Intervention de Ramadan Shallah, secrétaire général du «
Mouvement du Jihad Islamique en Palestine », au congrès de soutien à l’intifada en Palestine » (Téhéran, 21-22 février)
"Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux,
Prières et saluts sur le messager de Dieu, sa famille et ses compagnons…"
Après les salutations adressées au peuple palestinien, à la nation, et
aux peuples du monde, et les remerciements à la république islamique en
Iran, direction, gouvernement, parlement et peuple, et à tous les
participants au congrès, parlements et dirigeants, qui ont répondu à
l’appel « ensemble pour la Palestine » pour affirmer de nouveau que la
Palestine ne peut disparaître de la conscience arabe et islamique,
quelles que soient les circonstances. Remerciements au dirigeant et
guide de la république islamique, sayyid Ali Khamena’i, pour son
discours et message de valeur, qui affirme au peuple de Palestine qu’il
n’est pas seul dans ce conflit, long et amer.
"Honorables frères et sœurs,
En ce temps où l’on parle beaucoup de l’oubli et la négligence de la
Palestine, pourquoi cet oubli ? Est-ce à cause des circonstances et des
conflits qui se déroulent dans la région ? Non. Depuis longtemps, de
larges couches de cette nation considèrent que « Israël » est une
fatalité à laquelle on ne peut résister, que son existence au sein de la
nation est éternelle, et que la Palestine est une autre « Andalousie »
ce qui veut dire lui dire adieu. Est-ce que cette position est juste ?
D’où la question de l’avenir de la Palestine et du conflit sur la
Palestine. Brièvement, nous disons que ce conflit comporte de nombreux
facteurs, que nous résumons en quatre : le premier est le facteur propre
à l’entité, la force de cette entité, qui fait face au facteur propre
palestinien. Nous avons donc les deux parties en conflit direct. Puis
nous avons le facteur arabe et islamique, et le facteur international.
Concernant l’entité isralienne, existe une impression suggérant que
« Israël » est une superpuissance dans l’histoire de l’humanité. Ce
n’est pas vrai, nous en parlons en toute connaissance de cause. L’entité
fait face à de nombreux problèmes et à différents niveaux, mais elle
n’est pas au bord du gouffre. Le facteur le plus grand de la force de
cette entité, aujourd’hui, est ce qu’elle soutire de l’action
palestinienne officielle et des effondrements de la situation arabe et
islamique. Dans le cadre d’une nouvelle administration américaine et
d’un environnement international et régional tel que nous le
connaissons, il semble que l’entité, avec la bénédiction américaine, a
fait son choix et a enterré que ce qui s’appelle la solution à deux
Etats, à tout jamais. Il n’y a plus de « solution à deux Etats » dans
l’agenda sioniste. La position sioniste aujourd’hui est claire, elle
consiste à dire que toute la terre de Palestine est aux juifs, que
l’entité israélienne est un Etat juif, et que les Palestiniens n’ont
aucun droit sur cette terre, qu’à la mesure de la générosité juive.
Ensuite, le facteur propre aux Palestiniens. Personne ne peut ignorer
aujourd’hui que la situation palestinienne actuelle ne peut satisfaire
les amis ni faire craindre l’ennemi. Cependant, nous ne sommes pas dans
une situation d’extrême faiblesse, dépourvus de fortes cartes, comme
certains le pensent. Nous exposerons brièvement la situation pour
rassurer les amis et inquiéter l’ennemi… Nous avons un peuple grandiose,
qui surpasse par sa foi et sa volonté la tyrannie de la puissance
sioniste, sous toutes ses formes. Un peuple qui a tracé, avec le sang
des martyrs, et les épopées héroïques des prisonniers, des pages de
fierté et de dignité. Un peuple qui n’est ni brisé, ni à genoux, qui
poursuit sa résilience, enraciné par les millions sur la terre de la
Palestine, toute la Palestine. En moins d’une décade, le nombre des
Palestiniens dépassera, en tout lieu, le nombre des Juifs dans le monde.
Quant à la résistance, si nous commençons par le sud, malgré le siège
et les souffrances, nous avons une résistance armée dans la bande de
Gaza assiégée, qui a tenu bon pendant trois guerres, agressives et
destructrices, sans que l’ennemi sioniste ne parvienne à la défaire ou à
l’extirper. Nous, toutes les forces de la résistance, et dans le cadre
de la stratégie de la résistance et de la libération, nous poursuivons
les efforts de la consolider et de développer ses possibilités et ses
armes, autant que nous le pouvons, tout en réalisant la différence entre
ce que nous possédons et ce que possède notre ennemi, mais par la grâce
et l’aide de Dieu, nous sommes capables de stopper et de faire mal à
cet ennemi.
A cette occasion, et dans le cadre des déclarations menaçantes sur une
possible guerre sioniste contre la bande de Gaza ou le Liban, nous
appelons, en tant que résistance palestinienne, à unifier les fronts au
cas où une agression sioniste est lancée sur un des fronts, celui du sud
ou du nord de la Palestine.
