Israël a une nouvelle fois rejeté catégoriquement jeudi toute
implication dans la mort de Yasser Arafat, au lendemain de la
publication d’un rapport médical suisse confortant la thèse d’un
empoisonnement au polonium du chef historique palestinien décédé en
2004. Les causes de la mort d’Arafat, le 11 novembre 2004 à l’hôpital
militaire Percy de Clamart, près de Paris, n’ont pas été élucidées, et
nombre de Palestiniens soupçonnent Israël, qui a toujours nié, de
l’avoir empoisonné.
Interviewé, Raanan Gissin, un conseiller d’Ariel Sharon, Premier
ministre israélien au moment de la mort d’Arafat, a assuré que "les
instructions de Sharon étaient de prendre toutes les précautions pour
qu’Israël ne soit pas accusé de la mort d’Arafat". "Ariel Sharon avait
ordonné de tout faire pour éviter qu’Arafat - alors encerclé par l’armée
israélienne dans la Muqataa, siège de la présidence palestinienne à
Ramallah (Cisjordanie) - ne soit tué par nos soldats", a expliqué Raanan
Gissin, porte-parole et proche collaborateur de l’ancien chef du
gouvernement. "C’est aussi pour cette raison que Sharon a permis
l’évacuation vers un hôpital en France d’Arafat lorsqu’il s’est avéré
qu’il était mourant", a-t-il insisté. "Au lieu de lancer des accusations
sans fondement contre Israël, les Palestiniens feraient mieux de
s’interroger sur ceux qui dans l’entourage d’Arafat avaient intérêt à sa
disparition, et surtout sur qui a mis la main sur l’argent que
contrôlait Arafat", a affirmé Raanan Gissin. Interrogé sur les menaces
de mort que Sharon avait lancées dans le passé contre Arafat, Raanan
Gissin a assuré qu’il ne s’agissait que de "déclarations politiques
n’ayant pas eu de suites opérationnelles".
"L’épisode cent et quelque du feuilleton Souha"
Dès la publication du rapport suisse mercredi par la chaîne qatarie Al
Jazeera, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères,
Yigal Palmor, a nié toute responsabilité d’Israël dans la mort
d’Arafat. "C’est l’épisode cent et quelque du feuilleton Souha (Arafat,
la veuve du dirigeant palestinien) contre les successeurs d’Arafat",
a-t-il ironisé. Danny Yatom, un ancien patron du Mossad, le service de
renseignements israélien, a estimé que "toute cette affaire (était) très
bizarre". "Pour lever le mystère, il suffirait d’interroger les
médecins français qui l’ont soigné", a dit Danny Yatom à la radio
publique. "Je ne sais pas si Souha Arafat agit uniquement pour défendre
la mémoire ou l’argent de son mari défunt", a-t-il poursuivi.
Cet ex-chef du Mossad (1996-98) a rappelé que la nourriture que
consommait Yasser Arafat lorsqu’il était encerclé par l’armée
israélienne à la Mouqataa à Ramallah à partir de 2002 était
préalablement testée par des goûteurs. Interrogé sur le précédent
qu’aurait pu constituer la tentative d’assassinat par le Mossad le 5
septembre 1997 à Amman de Khaled Mechaal, alors membre de la direction
du Hamas dont il est devenu le chef en 2004, Danny Yatom s’est contenté
de répondre : "Nous n’avons pas utilisé de produits radioactifs." Cinq
agents israéliens se faisant passer pour des touristes canadiens avaient
tenté de tuer Khaled Mechaal en lui injectant une substance toxique.
Sous la pression, Israël avait ensuite dû fournir un antidote. Un
porte-parole du Hamas, au pouvoir à Gaza, Sami Abu Zuhri, a affirmé
mercredi que "Khaled Mechaal avait été le premier à considérer que la
mort d’Arafat avait été causée par un empoisonnement imputé à
l’occupant".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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