s'était déroulé de la même manière lors du dernier Congrès en
2009, tandis que l'élection du Comité central et du Conseil
révolutionnaire avait fait entrer de nouveaux cadres au sein des
instances dirigeantes, minées par des divisions qui n'ont souvent rien à
voir avec l'idéologie.
Le Comité central avait été largement rajeuni avec l'élection notamment
de Marwan Barghouthi, figure de proue du Fatah emprisonné à vie en
Israël, et d'hommes à poigne issus des services de sécurité comme
Mohammed Dahlane et Jibril Rajoub.
Cette année, M. Dahlane et ses partisans ont été écartés du parti. M.
Barghouthi, toujours détenu, se représente, de même que M. Rajoub,
devenu patron du sport palestinien et très actif dans les instances
internationales, ainsi que Saëb Erakat, déjà numéro deux de M. Abbas à
l'OLP. Figurent également parmi les candidats Ahmed Qoreï, l'un des
architectes des Accords d'Oslo avec Israël.
L'objectif également, assurent les experts, est de renforcer la présence
du Fatah dans les institutions de l'Autorité palestinienne. Ils en
veulent pour preuve que bon nombre des membres du Congrès, qui compte un
millier d'invités de moins qu'en 2009, travaillent au sein de
l'Autorité.
Le programme du Fatah vis-à-vis de l'Etat hébreu devrait lui rester
inchangé. M. Abbas l'avait énoncé mercredi: "résistance populaire
pacifique", "dialogue" avec Israël, "petits pas" diplomatiques sont les
seuls moyens de mettre un point final à près de 70 ans de conflit,
a-t-il martelé, sous les applaudissements des membres du Congrès qui
scandaient son nom de guerre "Abou Mazen".
Ce programme fait consensus au sein du Fatah, qui a renoncé à la
violence et à sa branche armée il y a plusieurs années, contrairement au
mouvement rival Hamas, qui contrôle la bande de Gaza et poursuit sa
"résistance" face à l'Etat hébreu. Il suscite cependant la contestation
parmi les Palestiniens qui pour plus des deux-tiers, selon un récent
sondage, souhaitent la démission de M. Abbas.
(03-12-2016 )
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