Les forces de l'ordre yéménites fouillent une voiture dans la capitale, Sanaa, le 19 juillet 2016 (Afp)
Le gouvernement yéménite a décrété jeudi la fin des pourparlers de paix
pour protester contre la création par les rebelles chiites et leurs
alliés d'un "Conseil supérieur" pour gouverner le pays en guerre.
"Les négociations sont totalement terminées", a déclaré Abdallah
al-Olaimi, numéro deux du cabinet présidentiel et membre de la
délégation engagée dans les difficiles pourparlers depuis avril à Koweït
sous l'égide de l'ONU. Ceux-ci n'ont enregistré aucun progrès.
"Nous avons participé et fait preuve de patience pour le bien de notre
peuple et nous mettons fin aux négociations dans son intérêt", a écrit
M. Olaimi sur Twitter.
Le Yémen est en proie au chaos depuis l'entrée en septembre 2014 dans la
capitale Sanaa des rebelles Houthis, accusés par l'Arabie Saoudite
sunnite voisine et alliée du pouvoir de liens avec l'Iran chiite.
Les rebelles contrôlent encore Sanaa et une bonne partie du nord, malgré
l'intervention militaire d'une coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite pour les repousser.
Le conflit a fait plus de 6.400 morts depuis mars 2015 et déplacé 2,8 millions de personnes, selon l'ONU.
A Ryad, le gouvernement du président Abed Rabbo Mansour Hadi a affirmé
que les rebelles avaient "donné le coup de grâce" aux pourparlers, selon
l'agence SABA.
L'annonce du pouvoir est intervenue après que les rebelles ont fait état
de la formation d'un "Conseil supérieur" de dix membres pour gouverner
le Yémen, selon un communiqué publié par une agence de presse rebelle.
Les Houthis et le parti du Congrès populaire général (CPG) de
l'ex-président Ali Abdallah Saleh sont tombés d'accord pour former ce
conseil. "L'objectif est de rassembler les efforts en vue de faire face à
l'agression menée par l'Arabie Saoudite et ses alliés". Le rôle du
conseil sera de "gérer les affaires publiques au niveau politique,
militaire, économique, administratif, social et en matière de sécurité".
Le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a estimé que cette
mesure "contrevient" à l'engagement des rebelles dans le processus de
paix et "représente une grave violation" de la résolution 2216 du
Conseil de sécurité de l'ONU pour la paix au Yémen.
Dans une première réaction du pouvoir, le ministre des Affaires
étrangères Abdel Malak al-Makhlafi avait condamné "ce nouveau coup
(d'Etat) contre la légitimité de la Constitution" et tenu "l'alliance
Houthis/Saleh pour responsable de l'échec des pourparlers".
Les rebelles ont "manqué une occasion de faire la paix (...) Ils ont tenu à faire échouer les négociations", a-t-il dit.
En février 2015, les rebelles avaient créé une "Haute commission
révolutionnaire" pour gérer le pays après avoir annoncé la dissolution
du gouvernement et du Parlement.
Les discussions de paix, actuellement bloquées, avaient été lancées en
avril après la signature d'un cessez-le-feu sous l'égide de l'ONU. Le
principal obstacle portait sur la formation d'un gouvernement à Sanaa.
Le pouvoir du président Hadi estime être la seule autorité légitime
capable de diriger la période de transition. Mais les rebelles insistent
pour former un gouvernement d'unité nationale.
(29-07-2016)
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