Yasser Arafat est mort empoisonné au polonium en 2004, a déclaré
mercredi sa veuve Souha sur la foi de premières expertises, neuf ans
après le décès près de Paris de l’ancien président de l’Autorité
palestinienne.
"Il s’agit d’un vrai crime, d’un assassinat politique", a dit Souha
Arafat à REUTERS à Paris après avoir reçu un rapport de l’Institut de
radiophysique de Lausanne sur les analyses effectuées sur la dépouille
de l’ancien leader palestinien.
Ce rapport "confirme tous nos doutes", a-t-elle ajouté après avoir
rencontré des experts suisses, l’une des trois équipes de légistes
chargés d’effectuer des examens. "Il est scientifiquement prouvé qu’il
n’est pas mort de mort naturelle et nous avons la preuve scientifique
que cet homme a été tué".
Souha Arafat n’accuse aucun pays ou individu en particulier, mais
souligne que le leader historique de l’Organisation pour la libération
de la Palestine (OLP), qui signa en 1993 un accord de paix intérimaire à
Oslo avec Israël, mais mena ensuite une révolte en 2001 lorsque
d’autres pourparlers échouèrent, avait beaucoup d’ennemis.
Le corps de Yasser Arafat a été exhumé en novembre 2012 à Ramallah, huit
ans après son décès près de Paris, pour les besoins d’une enquête qui
doit déterminer s’il est mort empoisonné, comme le pensent de nombreux
Palestiniens.
Une enquête pour assassinat avait été confiée quelques mois plus tôt à
trois juges d’instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) après l’annonce
par l’Institut de radiophysique de Lausanne de la découverte d’une
quantité anormale de polonium sur des effets personnels remis par sa
veuve.
Yasser Arafat est décédé à l’âge de 75 ans après une courte et
mystérieuse maladie, le 11 novembre 2004 à l’hôpital militaire de Percy,
à Clamart dans les Hauts-de-Seine, où il avait été transféré avec
l’accord d’Israël après avoir été isolé par l’armée israélienne dans son
QG de Ramallah.
Aucune autopsie n’avait été pratiquée à l’époque, à la demande de sa
veuve, et les médecins français qui l’ont soigné se sont déclarés
incapables de déterminer la cause du décès.
Une vingtaine de prélèvements ont été effectués après l’exhumation et
des échantillons distincts ont été confiés à des équipes de médecins
légistes français et suisses, ainsi qu’à une équipe d’experts russes,
invités par les Palestiniens à aider à l’examen.
En octobre, le responsable de l’agence russe de médecine légale a
déclaré que les échantillons prélevés sur le corps de Yasser Arafat ne
laissaient en rien penser à un empoisonnement au polonium, a rapporté
l’agence INTERFAX.
Mais l’Agence fédérale de médico-biologie a démenti officiellement que
son directeur, Vladimir Uiba, ait tenu de tels propos et s’est contentée
de préciser qu’elle avait remis ses conclusions au ministère des
Affaires étrangères.
Le polonium a été à l’origine du décès de l’espion russe Alexandre
Litvinenko à Londres en 2006, mais certains experts se demandent comment
Yasser Arafat aurait pu mourir de la sorte, soulignant qu’il a connu un
bref rétablissement pendant sa maladie qui ne colle pas avec la thèse
d’un empoisonnement radioactif. Ils notent également que l’ancien
président palestinien n’avait pas perdu tous ses cheveux, comme c’est le
cas avec le polonium.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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