Les États-Unis et plusieurs pays européens ont fermé leurs ambassades à
Sanaa et commencé à évacuer leurs diplomates en raison de l'aggravation
de la crise au Yémen, où une puissante milice chiite tente d'asseoir son
pouvoir. Le mouvement de départ a été enclenché mardi soir par
Washington, qui l'a justifié par "la détérioration de la situation
sécuritaire à Sanaa". Le département d'État a annoncé que le personnel
en poste avait été "transféré hors du pays". Le retrait des Américains
pourrait compliquer la lutte que mènent les États-Unis contre al-Qaida,
très actif dans le pays, en l'absence d'autorités yéménites reconnues
internationalement.
Dans un nouvel avertissement de voyage qui évoque un "niveau de menace
élevée dû aux activités terroristes et aux troubles civils", le
département d'État recommande aux Américains de ne pas se rendre au
Yémen et à ceux qui se trouvent sur place de "quitter le pays". Le
Royaume-Uni a également annoncé mercredi la suspension temporaire des
opérations de son ambassade et l'évacuation de son personnel
diplomatique. "La situation sécuritaire au Yémen a continué à se
dégrader ces derniers jours. Nous estimons désormais avec regret que le
personnel et les locaux de l'ambassade courent un risque accru", a
déclaré le ministre britannique chargé du Moyen-Orient Tobias Ellwood.
Il a précisé que l'ambassadeur avait quitté Sanaa dans la matinée et a
appelé tous les ressortissants britanniques à se retirer "immédiatement"
du Yémen. "On réfléchit à partir", a précisé une source diplomatique en
parlant d'autres ambassades européennes. Celles de France et d'Italie
sont restées fermées mercredi matin.
Dans un discours télévisé mardi soir, le chef de la milice chiite Abdel
Malek al-Houthi a pourtant tenté de rassurer les missions diplomatiques
dans la capitale yéménite. "Certains suscitent des craintes chez les
missions diplomatiques pour que (leurs employés) fuient le pays", a-t-il
dit, affirmant que ces craintes étaient infondées. "La situation
sécuritaire est très stable" à Sanaa, a-t-il assuré. Sa milice, qui est
entrée en septembre à Sanaa, a annoncé vendredi la dissolution du
Parlement et l'installation de nouvelles instances dirigeantes, après
avoir poussé fin janvier à la démission le président Abd Rabbo Mansour
Hadi en s'emparant par la force de bâtiments officiels. Des discussions
sous l'égide de l'ONU, en vue d'une sortie de crise, semblent piétiner.
Une réunion autour de l'émissaire des Nations unies Jamal Benomar s'est
achevée tard mardi, sans progrès apparent.
Les miliciens chiites, appelés Houthis, insistent sur la dissolution du
Parlement, alors que les autres partis politiques veulent garder cette
assemblée qui représente à leurs yeux la dernière institution légitime
du Yémen après la démission du président et du gouvernement. Les
Houthis, qui contrôlent notamment Sanaa et des provinces du Nord, ont
poursuivi mardi leur offensive militaire dans le centre du pays où ils
ont conquis la ville stratégique de Baïda, un verrou du Sud réfractaire
aux miliciens chiites. À Sanaa, des centaines de Yéménites, hostiles aux
Houthis, ont commencé à manifester mercredi à Sanaa pour marquer le
quatrième anniversaire du début, le 11 février 2011, du soulèvement
ayant abouti l'année suivante au départ de l'ancien président Ali
Abdallah Saleh. Des miliciens chiites ont tiré en l'air et des blessés
ont été signalés par des témoins.
(11-02-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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