François Hollande et Manuel Valls sont montés au créneau jeudi pour
pilonner la visite de quatre parlementaires français en Syrie où trois
d'entre-eux ont parlé avec Bashar al-Assad, "un dictateur" et un
"boucher", selon l'exécutif.
De Manille, où il effectue un voyage d'Etat, le président de la
République a proclamé avec solennité: "Cette initiative, je la
condamne".
"Il s'agit d'une rencontre entre des parlementaires français (ndlr, de
droite de gauche et du centre) qui n'ont été mandatés que par eux-mêmes,
avec un dictateur qui est à l'origine d'une des plus graves guerres
civiles de ces dernières années, qui a fait 200.000 morts. 200.000!"
Avant lui, son Premier ministre avait eu aussi des mots durs contre
l'équipée des deux sénateurs - l'UMP Jean-Pierre Vial, le centristes
François Zocchetto - et deux députés - l'UMP Jacques Myard, le PS Gérard
Bapt.
Ce dernier n'a pas rencontré le président syrien mais le voyage des
quatre était une première depuis la rupture des relations diplomatiques
entre la France et la Syrie, en mai 2012.
Ces quatre parlementaires, tous membres des groupes parlementaires
d'amitié franco-syrienne, ont commis une "faute" qui ne "les honore
pas", a grondé sur BFMTV-RMC Manuel Valls, le visage fermé.
"Les
parlementaires représentent la souveraineté nationale, ce qu'est ce
pays", a dénoncé le chef du gouvernement. Qu'ils "aient ainsi, sans
crier gare, rencontré un boucher", "je crois que c'est une faute
morale".
"Boucher": le mot a aussi été employé sur RTL par Jean-Christophe
Cambadélis, le premier secrétaire du PS. "J'ai écrit à Gérard Bapt, je
le convoquerai et je prendrai des sanctions", a poursuivi le député de
Paris à propos de celui de Haute-Garonne.
La délégation rentre en France jeudi après-midi. Tant Jacques Myard que
Gérard Bapt ont assumé leur visite dans ce pays ravagé par la guerre
civile.
Sur France Inter, le député socialiste de Haute-Garonne a plaidé: cette
"visite strictement privée" était un "déplacement exploratoire pour
retrouver le chemin de la compréhension et de la paix".
"Beaucoup de pays européens considèrent ce gouvernement comme fréquentable", a noté l'élu, par ailleurs médecin.
Même tonalité chez Jacques Myard sur Sud Radio: "nous sommes venus ici
pour écouter, voir et échanger". "Il y a eu hier soir la libération d'un
opposant au régime syrien, j'analyse cela comme étant un geste". "Si on
veut mettre un terme à la guerre civile, on parle avec des gens avec
qui on n'est pas d'accord" et "Bashar al-Assad sera partie prenante du
règlement de ce conflit", a insisté l'élu des Yvelines.
Son collègue UMP Henri Guaino s'est insurgé sur Europe 1: "En vertu de quoi faudrait-il les sanctionner?"
"Je suis en désaccord sur le fond de la démarche, le fait d'aller le
voir", a dit le proche de Nicolas Sarkozy qui, à titre personnel,
n'aurait pas fait le voyage. Mais "nous sommes bien obligés de dialoguer
avec Bashar al-Assad dès lors que nous avons un ennemi prioritaire,
l'Etat islamique".
Mercredi l'ancien Premier ministre François Fillon avait assuré: "Ils
ont eu raison d'y aller, il faut écouter toutes les parties", "si
j'avais l'occasion d'aller en Syrie, j'irais sûrement en Syrie".
Sur France Inter, le vice-président du FN Florian Philippot est allé
beaucoup plus loin dans l'approbation évoquant "une initiative qui me
paraît saine, intelligente", a-t-il dit.
"J'aurais aimé que la diplomatie française officielle - si tant est
qu'elle ne soit pas mêlée à cette affaire - ait cette initiative", a
ajouté M. Philippot.
Sur RFI, l'autre vice-président du FN Louis Aliot a soupiré: "Que n'aurait-on pas dit si un député FN avait fait la même chose!"
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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