Le régime de Bashar al-Assad s'est engagé auprès de l'émissaire de l'ONU
pour la Syrie à suspendre pendant six semaines ses bombardements contre
la ville septentrionale d'Alep, où il tente d'acculer les rebelles.
A l'issue d'une offensive majeure lancée mardi, le régime est parvenu à
couper par le feu la principale route d'approvisionnement en armes des
insurgés, qui relie la deuxième ville de Syrie à la Turquie, sans
toutefois réussir une véritable percée, selon une ONG.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les violents
combats dans la ville et plusieurs localités de la province d'Alep ont
fait au moins 158 morts: 88 rebelles et jihadistes et 70 du côté du
régime et ses alliés (Hezbollah libanais, combattants iraniens et
afghans).
Au moment où les combats faisaient rage, le médiateur de l'ONU pour la
Syrie Staffan de Mistura a annoncé à New York que le régime syrien lui
avait "indiqué être disposé à cesser tout bombardement aérien et tir
d'artillerie pendant six semaines sur toute la ville d'Alep" pour
permettre un cessez-le-feu localisé.
Cette suspension des tirs et raids commencera "à partir d'une date qui
sera annoncée à Damas", où M. de Mistura se rendra "dès que possible",
ainsi qu'à Alep, afin de discuter des détails de ce cessez-le-feu local.
L'émissaire de l'ONU s'est rendu récemment en Syrie où il a rencontré le président Bachar al-Assad.
Le "gel des combats" a été l'idée phare de M. de Mistura depuis sa
nomination en juillet à la place de Lakhdar Brahimi, avec comme
ville-test Alep, l'ancienne capitale économique divisée entre le régime à
l'ouest et les rebelles à l'est.
M. de Mistura a précisé que l'opposition armée, qui ne dispose pas
d'aviation, sera elle aussi sollicitée avec la suspension pendant six
semaines de ses tirs de roquettes et de mortier.
L'envoyé spécial espère ensuite étendre ces trêves locales à d'autres
zones et encourager ainsi un règlement politique du conflit qui a mis le
pays à feu et à sang depuis près de quatre ans et fait plus de 210.000
morts.
Il a reconnu que faire appliquer ce plan sera "difficile" étant donné
l'échec de plusieurs trêves depuis le début de la crise syrienne. "Je
suis sans illusions mais c'est une lueur d'espoir", a affirmé M. de
Mistura.
"L'objectif, a-t-il souligné, est d'épargner le plus possible de civils" en attendant un règlement politique.
Un militant d'Alep a exprimé des doutes sur le plan de cessez le feu,
soulignant que les efforts de de Mistura et des autres "n'avaient abouti
qu'à donner au régime plus de temps pour tuer plus de civils".
Parallèlement, le ministère américain de la Défense a annoncé mercredi
que les Etats-Unis pourraient fournir une formation et du matériel aux
rebelles syriens pour qu'ils guident depuis le sol les raids aériens de
la coalition contre le groupe Etat islamique.
Environ 1.000 soldats américains doivent être déployés en Turquie, en
Arabie saoudite et au Qatar pour former les rebelles syriens "modérés"
et, in fine, les renvoyer en Syrie. L'entraînement doit commencer à la
mi-mars, a assuré le Pentagone.
Sur le terrain, l'armée syrienne est parvenue de facto à couper mardi la
principale route d'approvisionnement des rebelles, selon l'OSDH.
"Cela ne veut pas dire que le régime est parvenue à assiéger les
quartiers rebelles de la ville d'Alep", a indiqué à l'AFP Rami Abdel
Rahmane, directeur de l'ONG. "Mais les insurgés doivent désormais
emprunter des chemins de traverse pour parvenir à la frontière turque".
L'armée et ses alliés avaient pris plusieurs localités au nord de la
ville mardi, mais en soirée les rebelles sont parvenus à reprendre
Rityane, stratégique car surplombant plusieurs régions.
Pour Mohammad al-Khatib, un militant du Centre média d'Alep,
l'infiltration dans cette ville "fut soudaine car le brouillard a
empêché de les voir avancer. Les gens se sont réveillés en voyant le
Hezbollah dans la localité".
Au nord de la ville d'Alep, les insurgés ont également pu reprendre
Doueir al-Zeitoun, tandis que les loyalistes contrôlent toujours Bachkoy
et Hardtanine.
Par ailleurs, selon l'Observatoire, les forces kurdes ont repris à l'EI
plus de la moitié des villages autour de Kobané, près de la frontière
avec la Turquie. Elles se sont emparées de 216 localités sur les 350
dont l'EI avait pris le contrôle.
(19-02-2015)
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