Sans aucun doute, la solution de « deux Etats », palestinien et
sioniste, vivant côte à côte, a échoué. D’ailleurs, cette solution –
mirage qui avait attiré des secteurs de la société palestinienne et des
sociétés arabes, par la même occasion, avait peu de chances d’aboutir.
Elle portait en elle-même les germes de son non-aboutissement.
Cependant, cette solution n’avait même pas la même signification pour
tous ceux qui la défendaient, sans parler de la vision sioniste,
complètement différente. Pour les Palestiniens qui la défendaient, la
solution des « deux Etats » pouvait être l’aboutissement d’une lutte
pour la libération de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, dans
l’attente d’une libération totale. Ceci fut la vision des cadres du
Fateh, de l’ancienne école. Mais cette vision des « deux Etats » fut
progressivement entamée par les accords d’Oslo, d’abord, puis par les
divers reculs de l’Autorité palestinienne, où l’Etat palestinien
pourrait accepter un « échange » de territoires (zones de la Palestine
de 48 contre les colonies de la Cisjordanie), et une présence sioniste
dans la partie orientale d’al-Quds, une soumission économique et
sécuritaire à l’entité coloniale sioniste. Même cela, les sionistes ont
déclaré qu’ils n’en veulent plus. C’est l’échec, non du peuple
palestinien et de sa résistance, mais de l’Autorité palestinienne
d’abord et surtout, et de tous ceux qui ont maintenu et défendu
l’illusion d’un tel règlement, voulant préserver les quelques maigres
acquis qu’ils ont récoltés avec l’instauration de cette Autorité sur à
peine 10% de la Palestine occupée.
Bien avant cet échec cuisant, des voix marginales en Palestine mais
importantes dans la « communauté internationale » avaient proposé la
solution d’un seul Etat, non pas en revenant au programme de l’OLP des
années 70, qui luttait pour une Palestine libre et indépendante sur
toute la terre de Palestine, mais en supprimant toute la dimension arabe
et islamique de la question palestinienne, et en faisant l’économie
d’une résistance armée et d’une lutte qui aboutirait à la libération de
la Palestine. Les défenseurs de la nouvelle version de la « solution
d’un seul Etat », qu’ils soient palestiniens, sionistes honteux ou
internationaux partent de l’incapacité de résister à l’agressivité
coloniale de l’entité sioniste et à sa soif colonisatrice. Ne pouvant y
faire face, la solution pour eux serait de composer avec, en empruntant
la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, devenue le modèle et
l’exemple, sans cependant prendre en compte le caractère
fondamentalement colonial, et non seulement raciste et ségrégationniste
de l’entité sioniste, ni la dimension arabe et islamique de la question
palestinienne, ni le fondement historique et religieux du conflit dans
la région. D’un seul trait, la Palestine serait devenue l’Afrique du
Sud, et le colonialisme négationniste et extirpateur fut assimilé à
l’apartheid. Restent cependant les millions de réfugiés palestiniens,
expulsés de leur terre et de leurs terres et villages et qui devront
revenir au pays.
Pour les défenseurs de la « solution d’un seul Etat »,
devraient-ils eux aussi partager leurs biens avec les colons installés
depuis ou avant 1948 sur leurs terres et vivant dans leurs maisons ?
Le ridicule a récemment éclaté, après la rencontre Netanyahu – Trump,
lorsque des responsables et propagandistes de l’Autorité palestinienne
ont commencé à aborder la solution d’un seul Etat, parce que leur espoir
de voir aboutir la « solution à deux Etats » s’est évanoui. De quel
Etat parlent-ils ? Au lieu de revenir au programme « maximum » de l’OLP,
qui fut celui de la résistance et la lutte pour libérer la Palestine,
ils ont enfourché la voie de l’illusion, une fois encore, refusant de
remettre en cause et les accords d’Oslo et la reconnaissance de l’entité
coloniale sioniste implantée sur 80% de la Palestine, tout comme ils
refusent l’arrêt de la « coordination » sécuritaire avec l’occupant, ou
ne la réclament pas. Peu leur importe la répression par les hommes de la
sécurité palestinienne des militants et résistants et des prisonniers à
peine libérés des prisons de l’occupation. Peu leur importe la torture
subie par ces militants dans les prisons de l’Autorité, et notamment la
prison centrale d’Ariha, comme peu leur importe l’avortement, au profit
de l’entité sioniste, de centaines de tentatives d’actes résistants,
menés par des organisations de la résistance ou par des résistants
isolés. Ce sont les conséquences des accords d’Oslo, et non une de leurs
dérives, comme ils tentent de l’expliquer.
Les funestes accords d’Oslo et la formation de l’Autorité palestinienne
sur un bout de territoire de la Palestine ont entraîné des désastres
pour le peuple palestinien, et pour les peuples arabes. Ils ont ouvert
la voie à la normalisation des relations avec l’occupant sioniste, à
tous les niveaux et dans tous les domaines. Ils ont tenté et tentent
toujours de modifier la conscience palestinienne, forgée dans la lutte
contre la colonisation et la domination, dès le début du siècle dernier,
lorsque le peuple palestinien s’est révolté, armes à la main, contre
les Britanniques et le projet sioniste et ses colons. Que ce soit dans
les manuels scolaires modifiés par l’Autorité palestinienne, dans les
associations soumises aux ONGs internationales, dans la presse et la vie
intellectuelle et culturelle soumise à l’argent et au diktat politique
des puissances impérialistes, dans les services sécuritaires entraînés
par les hommes de la CIA, tout concourt à modifier la conscience du
peuple palestinien, à lui rendre normale et même bénéfique la présence
des colons et de leur entité, en l’invitant à l’admettre et à repousser
toute idée de résistance. Faire avec la présence des colons et non
lutter contre. Les solutions proposées « deux Etats » ou « un seul Etat »
maintiennent la même illusion, celle de pouvoir composer avec une
entité coloniale, telle quelle ou modifiée, en faisant table rase de
l’histoire et de la géographie.
Fadwa Nassar
Dimanche, 26 février 2017
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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