Des
habitants de Charah, dans le district d'Arhab, sur les lieux d'un raid
aérien qui a visé une cérémonie de deuil, le 16 février 2017 au Yémen
(Afp)
Le bilan des pertes civiles du conflit au Yémen s'est encore alourdi avec la mort de huit femmes et d'un enfant tués dans un raid aérien ayant frappé une cérémonie de deuil près de la capitale Sanaa.
La frappe a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi à Charah, une localité située dans le district d'Arhab, à 40 km au nord de Sanaa, et contrôlée par les rebelles chiites Houthis.
Ces derniers, qui contrôlent Sanaa et une bonne partie du nord du Yémen, ont accusé la coalition arabe menée par Ryad d'être responsable de l'attaque.
La coalition a affirmé qu'elle était en train d'enquêter sur cet incident, ajoutant que des combats entre rebelles et partisans du gouvernement avaient eu lieu dans le secteur frappé par le raid.
Des sources médicales ont fait état de neuf morts, huit femmes et un enfant, et de dix autres femmes blessées.
Ces sources et l'agence Sabanews.net, contrôlée par les rebelles, ont indiqué que le raid avait visé la demeure de Mohammed al-Nakaï.
Cet homme a indiqué à un photographe de l'AFP que la frappe était survenue au moment d'une cérémonie de deuil en hommage à son frère et que sa maison avait été totalement détruite.
"Le missile a frappé (...) on a retiré tout de suite quatre corps alors que d'autres sont restés dans les décombres", a-t-il dit avant de dénoncer une "agression barbare".
Une guerre oppose au Yémen les Houthis, alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par la coalition arabe.
La coalition, qui intervient militairement depuis mars 2015 au Yémen, a été accusée à plusieurs reprises de bavures, ayant coûté la vie à des civils, et promis tout faire pour éviter ce genre d'incidents.
Depuis l'intervention de la coalition, plus de 7.400 personnes ont été tuées et plus de 40.000 blessées, en bonne partie des civils, sur fond de grave crise humanitaire.
"Les attaques contre des civils sont injustifiables", et "ceci doit s'arrêter immédiatement", a affirmé l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed.
Le coordinateur humanitaire de l'ONU, Jamie McGoldrick, a aussi dénoncé les frappes contre les civils et a appelé les parties prenantes du conflit à "retourner à la table des négociations".
Human Rights Watch (HRW) a en outre indiqué jeudi que deux écoliers et un responsable d'une école avaient été tués le 10 février dans un raid aérien de la coalition arabe dans le district de Nihm, près de Sanaa.
En octobre, la coalition avait reconnu avoir tué par erreur plus de 140 personnes au terme d'une enquête sur des raids aériens le 8 octobre contre une cérémonie de deuil à Sanaa.
En décembre, elle a également reconnu avoir commis une "erreur" le 15 août lorsqu'elle avait mené un raid meurtrier près d'un hôpital soutenu par Médecins sans frontières (MSF) dans une province du nord contrôlée par les rebelles.
MSF avait dénoncé une attaque "injustifiée" qui avait fait selon elle 19 morts.
La coalition a en revanche démenti toute responsabilité dans des raids meurtriers ayant fait des victimes sur une école dans le nord du pays le 13 août, une usine à Sanaa le 9 août et sur un marché dans le sud le 6 juillet.
Par ailleurs, la coalition arabe a indiqué jeudi que la défense anti-aérienne saoudienne avait intercepté mercredi soir un missile tiré par les Houthis en direction de la ville saoudienne de Khamis Mushait.
L'engin a été détruit et le tir n'a provoqué aucun dégât, a indiqué la coalition dans un communiqué, cité par l'agence officielle saoudienne SPA.
Khamis Mushait est située à une centaine de kilomètres de la frontière yéménite et abrite une base aérienne utilisée dans les opérations contre les rebelles yéménites.
Dans l'ouest du Yémen, l'aviation de la coalition a bombardé mercredi soir des positions rebelles, tuant 15 insurgés et blessant 20 autres, ont indiqué des sources militaire et médicale.
Les positions visées se trouvent au nord de la ville de Mokha à partir de laquelle les forces pro-gouvernementales tentent d'avancer plus au nord, vers le port de Hodeida aux mains des rebelles.
(17-02-2017)
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