Nous avons également l’intifada al-Quds et sa résistance héroïque,
dirigée jusqu’à présent par des initiatives individuelles de jeunes,
femmes ou hommes, de la Palestine, dans al-Quds et la Cisjordanie, qui
prouvent encore une fois, que ce peuple est toujours en avance, par sa
conscience et son initiative, sur ses directions. Mais cette intifada
est assiégée, poursuivie, réprimée, non seulement par l’occupation, mais
de l’intérieur de la maison palestinienne, par le troisième
constituant, après le peuple et la résistance, soit par l’Autorité
palestinienne. Nous avons une Autorité, mais elle n’est pas nous. Elle
est le maillon le plus faible de l’ensemble palestinien, car sa première
fonction consiste à protéger la sécurité d’Israël, de par sa formation
et constitution. Protéger la sécurité d’Israël, interdire et
criminaliser toute résistance palestinienne à l’occupation. C’est
pourquoi toutes les pleurnicheries de l’Autorité palestinienne sur la
colonisation, le vol et la judaïsation de la terre n’ont aucune valeur.
N’est-ce pas l’Autorité qui protège la sécurité d’Israël, y compris les
colonies ? Comment s’assemblent le refus de la colonisation et la
protection de sa sécurité et l’interdiction de toute résistance armée
contre elle ? Comment allons-nous affronter la colonisation par une
Autorité, de par les décisions de sa formation, qui la garde et
protège ?
Frères et sœurs ! L’illusion est tombée, le choix du règlement et des
négociations ont inéluctablement échoué. Certes, le programme minimum de
l’OLP a échoué, basé sur le principe de l’abandon de 80% de la terre de
Palestine, et voilà que l’ennemi sioniste lève, face à l’Autorité et à
l’ensemble du peuple palestinien, face à tous les Arabes et musulmans,
et au monde entier, la carte rouge, qui est le programme maximum
sioniste, disant qu’il n’y a pas d’Etat palestinien sur aucune parcelle
de la terre, et que la Palestine, toute la Palestine, est un Etat juif.
C’est le programme de l’ennemi. Rien ne permet de répondre à cette
invasion et ce programme sioniste sinon la suppression du programme
minimum de l’OLP et le retour au programme maximum palestinien, qui
affirme que la Palestine, toute la Palestine, du fleuve à la mer, est
une terre arabe et islamique, et qu’elle appartient au peuple
palestinien. Et que l’entité sioniste qui s’y est implanté est une
entité d’invasion, spoliatrice, nulle et illégale, qu’il est nécessaire
d’affronter par toutes les formes de résistance, et tous les moyens
possibles et disponibles. C’est le plafond qui affirme le droit
palestinien dans tout son éclat. A part cela, c’est continuer la perte,
l’égarement, la course après le mirage et le labour de la mer.
Ce programme maximum est le programme naturel, qui pose la question de
la Palestine dans son cadre naturel, historique, moral et humain. Sur
cette base, nous devons reconstruire la conscience palestinienne, le
projet national palestinien et le mouvement national palestinien. C’est
ce que nous avions affirmé au mois d’octobre dernier, en proposant ce
qui est connu par l’initiative en dix points du mouvement du Jihad
islamique en Palestine, où nous avions appelé la présidence de
l’Autorité palestinienne à annoncer la suppression des accords d’Oslo et
le retrait de la reconnaissance d’Israël, ainsi que la reconsidération
de la résistance sur la base que nous sommes toujours dans la phase de
la lutte nationale, car la Palestine entière est toujours occupée. Si la
direction de l’Autorité s’est bouchée les oreilles face à cet appel et
persiste à s’accaparer la décision nationale palestinienne et à
poursuivre la route de la perdition, et de la liquidation de la cause de
la Palestine, et refuse d’engager le dialogue et de rechercher une
alternative au choix de s’allier avec l’ennemi, par la coordination
sécuritaire profanateur, et non sacré, pour réprimer le peuple
palestinien et sa résistance, nous affirmons que cette situation ne peut
se poursuivre indéfiniment. Le peuple palestinien, avec toutes ses
forces et ses constituants, y compris de larges secteurs du mouvement
militant de Fateh, ne restera pas prisonnier de ce choix et de cette
voie qui nous a amené les catastrophes et les désastres.
Je clos en parlant de l’unité. Nous disons, nous sommes avec l’unité,
elle est la voie de la libération et de la récupération des droits.
Mais, nous disons clairement et franchement : sans s’être libéré des
accords d’Oslo et de ses conséquences, il n’est pas possible d’en finir
avec la division ou de réaliser l’unité, pour affronter tous les défis.
A propos de la position arabe et officielle: tout ce qui se passe
actuellement dans notre nation ne peut supprimer en aucun cas la
dimension arabe et islamique de la question de la Palestine. Tenter
d’inventer un ennemi autre que l’ennemi irréductible et historique de la
nation ne réussira pas, même si cela peut prendre du temps. Quant au
facteur international, nous savons tous qui a implanté Israël. C’est
pourquoi nous disons et répétons que nous faisons confiance à nos
propres forces, à la résilience de notre peuple et à l’assistance de
notre nation, qui n’a pas cessé. L’avenir de la Palestine sera la
victoire et le retour, par la grâce et volonté de Dieu, de la Palestine à
son peuple et le retour de cette patrie confisquée et arrachée, à son
peuple, pour que les cloches des églises sonnent dans al-Quds, et que
soit levé l’adhan, l’appel à la prière, celui que veulent interdire des
lois de l’entité, dans la mosquée d’al-Aqsa, et que l’entende le monde
entier.
Traduction Cirepal (Centre d'information sur la Résistance en Palestine)