Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu
s'exprimera la semaine prochaine devant le Congrès américain dans le but
de dénoncer les négociations en cours sur le nucléaire iranien,
convaincu qu'un accord avec Téhéran ne l'empêchera pas de se doter de
l'arme atomique.
Netanyahu s'est attiré les foudres de la Maison Blanche en acceptant
de parler mardi, à l'invitation des Républicains, à la tribune de
Capitol Hill.
Son objectif est de torpiller les négociations en cours sur le nucléaire
iranien, alors qu'un certain nombre d'élus américains, qui ne croient
également pas dans ces négociations, cherchent à faire voter de
nouvelles sanctions contre l'Iran.
"Les chances de faire capoter l'accord dépendent de la possibilité de
convaincre les deux tiers du Congrès (de voter des sanctions). Avec
cette majorité, le Congrès" passerait "outre un veto du président Barack
Obama", résolument hostile à cette démarche car il estime que de telles
sanctions nuiront à la voie diplomatique, écrit le quotidien israélien
de droite Maariv.
Mais "quand ce stratagème a été éventé, le nombre d'élus du Congrès qui
(...) ont renoncé à soutenir ce procédé contre leur président a
augmenté, et les chances de réussite (du projet de Netanyahu) ont
diminué", estime le journal.
La conseillère à la Sécurité nationale des Etats-Unis, Susan Rice, a
condamné dans des termes exceptionnellement forts une initiative
"destructrice pour les bases mêmes des relations américano-israéliennes"
sur la chaîne publique PBS.
Alors que le journal israélien libéral Haaretz a estimé qu'il s'agissait
pour Netanyahu du "discours de sa vie", des commentateurs israéliens
et des responsables américains ont souligné qu'il risquait de lui faire
perdre le soutien bipartisan des élus américains, à deux semaines
d'élections au cours desquelles le Premier ministre brigue un troisième
mandat.
Plusieurs parlementaires démocrates ont déjà annoncé qu'ils boycotteraient son allocution.
Furieuse de cette visite organisée dans son dos entre le Premier
ministre israélien et le républicain John Boehner, la présidence
américaine a exclu toute rencontre. Et le vice-président Joe Biden, qui
assiste traditionnellement aux discours de dirigeants étrangers, sera
absent en raison d'un déplacement à l'étranger opportunément organisé au
même moment. Le secrétaire d'Etat John Kerry sera aussi hors du pays.
A l'approche de la date butoir pour le volet politique de l'accord sur
le nucléaire, fixée au 31 mars, le ministre iranien des Affaires
étrangères Mohammad Javad Zarif a affirmé que les efforts de Netanyahu pour empêcher un accord seraient "infructueux".
Netanyahu, "pense-t-il vraiment qu'un seul discours arrêtera le
processus que les grandes puissances mènent avec l'Iran, qu'il
persuadera le président, emportera le Congrès et forcera la Chine, la
Russie, l'Allemagne et tous les autres à s'aligner sur lui et à annuler
immédiatement ces négociations?", s'interroge également Maariv.
Netanyahu a passé le plus clair de sa carrière à tirer la sonnette d'alarme sur le nucléaire iranien.
En 1996, lors de son premier mandat, il avait déjà délivré un discours
au Congrès, affirmant que si l'Iran, "le plus dangereux" des régimes,
venait "à obtenir des armes atomiques, cela présagerait de conséquences
catastrophiques (...) pour l'humanité toute entière".
En 2012, il avait lancé un avertissement devant l'Aipac, principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis.
"L'Iran appelle à la destruction d'Israël et il y travaille jour après
jour sans relâche", avait-il martelé. Il doit à nouveau s'exprimer
devant l'Aipac lundi lors de sa conférence annuelle.
Les années précédentes, MM. Obama, Biden ou Kerry avaient pris la parole
lors de ce rendez-vous. Cette année, Mme Rice et l'ambassadrice
américaine à l'ONU Samantha Power sont attendues.
Netanyahu a affirmé mercredi que le discours devant le Congrès
relevait de son "devoir" vis-à-vis d'Israël. "Je respecte la Maison
Blanche et le président américain mais (...) l'accord qui se prépare
nous donne des raisons de nous inquiéter, les puissances mondiales ont
apparemment trouvé un terrain d'entente avec l'Iran, moi non", a-t-il
déclaré.
Les Etats-Unis ont présenté vendredi "les bases fondamentales" d'un
éventuel accord, à un mois de la date-butoir pour sceller un règlement
définitif et avant de nouveaux pourparlers entre l'Iran et les pays du
5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) en
Suisse jeudi.
L'accord vise à garantir la nature uniquement civile et pacifique du
programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions
internationales asphyxiant l'économie de ce pays.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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