Le Parlement israélien devait examiner à nouveau lundi une loi
permettant à Israël de s'approprier des centaines d'hectares de terres
palestiniennes en Cisjordanie occupée, malgré un appel de la présidence
Trump à la retenue.
La tenue du débat sur de ce texte controversé, déjà approuvé en première
lecture en décembre, était cependant incertaine jusqu'à la dernière
minute, le Premier ministre Benjamin Netanyahu ayant dit selon la presse
sa volonté de se coordonner sur le sujet avec le président Donald
Trump.
Si elle est adoptée en deuxième et troisième lectures, comme cela paraît
probable, la proposition reviendra à légaliser au regard du droit
israélien le vol de terres palestiniennes, disent ses détracteurs.
Elle constituera un pas de plus vers une annexion au moins partielle de
la Cisjordanie, que réclament ouvertement des ministres comme Naftali
Bennett (Education), chef de file du parti Foyer juif et ardent avocat
des colons, disent-ils.
Ceux qui défendent le texte disent qu'il permettra aux colons de ne plus
craindre d'être chassés parce que la justice israélienne, saisie par
des organisations de gauche, jugerait que leurs maisons ont été
construites illicitement sur des terres privées palestiniennes.
C'est ce qui est arrivé la semaine passée aux 200 à 300 habitants de la
colonie d'Amona, déclarée illégale par la Cour suprême israélienne.
Toutes les colonies sont illégales selon le droit international. Israël,
au contraire, légitime la colonisation, et distingue entre les
implantations en territoire occupé que ses autorités ont validées, et
les autres, dites sauvages, comme Amona.
Le sort d'Amona, véritable psychodrame israélien, a directement inspiré
la loi en débat, pour que de telles évictions ne se reproduisent plus.
Les défenseurs du texte invoquent le droit à construire sur des terres
faisant partie selon eux de l'Israël biblique et le refus des
Palestiniens de faire la paix.
La loi permettrait de déclarer terres israéliennes des terrains privés
palestiniens sur lesquels des Israéliens ont construit sans
autorisation, soit parce qu'ils ignoraient qu'ils étaient propriétés
privées, soit parce que l'Etat les aurait laissés faire. Les
propriétaires palestiniens seraient compensés financièrement ou par
d'autres terrains.
La loi signifierait la "légalisation" de plus de 3.800 logements
israéliens, que ce soit dans des colonies "sauvages" ou des colonies
reconnues, dit l'organisation israélienne anticolonisation la Paix
maintenant. Elle "légaliserait" 53 colonies "sauvages". Au minimum, plus
de 800 hectares de terres palestiniennes seraient expropriées.
"Si elle est adoptée, la loi fera des citoyens israéliens des voleurs et
constituera une tache dans les livres de loi d'Israël", dit la Paix
maintenant.
La communauté internationale s'alarme également. Le coordinateur spécial
de l'ONU pour la paix, Nikolay Mladenov, s'est dit "inquiet" que le
texte ne "réduise grandement les perspectives de paix", aujourd'hui
insaisissable.
En décembre, le département d'Etat américain s'était dit préoccupé
devant une "avancée spectaculaire de l'entreprise de colonisation, qui
menace déjà considérablement les perspectives d'une solution à deux
Etats".
Depuis, Israël a vu s'installer à la Maison Blanche un locataire présumé
bien plus favorable et s'est engouffré dans cet espace, procédant à
cinq annonces de colonisation portant sur plus de 6.000 logements en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées.
L'administration Trump a fini par sortir de son silence jeudi soir pour
freiner les ardeurs israéliennes et dire que la colonisation "pourrait
ne pas aider à atteindre (l')objectif" de la paix.
Dimanche, M. Netanyahu a tenté de faire repousser l'examen de la loi, le
temps de se coordonner avec le président Donald Trump, qu'il verra le
15 février, a rapporté la presse.
Mais M. Bennett et le Foyer juif ont été inflexibles. L'un des plus
fervents partisans des colons au Foyer juif, Bezalel Smotrich, a prévenu
que, si le texte n'était pas soumis au vote, il se considérerait "comme
libre de toutes (ses) obligations de membre de la coalition".
Depuis des semaines, la coalition gouvernementale est soumise aux
tensions causées par le lobby de la colonisation. Pourtant l'entrée en
vigueur de la loi est tout sauf acquise. Adalah, ONG défendant les
droits des Palestiniens, a fait savoir qu'elle saisirait la Cour suprême
israélienne.
Le procureur général israélien Avichai Mandelblit a lui-même prévenu le
gouvernement dont il est le conseiller juridique que la loi risquait
d'être rejetée comme anticonstitutionnelle et qu'elle exposait Israël à
des poursuites internationales pour crimes de guerre.
(06-02-2017
- Afp)
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