Des milliers d'Irakiens ont défié vendredi les mises en garde du pouvoir
en manifestant au coeur de Bagdad, accentuant la pression sur le
gouvernement pour procéder à des réformes visant à mettre fin à la
corruption, au népotisme et au clientélisme.
L'appel à cette manifestation massive a été lancé par l'influent chef
chiite Moqtada Sadr pour réclamer un nouveau gouvernement composé de
technocrates et capable de mettre en place des réformes promises depuis
un an par le Premier ministre Haider al-Abadi mais jamais appliquées.
Moqtada Sadr a fait une brève apparition au rassemblement sur la place
Tahrir où les manifestants arborant des drapeaux criaient: "Oui, oui aux
réformes", "Non, non au confessionnalisme", "Non, non à la corruption".
La veille, le commandement militaire avait mis en garde les Irakiens
contre toute participation à cette manifestation "non autorisée". Avant
lui, le bureau de M. Abadi avait appelé à suspendre les manifestations,
arguant qu'elles pourraient distraire les forces de sécurité et
perturber la lutte contre le groupe jihadiste Daesh, autoproclamé Etat islamique (EI) qui a
revendiqué de nombreux attentats sanglants à Bagdad.
Dans un communiqué lu au nom de M. Sadr après son départ de la place
Tahrir, un de ses représentants a appelé à des mesures incluant le
limogeage et la poursuite en justice des responsables corrompus, la fin
du confessionnalisme et du système des quotas utilisé par les partis
politiques pour se départager les postes de responsabilité, et la
formation d'un gouvernement de technocrates.
Après la lecture du communiqué, les manifestants ont commencé à se disperser dans le calme.
"Nous en avons marre de la corruption, la corruption nous tue", a lancé
Mohamed al-Daradji, cinéaste et militant, dans un discours.
"Ces gens venus après 2003 ont échoué, ils n'ont rien fait", a-t-il
ajouté en allusion aux hommes politiques arrivés au pouvoir après le
renversement du régime de Saddam Hussein dans la foulée de l'invasion
américaine de l'Irak.
"Nous avons des droits et nous voulons les revendiquer", a affirmé un
autre protestataire, Abou Moushtaq al-Awadi, en demandant notamment que
les hommes politiques rendent au peuple irakien "l'argent volé".
Lors de précédents rassemblements, les manifestants avaient pénétré à
deux reprises dans la Zone verte ultrasécurisée de Bagdad, occupant le
Parlement et le bureau du Premier ministre. Le 20 mai, des dizaines de
personnes avaient été blessées lors de heurts entre les milices armées
de Sadr et des factions rivales.
Les forces de sécurité avaient ces derniers mois dû tirer des gaz
lacrymogènes pour disperser les manifestants, mais vendredi, les
protestataires étaient bien encadrés par les organisateurs.
Les manifestants ont été systématiquement fouillés par des hommes
déployés à des points de contrôle improvisés, alors que des barbelés ont
été installés pour les empêcher d'emprunter le pont sur le Tigre qu'ils
avaient utilisé précédemment pour forcer leur chemin dans la Zone
verte.
La route vers ce pont a également été bloquée par des blocs de béton à
proximité desquels étaient déployées des forces anti-émeutes.
Des manifestations avaient eu lieu quasiment tous les vendredis ces
derniers mois avant de cesser, à la demande de Moqtada Sadr, sauf durant
le mois de jeûne musulman du ramadan qui s'est achevé la semaine
dernière.
M. Abadi tente depuis des mois de mettre en place un nouveau
gouvernement capable de mettre en oeuvre les réformes anticorruption
mais de nombreux partis s'opposent à ce projet par peur de perdre
certains de leurs privilèges.
mente politique, le pays est plongé dans le chaos sécuritaire avec des
attentats particulièrement meurtriers menés par Daesh, dont l'un a fait
près de 300 morts le 3 juillet à Bagdad, le plus meurtrier depuis
plusieurs années.
Malgré des revers ces derniers mois, l'organisation ultradicale occupe
toujours des régions d'Irak, dont la deuxième ville du pays Mossoul
(nord), que le pouvoir cherche à reprendre.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire