dimanche 2 novembre 2014

Moyen-Orient : Pour Erdogan la décision de Washington de larguer des armes aux Kurdes est "mauvaise"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié mercredi de "mauvaise" la décision des Etats-Unis de larguer des armes et des munitions aux combattants kurdes qui défendent la ville syrienne kurde de Kobané assiégée par les jihadistes.
"Il est aujourd'hui évident que (cette décision) était mauvaise", a estimé M. Erdogan, expliquant que ces armes étaient tombées entre les mains du principal parti kurde de Syrie, le Parti de l'union démocratique (PYD), considéré par Ankara comme une organisation terroriste, et du groupe Etat islamique (EI).
"Toute aide fournie au PYD va bénéficier au PKK (les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan). Et nous, la Turquie, nous devons nous battre contre ça", a-t-il poursuivi devant la presse, avant de se rendre en visite officielle en Lettonie.
Après avoir multiplié les frappes aériennes contre les positions des jihadistes qui font le siège de Kobané, les Américains ont procédé tôt lundi à un premier largage aérien d'armes, de munitions et de matériel médical aux forces des Unités de protection du peuple (YPG), la branche armée du PYD, fer de lance du combat contre l'EI.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins une palette de matériel larguée est tombée entre les mains des jihadistes.
"Nous voyons aujourd'hui clairement à qui cette aide a bénéficié. Il ne faut pas mener ce type d'opération uniquement pour les apparences, il y a des moyens beaucoup plus raisonnables et efficaces de le faire", a insisté M. Erdogan.
"Je ne comprends pas pourquoi Kobané est d'une importance si stratégique aux yeux des Américains, il n'y a plus aucun civil" dans la ville, a-t-il poursuivi.
Dimanche, le chef de l'Etat turc avait déjà catégoriquement refusé d'aider le PYD, le qualifiant "d'organisation terroriste", au même titre que le PKK qui mène depuis 1984 une guérilla contre le gouvernement d'Ankara.
La Turquie a jusque-là refusé d'intervenir militairement pour venir en aide aux défenseurs de Kobané, craignant qu'une telle opération ne profite au régime du président syrien BaShar al-Assad, sa bête noire, et ne renforce les Kurdes.
Sous la pression des Etats-Unis, elle a toutefois annoncé lundi qu'elle était prête à laisser passer par son territoire d'éventuels renforts de combattants kurdes irakiens, les "peshmergas" à destination de Kobané (Aïn al-Arab en arabe).
La Turquie de M. Erdogan entretient de bonnes relations avec la région autonome kurde irakienne, dont les "peshmergas" sont le fer de lance du combat contre l'EI en Irak.
"C'est moi qui ai proposé (au président américain Barack) Obama de laisser passer des peshmergas jusqu'à Kobané", a affirmé mercredi le président turc.
"Nous leur avons dit que le soutien qu'ils (les Américains) accorderaient au PYD et au PKK était inacceptable pour nous. Nous leur avons aussi dit que nous ne pouvions coopérer qu'avec l'Armée syrienne libre (l'opposition syrienne modérée) et les peshmergas", a insisté M. Erdogan.
Les Etats-Unis ont annoncé avoir noué des contacts directs avec le PYD.

(22-10-2014)

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