La tension restait élevée dimanche à Jérusalem-Est malgré le déploiement
de milliers de policiers israéliens supplémentaires face à la guérilla
urbaine persistante menée à coups de pierres par de jeunes Palestiniens.
La Ville sainte se préparait à une fin de journée agitée dans sa partie
palestinienne annexée et occupée par Israël. Tous les mouvements
politiques palestiniens ont appelé à un défilé à 17 heures (15 heures
GMT) du quartier troublé de Silwan à l'ultra-sensible Al-Aqsa, sur
l'esplanade des Mosquées.
À 23 heures (21 heures GMT), la famille d'Abdelrahmane Shalodi devrait
enterrer sous haute surveillance ce Palestinien de 21 ans tué par un
policier mercredi après avoir causé la mort d'un bébé de trois mois, un
acte qualifié d'attentat "terroriste" par les autorités israéliennes. La
famille Shalodi refuse les restrictions imposées par la justice
israélienne aux funérailles - seules 20 personnes présentes et un
enterrement entre 23 heures et minuit - et a prévu une cérémonie
symbolique à 17 heures, elle aussi susceptible d'alourdir l'atmosphère.
Jérusalem-Est est en proie depuis l'été à des tensions grandissantes qui
font craindre un embrasement généralisé. Elles se sont encore aggravées
depuis mercredi, à Silwan surtout, après qu'Abdelrahmane Shalodi, jeune
Palestinien de ce quartier, a, délibérément selon les autorités
israéliennes, lancé sa voiture sur un arrêt de tramway. Un bébé a été
tué et six Israéliens blessés. Ses obsèques, initialement prévues samedi
soir, ont été reportées à tard dimanche sur le mont des Oliviers, près
de Silwan et de la vieille ville. La justice israélienne a décidé que sa
dépouille, aux mains de la médecine légale, ne serait restituée à la
famille qu'à la porte du cimetière et que seules vingt personnes, dont
les noms auront préalablement été communiqués à la police, pourraient
assister aux funérailles, a rapporté l'avocat de la famille.
Au moins cinq Palestiniens ont été arrêtés lors de nouveaux heurts dans
la nuit de samedi à dimanche, a indiqué la police israélienne. Les
troubles de samedi se sont prolongés dans la nuit, à Silwan, mais aussi
dans d'autres quartiers : Al-Tur, Souwaneh, Beit Hanina, Chouafat et le
camp de réfugiés du même nom, Rass al-Amoud, Chayah, selon la police
israélienne et différents groupes locaux palestiniens. À chaque fois, ce
sont les mêmes scènes de jeunes Palestiniens souvent masqués brûlant
des pneus et lançant leurs pierres, leurs pétards ou leurs engins
incendiaires aux policiers israéliens casqués et armés. Les pierres
visent aussi le tramway qui circule désormais sous escorte policière, et
tout ce qui symbolise l'autorité ou la présence israélienne, véhicule
de nettoyage municipal, jardin d'enfants. Les policiers israéliens
répondent par des tirs de gaz lacrymogène ou de projectiles en
caoutchouc qui retentissent jusque tard dans la nuit. Des policiers en
uniforme ou dissimulés sous des tenues civiles, aidés par les ballons
d'observation lâchés au-dessus de la ville, arrêtent les émeutiers.
Depuis la mort d'Abdelrahmane Shalodi, les affrontements, déjà réguliers
depuis l'été à Jérusalem-Est, se sont intensifiés, le soir surtout,
mais aussi la journée à Silwan, Chouafat, Essaouiya, Wadi Joz ou dans la
vieille ville. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a
promis d'y répondre avec la plus grande fermeté. "Plusieurs milliers de
policiers, de gardes-frontières et de membres d'unités spéciales
viennent renforcer les effectifs de la police de Jérusalem le temps
nécessaire à un rétablissement de la sécurité et un retour à la normale
pour tous les habitants de Jérusalem", a indiqué une porte-parole de la
police, Luba Samri.
Cependant, la décision de la municipalité de Tel-Aviv de reporter un
voyage scolaire prévu dans certains quartiers de Jérusalem en butte aux
violences trahit l'inquiétude. Elle a visiblement mis en émoi la
municipalité de Jérusalem, haut lieu de tourisme et de pèlerinage, qui a
dit dans un communiqué "ne pas recommander les annulations", assurant
que la ville était "sûre et ouverte".
Au même moment avait lieu dimanche en Cisjordanie occupée l'enterrement
d'Orwa Hammad, Palestino-Américain de 14 ans, abattu par les soldats
israéliens lors de heurts vendredi dans le village de Silwad, théâtre
d'affrontements fréquents. Quinze Palestiniens, dont cinq membres du
mouvement islamiste Hamas, ont aussi été arrêtés vendredi et samedi en
Cisjordanie pour leur implication dans des troubles, a dit un
porte-parole de l'armée israélienne, sans qu'on sache si ces
arrestations étaient liées aux événements de Silwad.
(26-10-2014)
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