L’opposition syrienne a établi un gouvernement qui aura fort à faire
pour offrir des services et la sécurité à la population des zones qu’il
contrôle face à la velléité d’autonomie des Kurdes et la puissance des
jihadistes.
"Il s’agira d’un gouvernement de travail et non de paroles (...) qui
aura comme premières priorités d’établir la sécurité et la paix civile
dans les zones libérées de Syrie et de répondre aux besoins vitaux" de
la population, a annoncé son Premier ministre Ahmad Tomeh en présentant
son équipe.
La Coalition de l’opposition, basée à l’étranger, a approuvé dans la
nuit de lundi à mardi à Istanbul la nomination de neuf ministres.
Après plus de deux ans et demi de guerre civile, l’opposition contrôle
une grande partie du nord et de l’est de la Syrie. Cependant dans ces
régions, elle doit faire face au désir d’autonomie des Kurdes qui
élargissent leur territoire et au refus des jihadistes d’al-Qaïda,
notamment l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), de reconnaître
son autorité.
Des formations kurdes ont en effet annoncé mardi l’établissement d’une
administration autonome de transition dans la région kurde, d’où les
forces gouvernementales s’étaient retirées à la mi-2012.
"L’objectif principal de ce gouvernement sera d’améliorer la vie des
citoyens dans les zones libérées", a résumé Mounzer Aqbiq, conseiller du
président de la Coalition de l’opposition Ahmad Jarba.
L’islamiste modéré Ahmad Tomeh, nommé le 14 septembre Premier ministre
intérimaire, a obtenu l’aval, après deux mois de tractations, pour Iyad
Qudsi au poste de vice-Premier ministre, Assad Mustafa au ministère de
la Défense, et Ibrahim Miro à l’Économie et aux Finances.
En outre, Mohammad Yassin Najjar prend le portefeuille des
Télécommunications et de l’Industrie, Othman al-Dawi, celui de
l’Administration locale et l’aide humanitaire, Fayez al-Zaher, celui de
la Justice, Elias Warde devient ministre de l’Energie et de la
production animalière et Walid al-Zohbi ministre des Infrastructures et
de l’Agriculture.
Une femme fait partie de ce gouvernement : Tagharid al-Hajali, chargée de la Culture et de la famille.
En revanche, les candidats aux postes de ministre de l’Intérieur, de la
Santé et de l’Habitat n’ont pas obtenu le quorum de 62 voix.
Alors que les combattants rebelles se plaignent souvent du fait que la
coalition est déconnectée du terrain, M. Abqiq a indiqué que "le Premier
ministre est entré en contact avec les forces présentes sur le terrain
et beaucoup parmi elles (...) ont exprimé leur volonté de coopérer avec
le gouvernement".
"Il y a des groupes terroristes comme l’EIIL (...) qui refusent de
coopérer avec le gouvernement. C’est un défi que nous devons affronter",
a-t-il ajouté.
Les bureaux du gouvernement seront installés dans la zone frontalière du
côté turc et les "ministres se rendront en Syrie chaque fois que cela
sera nécessaire", selon lui.
M. Abqiq a souligné l’importance de la mise en place de ce gouvernement
pour pallier au "vide énorme concernant la fourniture des services (...)
notamment dans les zones libérées".
La guerre a détruit les moyens de subsistance et conduit à
l’effondrement de l’économie, plongeant dans la pauvreté plus de la
moitié de la population, selon une étude commandée par l’ONU.
"Plus de la moitié de la population vit désormais dans la pauvreté, avec
7,9 millions de personnes qui le sont devenues depuis le début de la
crise. Parmi elles, 4,4 millions se trouvent dans une pauvreté extrême",
assure ce rapport qui vient d’être rendu public.
Le chômage a atteint 48%, l’appareil éducatif est "désastreux" avec 49%
des enfants qui ont quitté l’école et le système de santé a été très
affaibli.
M. Aqbiq, pour financer tous ces besoins, le Premier ministre va
essayer de "relancer la machine économique dans les zones libérées et
chercher des sources de financement grâce aux ressources naturelles ou
par des droits de passage" aux frontières.
Il y aura par ailleurs des financements externes, comme l’aide promise
de l’Arabie saoudite (223 millions d’euros) ou le fonds financé par le
groupe des Amis de la Syrie (60 millions d’euros).
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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