Le chef de la diplomatie américaine a appelé mercredi Moscou, Téhéran et
le Hezbollah, tous alliés du régime syrien, à "fournir de véritables
efforts pour mettre fin" à la guerre sanglante en Syrie, au cours d’une
rare visite à Beyrouth.
Depuis le Liban, qui accueille plus d’un million de Syriens ayant fui le
conflit ravageant leur pays depuis trois ans, M. Kerry a aussi annoncé
une nouvelle aide de 290 millions de dollars aux réfugiés dans la
région, dont "51 millions de dollars (qui) iront directement aux
réfugiés du Liban", qui représentent désormais près du quart de la
population de ce petit pays.
Le conflit en Syrie a coûté à Beyrouth plus de 7,5 milliards de dollars
entre le début de la crise en mars 2011 et l’été 2013, a récemment
indiqué le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.
Lors de sa rapide visite à Beyrouth, la première depuis cinq ans pour un
secrétaire d’Etat américain, M. Kerry a souligné qu’il était du devoir
de "toutes les nations de tenter de mettre fin à ce conflit".
Il en a appelé "particulièrement à ces nations qui soutiennent
directement le régime d’Assad dans ce qui est devenu une démonstration
grotesque de guerre moderne d’un Etat contre son propre peuple".
"J’appelle l’Iran, la Russie, j’appelle le Hezbollah, basé ici au Liban,
à fournir de véritables efforts en vue de mettre fin à cette guerre",
a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse.
L’Iran est le principal allié régional du président Bashar al-Assad dans
sa guerre contre les rebelles, Moscou, important allié de Damas, a
bloqué à quatre reprises des résolutions occidentales sur la Syrie pour
protéger Damas, et le Hezbollah envoie des centaines d’hommes combattre
au côté de l’armée loyaliste.
Alors que la guerre en Syrie a fait plus de 162 000 morts, déraciné
quelque neuf millions de personnes et laissé le pays en ruines, M. Kerry
a estimé qu’il s’agissait de "la pire catastrophe dont nous avons été
témoins", et a de nouveau plaidé pour une solution politique.
"Il est important que nous réalisions tous (l’ampleur) de la catastrophe
humaine qui se déroule devant nos yeux et c’est pour cela que nous, aux
Etats-Unis, avons travaillé dur en vue d’une solution politique, qui
est la seule solution véritable pour ce conflit", a précisé le
secrétaire d’Etat.
Washington avait un temps envisagé des frappes aériennes, après qu’une
attaque au gaz sarin dans une banlieue de Damas contrôlée par les
rebelles a fait environ 1400 morts, mais s’était ravisé après la
signature d’un accord russo-américain prévoyant le démantèlement de
l’arsenal chimique syrien.
La visite de M. Kerry au Liban, pays qui a passé près de 30 ans sous la
tutelle de son voisin syrien, intervient par ailleurs au lendemain de
l’élection présidentielle organisée par Damas.
Interrogé sur ce scrutin, qui a eu lieu dans les zones tenues par le
régime soit 40% du territoire où résident 60% de la population, M. Kerry
a évoqué une "non-élection".
"Rien n’a changé entre la veille des élections et le lendemain, rien. Le
conflit est le même, la terreur est la même, le meurtre est le même, le
problème pour les réfugiés est le même", a-t-il encore dit.
Les Etats-Unis avaient déjà qualifié cette élection de "honte", l’Otan assurant que ses résultats ne seraient "pas reconnus".
Le secrétaire d’Etat a par ailleurs appelé à l’élection d’un président
libanais doté d’un "véritable pouvoir", jugeant "inquiétante" la vacance
de ce poste depuis fin mai en raison des divisions dans le pays.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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