dimanche 2 novembre 2014

Israël/Palestine : Journée de tous les dangers à Jérusalem

La tension restait élevée dimanche à Jérusalem-Est malgré le déploiement de milliers de policiers israéliens supplémentaires face à la guérilla urbaine persistante menée à coups de pierres par de jeunes Palestiniens. La Ville sainte se préparait à une fin de journée agitée dans sa partie palestinienne annexée et occupée par Israël. Tous les mouvements politiques palestiniens ont appelé à un défilé à 17 heures (15 heures GMT) du quartier troublé de Silwan à l'ultra-sensible Al-Aqsa, sur l'esplanade des Mosquées.
À 23 heures (21 heures GMT), la famille d'Abdelrahmane Shalodi devrait enterrer sous haute surveillance ce Palestinien de 21 ans tué par un policier mercredi après avoir causé la mort d'un bébé de trois mois, un acte qualifié d'attentat "terroriste" par les autorités israéliennes. La famille Shalodi refuse les restrictions imposées par la justice israélienne aux funérailles - seules 20 personnes présentes et un enterrement entre 23 heures et minuit - et a prévu une cérémonie symbolique à 17 heures, elle aussi susceptible d'alourdir l'atmosphère.
Jérusalem-Est est en proie depuis l'été à des tensions grandissantes qui font craindre un embrasement généralisé. Elles se sont encore aggravées depuis mercredi, à Silwan surtout, après qu'Abdelrahmane Shalodi, jeune Palestinien de ce quartier, a, délibérément selon les autorités israéliennes, lancé sa voiture sur un arrêt de tramway. Un bébé a été tué et six Israéliens blessés. Ses obsèques, initialement prévues samedi soir, ont été reportées à tard dimanche sur le mont des Oliviers, près de Silwan et de la vieille ville. La justice israélienne a décidé que sa dépouille, aux mains de la médecine légale, ne serait restituée à la famille qu'à la porte du cimetière et que seules vingt personnes, dont les noms auront préalablement été communiqués à la police, pourraient assister aux funérailles, a rapporté l'avocat de la famille.
Au moins cinq Palestiniens ont été arrêtés lors de nouveaux heurts dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué la police israélienne. Les troubles de samedi se sont prolongés dans la nuit, à Silwan, mais aussi dans d'autres quartiers : Al-Tur, Souwaneh, Beit Hanina, Chouafat et le camp de réfugiés du même nom, Rass al-Amoud, Chayah, selon la police israélienne et différents groupes locaux palestiniens. À chaque fois, ce sont les mêmes scènes de jeunes Palestiniens souvent masqués brûlant des pneus et lançant leurs pierres, leurs pétards ou leurs engins incendiaires aux policiers israéliens casqués et armés. Les pierres visent aussi le tramway qui circule désormais sous escorte policière, et tout ce qui symbolise l'autorité ou la présence israélienne, véhicule de nettoyage municipal, jardin d'enfants. Les policiers israéliens répondent par des tirs de gaz lacrymogène ou de projectiles en caoutchouc qui retentissent jusque tard dans la nuit. Des policiers en uniforme ou dissimulés sous des tenues civiles, aidés par les ballons d'observation lâchés au-dessus de la ville, arrêtent les émeutiers.
Depuis la mort d'Abdelrahmane Shalodi, les affrontements, déjà réguliers depuis l'été à Jérusalem-Est, se sont intensifiés, le soir surtout, mais aussi la journée à Silwan, Chouafat, Essaouiya, Wadi Joz ou dans la vieille ville. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a promis d'y répondre avec la plus grande fermeté. "Plusieurs milliers de policiers, de gardes-frontières et de membres d'unités spéciales viennent renforcer les effectifs de la police de Jérusalem le temps nécessaire à un rétablissement de la sécurité et un retour à la normale pour tous les habitants de Jérusalem", a indiqué une porte-parole de la police, Luba Samri.
Cependant, la décision de la municipalité de Tel-Aviv de reporter un voyage scolaire prévu dans certains quartiers de Jérusalem en butte aux violences trahit l'inquiétude. Elle a visiblement mis en émoi la municipalité de Jérusalem, haut lieu de tourisme et de pèlerinage, qui a dit dans un communiqué "ne pas recommander les annulations", assurant que la ville était "sûre et ouverte".
Au même moment avait lieu dimanche en Cisjordanie occupée l'enterrement d'Orwa Hammad, Palestino-Américain de 14 ans, abattu par les soldats israéliens lors de heurts vendredi dans le village de Silwad, théâtre d'affrontements fréquents. Quinze Palestiniens, dont cinq membres du mouvement islamiste Hamas, ont aussi été arrêtés vendredi et samedi en Cisjordanie pour leur implication dans des troubles, a dit un porte-parole de l'armée israélienne, sans qu'on sache si ces arrestations étaient liées aux événements de Silwad.

(26-10-2014)

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