Fin décembre, Benjamin Netanyahu laissait éclater sa colère, après
l'adoption à l'ONU d'une résolution contre les colonies israéliennes en
Territoires palestiniens, en partie grâce à l'abstention (surprise) des
Etats-Unis. Mais l'arrivée de Donald Trump au pouvoir a permis un
renversement de situation.
Dans la nuit de mardi à mercredi 1 février, Israël a annoncé la
construction de 3000 logements de colonisation en Cisjordanie occupée,
quatrième annonce du genre en moins de deux semaines depuis
l'investiture du président américain. Cette décision prolonge la
dynamique impulsée par la nouvelle donne américaine.
Immédiatement après le vote de la résolution à l'ONU, Donald Trump, pas
encore investi, avait déjà donné le ton, affirmant que les choses se
passeraient différemment à l'ONU après son investiture.
Elle ressemble par ailleurs à un gage de plus donné aux partisans de la
colonisation, à un moment où les autorités israéliennes ne paraissent
plus avoir d'autre choix que d'appliquer un arrêt de la justice
israélienne et de démolir une colonie au cœur d'un psychodrame collectif
israélien, Amona.
Les préparatifs se sont accélérés et la démolition d'Amona, bouclée par
des dizaines de membres des forces israéliennes depuis mardi, ne
paraissait plus qu'une affaire de jours, sinon d'heures. Les 200 à 300
habitants refusent de partir.
Au moment où le sort d'Amona se scellait, "le ministre de la Défense
Avigdor Lieberman et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont décidé
d'autoriser la construction de 3000 nouvelles unités d'habitation en
Judée-Samarie", nom donné par Israël à la Cisjordanie, territoire
palestinien occupé par Israël depuis 1967, a annoncé le ministère de la
Défense dans un communiqué.
Depuis le 20 janvier et la prestation de serment de Donald Trump, Israël
a donné son feu vert définitif à la construction de 566 logements dans
trois quartiers de colonisation de Jérusalem-Est occupée et annexée, et
annoncé la construction de 2.502 logements en Cisjordanie.
Jeudi 26 janvier, la municipalité israélienne de Jérusalem a donné son
accord final à 153 nouvelles unités d'habitation, gelées selon elle sous
les pressions de l'administration Obama.
Les autorités israéliennes se sont engouffrées dans l'espace ouvert par
l'avènement de Donald Trump, jetant aux orties la relative retenue
observée dans leurs activités de colonisation au cours des dernières
semaines de la présidence Obama.
"Nous construisons et nous continuerons à construire", a promis le
Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui ne cache pas que la présidence
Trump représente une "chance formidable" après les "pressions énormes"
de l'administration Obama sur la colonisation et l'Iran.
"Nous entrons dans une période nouvelle de retour à la normale en
Cisjordanie et nous apportons la réponse qui convient aux besoins
quotidiens de la population", a déclaré dans le communiqué de ses
services le ministre israélien de la Défense, qui exerce son autorité
sur le territoire.
Comme la précédente annonce en ce qui concerne la Cisjordanie, les 3000 logements en sont à différents stades de la procédure.
Les avocats les plus ardents de la colonisation avaient vivement
critiqué une annonce récente en faisant valoir qu'une partie des 2502
logements appartenaient à des plans déjà rendus publics et qu'il
s'agissait d'un tour de passe-passe pour réduire la pression du lobby
des colons.
La communauté internationale et les Palestiniens ne s'en alarment pas
moins de cette rafale d'annonces. Mais, tandis que l'administration
Obama avait critiqué et tenté de freiner jusqu'au bout la colonisation,
l'administration Trump s'est jusqu'à présent signalée par son silence.
Les colonies, c'est-à-dire les implantations civiles israéliennes dans
les Territoires palestiniens occupés, sont illégales au regard du droit
international. Une grande partie de la communauté internationale les
considère comme un obstacle majeur à la paix entre Israéliens et
Palestiniens, toujours insaisissable après des décennies. Le
gouvernement israélien conteste qu'elles soient la cause de la
décomposition de l'entreprise de paix.
Environ 400.000 colons israéliens mènent une coexistence souvent
conflictuelle avec 2,6 millions de Palestiniens en Cisjordanie.
L'expansion des colonies, poursuivie sous tous les gouvernements
israéliens depuis 1967, grignote le territoire de la Cisjordanie et
menace de rendre impossible la création d'un Etat palestinien
indépendant qui coexisterait avec Israël, solution internationale de
référence pour résoudre le conflit.
(01-02-2017)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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