En larmes, une photo de son mari entre les mains, Zainab Mustafa erre
sur le site encore fumant de l'attentat de Bagdad, où elle recherche
aussi leurs deux enfants disparus dans cette attaque meurtrière
revendiquée par Daesh.
La nuit dernière, ils étaient tous les trois sortis acheter des
vêtements avant les fêtes marquant la fin du mois sacré de jeûne
musulman du Ramadan, mais Zainab n'a plus de leurs nouvelles depuis.
Avant l'aube, un kamikaze du groupe extrémiste sunnite a fait exploser
sa voiture piégée dans une rue bondée du quartier commerçant de Karrada,
tuant au moins 119 personnes et en blessant plus de 180.
La puissante déflagration a provoqué des incendies dans plusieurs
immeubles et échoppes et les pompiers tentaient toujours, 12 heures
après l'attentat, d'éteindre les flammes.
"Nous avons cherché partout", souffle Zainab. Les rues du quartier sont
jonchées de décombres et la recherche des victimes pourrait être longue.
"Dans les listes de victimes que j'ai vues, des familles entières - le
père et ses fils, la mère et ses filles - ont été anéanties par
l'explosion", a déclaré un membre des forces de défense civile.
"Nous aurons besoin de plusieurs jours pour retrouver les corps des victimes. C'est une tâche difficile", dit-il.
Fadhel Salem recherche deux de ses frères qui se trouvaient dans le
magasin familial. "Je crois qu'ils sont encore à l'intérieur mais je ne
vois rien à cause de l'épaisse fumée", explique-t-il.
Dans un autre magasin dont le plafond s'est effondré, cinq personnes
s'affairaient avec des pelles pour essayer de retrouver leurs amis.
"Je les connaissais tous", confie Sami Kadhim, en creusant à travers les restes de la boutique.
Peu avant l'explosion, il avait apporté un peu de jus à son ami Mustafa
avant de rentrer chez lui pour dormir. "Après l'explosion, il n'y avait
rien d'autre que du feu. Je ne pouvais pas voir Mustafa parce que les
lieux" étaient en flammes, raconte Sami.
Bagdad avait déjà été frappée par plusieurs attentats cette année, mais
celui de dimanche, qui a combiné explosifs et éclats d'obus, est le plus
meurtrier.
L'identification des victimes sera aussi un défi de taille. Des membres
de la défense ont trouvé un corps près de l'endroit où Sami recherche,
mais il est tant brûlé que des tests ADN sont nécessaires pour
l'identifier.
Dans un hôpital proche, la mention "inconnu" se répète sur la liste des
victimes. Des bannières noires portant les noms des disparus sont
accrochées sur quelques magasins, qui ont été fermés par les forces de
sécurité.
Alors que des dizaines de personnes ont perdu la vie dans l'explosion et
les incendies qui ont suivi, d'autres ont échappé de peu à la mort.
"Certains ont sauté des toits des bâtiments, malgré la hauteur" et ont
subi des blessures, comme des fractures aux pieds, a déclaré Sari
Mohammed, propriétaire d'une échoppe.
"Trois personnes se sont cachées à l'intérieur d'un réfrigérateur au
premier étage, après la fin de l'incendie, ils sont sortis vivants", a
dit encore ce propriétaire.
l'attentat de Karrada est survenu une semaine après la perte par Daesh de
son fief de Fallouja, une ville de l'ouest de l'Irak tombée le 26 juin
aux mains des troupes progouvernementales soutenues par la coalition
internationale, après une offensive de plusieurs semaines.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire