Après les Parlements britannique et espagnol, l'Assemblée débat à son
tour vendredi de la reconnaissance de l'État palestinien par le biais
d'une résolution non contraignante qui devrait être ensuite adoptée
mardi sans le soutien de la droite. Le texte soumis aux députés par le
groupe socialiste "invite le gouvernement à reconnaître l'État de
Palestine en vue d'obtenir un règlement définitif du conflit" et juge
que "la solution des deux États, promue avec constance par la France et
l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'État de Palestine aux
côtés de celui d'Israël". Le débat, qui débute à 9 h 30, sera limité à 1
h 15 et suivi de la réponse du ministre des Affaires étrangères Laurent
Fabius. Le vote solennel aura lieu le 2 décembre et le Sénat examinera
un texte identique le 11.
Cette démarche, non contraignante pour le gouvernement, s'inscrit dans
un mouvement européen pour que la reconnaissance de la Palestine,
jusque-là envisagée comme l'aboutissement de négociations, soit utilisée
comme un moyen de pression sur Israël pour relancer un processus au
point mort depuis l'échec de la médiation américaine au printemps
dernier. Cela alors que la viabilité même d'un État palestinien est
menacée par la colonisation et qu'un nouveau cycle de violences menace.
Répondant à l'invitation de personnalités israéliennes engagées pour la
paix, des votes similaires viennent d'avoir lieu à la quasi-unanimité au
Parlement britannique, au Sénat irlandais et au Congrès des députés
espagnols. La Suède a reconnu l'État palestinien fin octobre, devenant
le 135e État à le faire.
En France, la question est très sensible politiquement, à la fois parce
que la cause palestinienne a toujours été très populaire et soutenue
diplomatiquement et aussi parce qu'y vit la première communauté juive
d'Europe (entre 500 et 600 000 personnes) qui dénonce une montée de
l'antisémitisme ces dernières années. Ce vote risque d'"exacerber la
situation" en France, a ainsi jugé l'ambassadeur d'Israël, Yossi Gal, en
faisant allusion aux incidents survenus lors de manifestations
pro-palestiniennes cet été durant l'intervention israélienne à Gaza. À
Paris, des rassemblements "pro-israéliens" sont prévus à la mi-journée
près de l'Assemblée, et des "pro-palestiniens" en fin d'après-midi.
Au PS, une dizaine de députés (sur 289) n'ont pas signé la résolution.
Parmi eux, l'Alsacien Armand Jung, président du groupe d'amitié
France-Israël, et le maire de Sarcelles (Val-d'Oise), François Pupponi,
commune qui abrite une forte population de confessions juive et
musulmane. L'UMP, favorable à la solution des deux États au bout d'un
processus de paix, est à une très grande majorité hostile à cette
démarche, même si elle a prévu de répartir son temps de parole entre
deux contre (Claude Goasguen et Pierre Lellouche) et un pour (Axel
Poniatowski). Le chef de file du groupe UMP Christian Jacob argumente
qu'on est "clairement dans le domaine réservé de l'exécutif". Candidat à
la présidence du parti l'UMP, Nicolas Sarkozy a appelé à voter contre
"une reconnaissance unilatérale quelques jours après un attentat
meurtrier (l'attaque contre une synagogue perpétrée à Jérusalem) et
alors qu'il n'y a aucun processus de paix". Même argumentation à l'UDI.
"Nous ne pensons pas que ce soit le bon moyen de passer par le
Parlement", selon le président du groupe, Philippe Vigier.
À gauche, le texte sera soutenu "avec enthousiasme" par les écologistes
et le Front de gauche, qui avaient déposé leurs propres résolutions,
tandis que les radicaux de gauche sont partagés. Pour les communistes,
"c'est un combat historique", a rappelé le député François Asensi, qui a
appelé le gouvernement à une reconnaissance "au lendemain du vote".
Mais le gouvernement, qui a donné son aval à la démarche des
parlementaires, "n'est pas lié", a rappelé la semaine dernière Laurent
Fabius, pour qui la reconnaissance doit être "utile" à un règlement du
conflit, et pas simplement symbolique". Paris veut agir dans un cadre
international concerté. Et notamment à l'ONU, où les Palestiniens ont
annoncé leur intention de déposer une résolution réclamant la fin de
l'occupation israélienne en 2016. Afin d'éviter le veto américain, la
France tente avec ses partenaires européens de promouvoir un texte
alternatif qui ne fixe pas de calendrier, selon des sources françaises.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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