Hashem et son épouse ont quatre enfants. Lui est né dans cette maison où ses parents se sont réfugiés après la Nakba en 1948.
Il est assigné à résidence depuis bientôt un an et demi. Après les 3
premiers mois, il a été autorisé à sortir de son jardin, mais pas de son
quartier situé sur le versant d’une petite colline surplombant la
fameuse Shuhada Street d’Hébron, autrefois si animée par ses commerçants
, mais fermée depuis 1994 par un check-point ; cette rue est interdite
aux Palestiniens, exemple manifeste de la ségrégation féroce imposée par
Israël et ses colons. Les commerçants palestiniens en sont partis et
les colons les plus violents prolifèrent dans le quartier. Les terrains
en terrasse font que la maison de Hashem est surplombée par un énorme et
horrible mobil-home orange, appartenant à Baruch Marzel, leader d’un
groupe de colons extrémistes particulièrement violents. Ce mobil-home
est équipé de caméras de surveillance plongeant sur sa maison. Juste à
coté, sur le toit de la maison du frère d’Hashem, l’armée israélienne a
imposé un mirador dans lequel un soldat surveille 24 heures sur 24 !
Le terrain d’Hashem est complètement clôturé, l’escalier principal
menant à l’extérieur est impraticable, envahi de gravats, de ronces et
de fils de fer barbelés tranchants déposés par les colons du dessus.
Jusqu’à il y 8 mois, il devait passer par une brèche d’un mètre
cinquante de haut dans le mur en contrebas et traverser les terres de
son voisin. Aujourd’hui il est autorisé à utiliser une ouverture plus
commode dans le grillage. Son jardin est dévasté, les branches d’arbre
coupées, les quelques vignes et les figuiers restants empoisonnés par
les pesticides. Il possède avec son frère, non loin de sa maison, un
petit champ d’une cinquantaine d’oliviers. Les colons viennent d’en
voler les olives juste avant la cueillette : 5 à 600 kilos. Il est
obligé d’acheter son huile maintenant.
Au début, les colons lui ont offert des ponts d’or pour lui acheter sa maison. Il les a toujours refusés.
Ils ont coupé l’eau pendant trois ans : il a utilisé des bouteilles.
Grâce à des organisations internationales, aujourd’hui l’eau arrive un
jour toutes les 3 semaines ! Il la stocke comme il peut, quand les
colons ne tirent pas dans ses réservoirs. Il sont entrés plusieurs fois
dans sa maison saccageant meubles et vêtements ; il a reçu des coups de
crosse dont il garde des stigmates sur le visages. Sa femme a fait deux
fausse-couches après avoir été battue par ces colons fanatiques et
furieux.
Il ne sait pas quand cette assignation à résidence sera levée. Il n’a
pas eu le droit de recevoir une copie des conclusions de son jugement.
Il pense que la loi ottomane s’appliquera, l’assignation ne pouvant
excéder dix huit mois.
Pourquoi une telle « punition » ? Hashem Azzeh est « particulièrement
dangereux » : Il n’a pas sa langue dans sa poche tant vis à vis de
l’occupant israélien que de l’Autorité Palestinienne. Il s’active dans
son quartier au travers de l’association Ibrahim Al-Kalilh où, avec
d’autres volontaires, ils essayent de prendre en charge les enfants sur
le plan psychologique, d’aider les femmes, de trouver du travail au gens
du quartier. Ils ont même réussi à faire vivre une petite boutique avec
le soutien d’Amnesty. De nombreux internationaux lui rendent visite.
(Les ressources sont faibles...)
Les soldats israéliens lui ont dit qu’ils préféreraient qu’il manifeste dans les protestations hebdomadaires ! C’est tout dire !
Quand Hashem me parlait de ses oliviers dont les colons lui ont volé les olives, il a eu ces mots :
« Ils veulent nous forcer à partir. Mais nous ne renoncerons jamais
jusqu’à la libération de la Palestine. Ils doivent s’en aller et nous,
nous restons ici. Un jour ils s’en iront et nous, nous restons ici. Nous
devons rester ! »
(Hébron, le 4 novembre 2013 - Fx Gilles, pour « Assawra »)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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