Dire que Benyamin Netanyahou n’est pas content serait un euphémisme.
Il est en fait furieux et très inquiet. John Kerry ne l’écoute pas. Dans
le cadre du groupe des 5+1 (USA, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et
l’Allemagne), le secrétaire d’État négocie avec les Iraniens un accord
comportant un relâchement des sanctions internationales. Les deux hommes
en ont parlé pendant deux heures, ce vendredi matin, durant leur
troisième rencontre en trois jours. John Kerry, qui venait d’Amman,
faisait escale à l’aéroport Ben-Gourion près de Tel-Aviv, en route pour
Genève où se déroulent les pourparlers avec la délégation iranienne.
Le Premier ministre israélien n’a pas de mots assez durs pour qualifier
les propositions faites au régime de Téhéran : "l’arnaque du siècle",
"une erreur historique", "un très mauvais deal"... Tout en lançant un
appel à John Kerry pour qu’il ne le signe pas, il a annoncé qu’Israël ne
serait pas partie prenante de cet accord : "Je réalise, a-t-il dit à
son interlocuteur américain, que les Iraniens sont particulièrement
satisfaits ! Ils reçoivent tout et ne donnent rien puisqu’ils ne
réduisent pas leur capacité d’enrichissement de l’uranium. Israël fera
tout ce qui est nécessaire pour se défendre et assurer la sécurité de
ses citoyens." Vendredi matin, son ministre des communications, Gilad
Erdan, est allé encore plus loin en annonçant que "l’option militaire
[était] de nouveau sur la table".
Et ce n’est pas le seul mauvais moment passé par le chef du gouvernement
israélien lors de la visite de monsieur Kerry. Ainsi, dans une
interview à une chaîne de télévision israélienne, le secrétaire d’État a
prononcé une condamnation sans appel de la colonisation israélienne en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Sans compter que, selon le chef de la
diplomatie américaine, "la poursuite de la colonisation donne
l’impression qu’Israël ne négocie pas sérieusement". Un démenti formel
des affirmations venues de la présidence du Conseil à Jérusalem et selon
lesquelles il y aurait un accord autorisant la construction de nouveaux
logements dans les implantations juives à chaque vague de libérations
de prisonniers palestiniens.
Et John Kerry ne s’est pas arrêté là. Il a lancé une véritable mise en
garde : "Si la paix reste introuvable, Israël sera de plus en plus
isolé. Il y aura un renforcement de la campagne de délégitimation au
niveau international." Et de poser la question : "Israël veut-il une
troisième Intifada ?" Dans l’entourage de monsieur Netanyahou, on n’a
pas attendu pour réagir. "Celui qui refuse d’avancer vers la paix, qui
ne tient pas ses engagements et continue d’inciter contre Israël, c’est
Mahmoud Abbas. Israël ne se laissera pas intimider et continuera de
veiller à ses intérêts."
Comment Benyamin Netanyahou va-t-il surmonter cette nouvelle crise avec
l’administration américaine ? Fera-t-il jouer, comme par le passé, ses
nombreux amis républicains au Congrès, ainsi que le lobby pro-israélien
AIPAC ? Ce serait une véritable déclaration de guerre à Barack Obama.
(08-11-2013 - Assawra)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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