Les ministres israéliens sont réunis ce dimanche pour voter sur un
projet de loi controversé visant à renforcer le caractère juif de l'État
d'Israël. Selon ce projet, l'État hébreu ne serait plus défini dans la
Constitution comme "juif et démocratique" mais comme "l'État national du
peuple juif", ouvrant la porte à une institutionnalisation des
discriminations à l'égard de la minorité arabe de 1948.
Deux versions du projet de loi sont soumises au vote, à l'initiative de
députés de la frange la plus à droite de la coalition du Premier
ministre Benjamin Netanyahou. La première version est présentée par Zeev
Elkin (Likoud), la deuxième par Ayelet Shaked (Foyer juif) et Yariv
Levin (Likoud).
Les Arabes de 1948, les descendants des Palestiniens restés sur leur
terre après la création d'Israël en 1948, dénoncent, eux, une
"inscription du racisme, déjà présent dans la rue, dans la loi et au
coeur du système politique", selon les mots de Majd Kayyal, d'Adalah, le
centre juridique de défense des droits de la minorité arabe. "La
démocratie garantit que tous les citoyens ont les mêmes droits et sont
égaux face à l'État, mais cette modification raciste introduit une
distinction sur la base de la religion", poursuit-il.
Les Arabes de 1948 représentent un Israélien sur cinq. Ils affirment
être traités en "citoyens de seconde zone" après que les autorités
israéliennes ont saisi la quasi-totalité des terres des municipalités
arabes pour y installer des immigrants juifs. Ce projet de loi provoque
également une levée de boucliers parmi les députés et les ministres du
centre et de la gauche, qui craignent que le texte n'institutionnalise
la discrimination à l'encontre de la minorité arabe israélienne.
Le procureur général Yehouda Weinstein, conseiller juridique du
gouvernement, a critiqué le projet, estimant qu'il affaiblissait le
caractère démocratique d'Israël, et la ministre de la Justice Tzipi
Livni a réussi la semaine dernière à faire repousser le vote. Les deux
versions du projet de loi discutées ce dimanche sont un gage donné par
Netanyahou aux éléments les plus à droite de sa coalition, mais la
version définitive du texte sera amendée et édulcorée à la Knesset,
explique Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'université
d'Israël. "C'est une mascarade politique. Netanyahou sait qu'il fait
voter un projet imbuvable, qui a été critiqué par le conseiller
juridique du gouvernement comme extrêmement problématique",
explique-t-il.
(23-11-2014)
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