Des centaines d’insurgés ont pris mardi le contrôle de l’ensemble de la
province de Ninive dans le nord de l’Irak, un coup inédit porté à un
pouvoir incapable de freiner leurs avancées dans le pays qui risque de
plonger dans le chaos.
Le chef du Parlement Oussama al-Nujaïfi a annoncé la prise de cette
province pétrolière sunnite dont le chef-lieu est Mossoul, deuxième
ville du pays, en affirmant que les rebelles se dirigeaient vers la
province voisine de Salaheddine, plus au sud, pour "l’envahir".
C’est la première fois que les insurgés prennent toute une province dans
le pays, où le groupe rebelle jihadiste de l’Etat islamique en Irak et
au Levant (EIIL) contrôle Fallujah et plusieurs secteurs de la province
occidentale d’Al-Anbar, voisine de Ninive.
M. Nujaïfi n’a cependant pas confirmé les déclarations d’un officier de
haut rang affirmant que les rebelles ayant pris Ninive relevaient aussi
de l’EIIL.
Ces succès de la rébellion témoignent de la situation sécuritaire
chaotique en Irak, alimentée par les luttes d’influence politique, les
tensions confessionnelles entre chiites et sunnites ainsi que par le
conflit en Syrie voisine.
"Toute la province de Ninive est tombée aux mains des insurgés", a indiqué M. Nujaifi lors d’une conférence de presse.
Avant l’aube, des centaines d’hommes armés ont lancé un assaut contre
Mossoul, et ont réussi, après des combats avec l’armée et la police, de
prendre le contrôle du siège du gouverneur, des prisons et des
télévisions, selon des responsables.
"Mossoul est hors du contrôle de l’Etat et à la merci des hommes armés",
a dit l’un d’eux. Les insurgés ont diffusé via haut-parleurs qu’ils
sont "venus pour libérer Mossoul et qu’ils combattront seulement ceux
qui les attaqueront".
"Des membres de l’armée et de la police ont ôté leurs uniformes (...) et
les postes de l’armée et de la police dans la ville sont maintenant
vides. Les hommes armés ont libéré les détenus des prisons" de Mossoul,
selon lui.
Selon un correspondant de l’AFP sur place, les forces de sécurité ont
abandonné leurs véhicules alors que des postes de police ont été
incendiés.
Pour l’analyste politique Aziz Jabr, "la chute de Ninive constitue une
menace dangereuse pour la sécurité nationale irakienne". Il semble selon
lui, que "les directions militaires ont fui" les zones de combats "ce
qui montre qu’elles ont été infiltrées" par les rebelles.
Mossoul est peuplée d’environ quelque deux millions de personnes, dont
des milliers d’habitants ont fui les violences ces derniers jours dans
la ville.
Le Premier ministre sortant et chef de l’armée Nouri al-Maliki, un
chiite honni par les rebelles sunnites et accusé de "dictateur" par ses
détracteurs, ne s’est pas manifesté depuis l’intensification la semaine
dernière des attaques rebelles notamment contre Mossoul.
Les provinces de Ninive et Al-Anbar sont situées à la frontière poreuse
avec la Syrie, le long de laquelle gravite l’EIIL qui ambitionne
d’installer un Etat islamique.
Après la prise de contrôle de Ninive, les insurgés se dirigeaient vers
Salaheddine, un fief de l’ancien régime de Saddam Hussein, pour
"l’envahir", a déclaré M. Noujaïfi, en soulignant la "nécessité de
mobiliser toutes les forces et d’alerter les dirigeants dans le monde
pour faire face à cette offensive terroriste".
"Si on n’arrête pas cette offensive sur les frontières de Ninive, elle
va s’étendre à tout l’Irak" a-t-il averti, en précisant qu’il n’avait à
ce stade "aucun contact" avec M. Maliki.
Les rebelles de l’EIIL tiennent également une partie de la ville de
Ramadi près de Fallujah et malgré plusieurs tentatives, l’armée n’a pas
encore réussi à reprendre cette ville.
L’EIIL, aidé par des tribus hostiles au gouvernement, jouit dans ces
régions d’un certain soutien des milieux sunnites qui se sentent
marginalisés par le pouvoir dominé par les chiites.
L’Irak est dévasté par une spirale de violences qui ont tué plus de
4600 personnes depuis début 2014, selon un bilan établi par l’AFP sur
la base de sources médicales et de sécurité.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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