Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, arrivé mardi soir à
Jérusalem, devait tenter mercredi de sauver un processus de paix
israélo-palestinien au bord de l’implosion.
Les Palestiniens ont fait part dès mardi soir de leur refus de
poursuivre les négociations avec Israël tant que la colonisation
continuerait.
"La partie israélienne est déterminée à continuer la colonisation et
nous ne pouvons pas poursuivre les négociations sous cette offensive
sans précédent dans les colonies", a déclaré à l’AFP un haut responsable
palestinien sous couvert de l’anonymat.
"Les négociations palestino-israéliennes ont capoté pendant la session
de mardi soir", a ajouté la même source à l’issue d’une rencontre très
houleuse entre négociateurs palestiniens et israéliens à Jérusalem.
Ces déclarations surviennent au moment même où le chef de la diplomatie
américaine démarre une énième mission en Israël et dans les Territoires
afin de relancer les pourparlers de paix en difficulté.
M. Kerry doit rencontrer mercredi le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu à Jérusalem ainsi que le président palestinien Mahmud Abbas à
Bethléem (Cisjordanie).
Participant mardi soir à Tel Aviv à une cérémonie du souvenir, 18 ans
après l’assassinat de l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin
par un extrémiste juif, M. Kerry a exhorté Israéliens et Palestiniens à
retrouver le chemin de la paix.
"Il (Rabin) avait osé prendre tous les risques pour la paix, non pas
seulement parce qu’il était important de prendre ces risques, mais aussi
parce que c’était vital pour assurer l’avenir d’Israël et de la
région", a déclaré M. Kerry.
Dix-huit ans plus tard, et en dépit de près de 20 rencontres en trois
mois entre Israéliens et Palestiniens, les pourparlers de paix courent à
l’échec à moins d’une intervention du médiateur américain, ont
récemment averti responsables palestiniens et médias israéliens.
M. Kerry a toutefois tenu à démentir l’existence de "tout autre plan"
que les pourparlers en cours, qui ont commencé en juillet et sont censés
aboutir à un accord définitif au terme d’une période de négociations de
neuf mois.
Pourtant, les positions des uns et des autres sont très éloignées.
Les négociateurs palestiniens réclament que les discussions se tiennent
sur la base des lignes antérieures au début de l’occupation israélienne
de Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza en juin 1967, avec
des échanges de territoires équivalents.
De son côté, Israël a proposé que le tracé de la barrière de séparation
en Cisjordanie serve de base aux discussions de paix, et non les lignes
d’avant 1967, comme le réclament les Palestiniens, selon les médias
israéliens.
Interrogé, un porte-parole du Premier ministre israélien
Benjamin Netanyahu n’a pas confirmé ces informations, indiquant qu’il
ne commentait pas les négociations en cours, sur lesquelles M. Kerry a
imposé aux deux parties un black-out médiatique.
En outre, Israël exige de maintenir une présence militaire à long terme
dans la vallée du Jourdain et que les échanges de territoire soient
dictés par ses besoins de sécurité, a affirmé à l’AFP une source
palestinienne proche du dossier sous le couvert de l’anonymat.
A la veille de la visite de M. Kerry, Israël a lancé dimanche des appels
d’offre pour construire près de 2.000 logements en Cisjordanie occupée
et à Jérusalem-Est annexée.
En réaction à l’annonce israélienne, les Palestiniens ont menacé de se
pourvoir devant le Conseil de sécurité de l’ONU. L’Autorité
palestinienne a déjà menacé à plusieurs reprises de saisir la justice
internationale en réponse à la poursuite de la colonisation qui, selon
elle, "détruit le processus de paix".
Artisan de la reprise fin juillet du dialogue direct entre Israël et les
Palestiniens, après trois années d’interruption, M. Kerry a reconnu de
récentes tensions, notamment après la décision d’Israël la semaine
dernière d’accélérer la colonisation contre la libération de 26
prisonniers palestiniens.
Le secrétaire d’Etat s’est toutefois dit "optimiste" dimanche quant au
processus de paix, affirmant espérer des "progrès dans les prochains
mois", en dépit du pessimisme affiché aussi bien côté palestinien
qu’israélien.
Il a admis que les constructions israéliennes avaient "perturbé la
perception de quelques uns quant à savoir si certains étaient sérieux et
avançaient dans la bonne direction". Cependant, a-t-il ajouté, "je
pense qu’il est possible d’aller de l’avant mais nous devons rester
calmes, déterminés et engagés dans un processus au travers duquel les
décisions difficiles peuvent être négociées". Côté israélien, Netanyahu a affirmé qu’"Israël honorait tous les arrangements agréés
au début des négociations avec les Palestiniens".
"Les Palestiniens savaient très bien qu’Israël bâtirait pendant les
négociations", a déclaré dimanche à l’AFP un responsable gouvernemental
israélien. Plusieurs dirigeants israéliens ont également assuré que "les
Américains aussi étaient au courant".
La direction palestinienne nie véhémentement avoir accepté la
construction de nouveaux logements dans les implantations juives en
contrepartie de l’élargissement de prisonniers.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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