Marquant une rupture dans la politique américaine au Proche-Orient,
Donald Trump a affirmé que la "solution à deux Etats" n'était pas la
seule possible pour régler le conflit israélo-palestinien, assurant être
ouvert à des alternatives si elles mènent à la paix.
En accueillant à Washington mercredi son "ami" le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahu, le nouveau président a vanté les liens
indestructibles des Etats-Unis avec Israël, tout en appelant l'Etat
hébreu à "la retenue" sur la poursuite de la colonisation dans les
Territoires palestiniens.
Lors d'une conférence de presse commune, M.
Netanyahu, qui entretenait des relations exécrables avec Barack Obama, a
loué le nouveau locataire républicain de la Maison Blanche, jugeant
qu'il offrait "une occasion sans précédent" pour faire avancer la paix.
"Il n'y a pas de meilleur soutien du peuple juif et de l'Etat juif que le président Donald Trump", a-t-il martelé.
Rompant avec un principe de référence défendu depuis des
décennies par tous les présidents américains -démocrates comme
républicains-, M. Trump a affirmé qu'il n'était pas arc-bouté sur la
solution à deux Etats : un Etat de Palestine coexistant en paix avec
Israël.
"Je regarde deux Etats et un Etat, et si Israël et les Palestiniens sont
contents, je suis content avec la solution qu'ils préfèrent. Les deux
me conviennent".
"Les Etats-Unis favoriseront la paix et un véritable accord de paix",
a-t-il promis, tout en affirmant qu'il revenait aux deux parties de
négocier directement. Le milliardaire septuagénaire est cependant resté
évasif sur la façon dont il entendait procéder sur un dossier sur lequel
tous ses prédécesseurs ont échoué.
Appelant les deux parties au compromis, il a en particulier exhorté les
Palestiniens à se débarrasser de leur "haine" supposée à l'égard des
Israéliens.
M. Netanyahu a lui posé ses conditions : il a jugé que la question des
colonies, centrale pour les Palestiniens, n'était "pas au coeur du
conflit" et a une nouvelle fois réclamé la reconnaissance "de l'Etat
juif" d'Israël.
Dans un communiqué commun, les deux parties ont décrété un "nouveau jour" pour les relations américano-israéliennes.
Le chef de la droite nationaliste religieuse israélienne Naftali Bennett
a estimé pour sa part que l'idée d'un Etat palestinien était révolue.
"Une nouvelle ère, de nouvelles idées, pas besoin d'un troisième Etat
palestinien au-delà de la Jordanie et de Gaza", a tweeté le chef du
Foyer juif, fervent partisan de la colonisation en Cisjordanie et à
Jérusalem-est occupées.
Ce changement de position a provoqué la colère des palestiniens.
Le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)
Saëb Erakat a dénoncé une tentative d'"enterrer la solution à deux Etats
et d'éliminer l'Etat de Palestine".
Le Hamas a de son côté dénoncé "un jeu fourbe" de Washington.
Après la rencontre, Benjamin Netanyahu, cité par la radio publique
israélienne, a refusé de s'engager à continuer de soutenir l'idée de
deux Etats.
"Je ne veux pas annexer près de deux millions de Palestiniens, mais je
ne veux pas que le centre d'Israël vive sous la menace d'un Etat
terroriste", a-t-il souligné.
Sur la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-est, Benjamin
Netanyahu a assuré avoir "convenu avec le président de continuer à
discuter de ce sujet".
Il a également demandé au président américain de reconnaître l'annexion
du plateau syrien du Golan conquis par Israël. "Le président n'a pas été
stupéfait par cette demande", a-t-il dit.
L'association progressiste américaine J Street a jugé "terriblement troublants" les propos du nouveau président américain.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a lui prévenu que
"tout doit être fait" pour préserver la solution à deux Etats, après
avoir rencontré le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi.
M. Trump a par ailleurs une nouvelle fois réaffirmé tout le mal qu'il
pensait de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre
Téhéran et les grandes puissances et dont M. Netanyahu fut l'un des plus
farouches détracteurs.
C'est "l'un des pires accords" qui soit, a-t-il lancé, tout en se
gardant bien d'annoncer sa remise en cause comme il l'avait fait en
campagne.
"Mon administration a déjà imposé de nouvelles sanctions à l'Iran, et
j'en ferai davantage pour empêcher à jamais l'Iran de développer une
arme nucléaire", a promis le président américain.
Sur le sujet potentiellement explosif du transfert éventuel de
l'ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem, le président a une
nouvelle fois temporisé: "Nous y réfléchissons très très sérieusement
(...). Nous verrons ce qui se passe".
(16-02-2017)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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