Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a prôné vendredi une plus
grande coopération entre Américains et Russes pour mettre fin au "fléau
terroriste" en Syrie après des entretiens nocturnes avec Vladimir
Poutine où l'idée d'une collaboration militaire directe n'a pas été
discutée selon le Kremlin.
Arrivé jeudi soir à Moscou juste après avoir assisté aux célébrations du
14 juillet à Paris, le haut responsable américain s'est entretenu avec
Vladimir Poutine jusqu'à une heure tardive alors qu'à Nice gonflait le
bilan de l'attentat qui a fait au moins 84 morts.
Selon le Washington Post, M. Kerry était venu avec l'idée de proposer à
Moscou l'établissement d'un centre de commandement commun en Jordanie
pour coordonner leurs raids aériens contre les jihadistes de
l'organisation État islamique et du Front Al-Nosra, la branche syrienne
d'Al-Qaïda.
Cette initiative - qui, si elle se concrétisait constituerait un
tournant majeur dans la guerre en Syrie - n'a apparemment pas trouvé
grâce aux yeux de Vladimir Poutine. "Le thème d'une coopération
militaire directe pour la lutte antiterroriste n'a pas été discuté", a
déclaré vendredi matin le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
L'échange d'informations dans ce domaine "se poursuit, mais nous ne nous
sommes malheureusement toujours pas rapprochés d'une coopération réelle
destinée à accroître l'efficacité des efforts dans la lutte contre le
terrorisme en Syrie", a-t-il ajouté.
Vendredi matin, la rencontre entre John Kerry et Sergueï Lavrov a débuté
par une minute de silence à la mémoire des victimes de Nice. Et après
ce qui s'apparente à une fin de non-recevoir de Moscou, John Kerry a
estimé que la tragédie de Nice illustrait une nouvelle fois la nécessité
de travailler plus étroitement en Syrie.
"Il n'y a nulle part de plus grand foyer et d'incubateur pour ces
terroristes qu'en Syrie", a souligné M. Kerry. "Et vous et moi sommes
dans la position enviable de pouvoir réellement faire quelque chose
contre cela", a-t-il dit à son homologue russe, soulignant que le monde
attendait des Russes et des Américains qu'ils mettent "fin à ce fléau
terroriste".
Sergueï Lavrov a pour sa part jugé "utile" le dialogue de la nuit entre
MM. Poutine et Kerry. "Pour ce qui est de la Syrie, (cet entretien) a
permis de souligner la nécessité d'intensifier notre travail sur le
règlement de la crise et nos efforts dans la lutte antiterroriste",
a-t-il déclaré.
Russes et Américains cherchent à s'entendre alors que combats sanglants
et bombardements se poursuivent malgré un cessez-le-feu établi fin
février sous l'égide de la Russie et des États-Unis. La dernière des
trêves temporaires annoncées par l'armée syrienne a expiré vendredi,
sans avoir été respectée ni par le régime, ni par les rebelles.
En échange de ce projet de coopération, le Washington Post écrivait que
Moscou devait limiter ses frappes aériennes à des cibles choisies avec
les États-Unis et que le régime syrien devait cesser de bombarder les
rebelles modérés.
A l'heure actuelle, les jihadistes de Daesh et d'Al-Qaïda sont exclus du
cessez-le-feu convenu en février entre l'armée régulière et les
opposants modérés, et sont la cible des bombardements de la Russie ou de
la coalition dirigée par les États-Unis.
Mais Washington accuse Moscou de viser également au cours de ces raids
aériens des rebelles modérés opposés à Bashar, ce que la
Russie dément.
M. Kerry avait dit espérer de "véritables progrès mesurables" au début
de son entretien de jeudi soir, tandis que Vladimir Poutine avait
rappelé l'aspiration des deux pays "non seulement à coopérer", "mais
aussi à obtenir des résultats".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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