Des échauffourées ont opposé dimanche à Al-Hoceima, dans le nord du
Maroc, manifestants et forces de l'ordre, faisant près d'une trentaine
de blessés parmi les policiers, a-t-on appris lundi de source
officielle.
La ville d'Al-Hoceïma avait connu en 2016 une vague de manifestations
populaires après la mort d'un vendeur de poisson, Mouhcine Fikri, broyé
dans une benne à ordures le 28 octobre.
Selon l'agence de presse MAP, citant les autorités locales, ces
échauffourées ont éclaté dimanche "suite à l'organisation d'un sit-in de
protestation" illégal et qui a "bloqué volontairement la voie
publique".
La police est alors intervenue "afin de disperser ces attroupements et
rétablir le trafic routier", et "certains manifestants ont procédé à des
jets de pierres", blessant 27 policiers, toujours selon la MAP.
Dans un communiqué, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a
"démenti" l'usage de balles en caoutchouc ou de grenades lacrymogènes
contre les manifestants.
Les policiers sont intervenus "en application d’une décision
d'interdiction émanant des autorités locales et notifiée aux concernés",
selon la DGSN, qui indique qu'aucune arrestation n'a été effectuée.
Selon un représentant local de l'Association marocaine des droits de
l'Homme (AMDH) joint par l'AFP, les manifestants voulaient "commémorer
la mort d' Abdelkrim El-Khattabi", figure régionale et chef militaire de
l'éphémère "République du Rif" dans les années 1920.
Mais "les forces de l'ordre ont bloqué toutes les entrées d'Al-Hoceima
pour empêcher les gens venus des villages avoisinants pour manifester",
selon ce militant, qui affirme que "depuis la mort de Mouhcine Fikri,
toutes les manifestations organisées à Al-Hoceima étaient pacifiques et
il n'y a jamais eu de violences du côté des manifestants".
Selon Nasser Zafzafi, chef de file de la contestation locale s'exprimant
sur sa page facebook, "les militants voulaient se réunir et présenter
un document final exposant les revendications des populations", mais "la
machine répressive" a empêché les manifestants de se rassembler et a
bloqué plusieurs entrées de la ville.
La mort tragique de Mouhcine Fikri, écrasé par le mécanisme de
compactage d'une benne à ordures alors qu'il tentait de s'opposer à la
saisie de sa marchandise, avait suscité une vague de colère et des
manifestations populaires dans tout le pays.
Le roi Mohammed VI avait très vite ordonné une enquête "minutieuse et
approfondie", à l'issue de laquelle onze personnes, dont des
responsables de l'administration des pêches et des employés du ministère
de l'Intérieur, avaient été présentées à un juge d'instruction.
Privilégiant l'hypothèse d'un homicide involontaire, l'enquête s'est
achevée fin janvier et un procès devrait avoir lieu prochainement, selon
la presse marocaine.
Des activistes locaux ont tenu ces derniers mois plusieurs
manifestations à Al-Hoceïma pour réclamer toute la lumière sur les
circonstances du décès et ses éventuels responsables, posant également
des revendications plus sociales et politiques comme la lutte contre le
chômage ou la corruption, la défense de l'identité berbère et de la
région du Rif.
(06-02-2017)
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