Israël a annoncé lundi accélérer les plans pour la construction de 1 000
logements à Jérusalem-Est, au risque d'aggraver encore les vives
tensions auxquelles la partie annexée et occupée de la ville est en
proie depuis plusieurs jours. Cette annonce survient dans un climat de
violences qui font redouter un embrasement généralisé et dont la
poursuite de la colonisation dans la partie palestinienne de Jérusalem
est citée comme l'un des facteurs majeurs. Les affrontements se sont
poursuivis dans la nuit de dimanche à lundi au moment où les
Palestiniens enterraient, sous haute surveillance, Abdelrahmane Shalodi,
accusé par Israël d'avoir tué un bébé de trois mois et une femme dans
un attentat "terroriste" mercredi.
Depuis que ce Palestinien de Jérusalem-Est a jeté sa voiture contre un
arrêt de tramway, les heurts déjà permanents des derniers mois se sont
intensifiés. Des milliers de policiers et de gardes-frontières ont été
appelés en renforts pour quadriller les quartiers palestiniens. Le
Croissant-Rouge palestinien a recensé plus d'une vingtaine de blessés
dans la nuit. La police israélienne a fait état de huit arrestations.
L'épicentre de ces heurts a été une fois de plus le quartier populaire
de Silwan, au pied de la Vieille Ville et de l'esplanade des Mosquées.
Cinq cents colons israéliens vivent au milieu de 45 000 Palestiniens
dans ce quartier d'où était originaire Abdelrahmane Shalodi. Après les
avoir longtemps refusées, la famille Shalodi a fini par accepter les
strictes conditions imposées par les autorités israéliennes, inquiètes
de débordements, pour qu'elle récupère le corps et l'enterre.
La dépouille a été inhumée vers minuit en présence de cinquante
personnes autorisées, tandis que des centaines de jeunes étaient
cantonnés par la police aux abords du cimetière de la Porte des lions,
sur le mont des Oliviers, a rapporté un militant associatif à Silwan.
Dans ce contexte de tensions exacerbées, l'organisation israélienne
anti-colonisation La Paix maintenant a estimé que l'annonce
gouvernementale de lundi était particulièrement malvenue. "Il n'y a
jamais de bon moment pour faire des choses pareilles, mais celui-ci
l'est encore moins que les autres, alors que Jérusalem est en train de
brûler", a dit Lior Amihai, l'un de ses porte-parole. Le gouvernement a
décidé de faire avancer la planification pour la construction de plus de
1 000 unités d'habitation : environ 400 à Har Homa et 600 à Ramat
Shlomo, deux colonies juives de Jérusalem-Est. Une telle annonce peut
signifier soit que les autorités se disposent à lancer les appels
d'offres pour la construction effective de projets existants, soit
qu'elles font avancer la procédure, a expliqué Lior Amihai.
Elle ne devait pas manquer de susciter la réprobation de la communauté
internationale, encore exprimée ces dernières semaines par l'ONU, les
États-Unis ou l'Union européenne devant de semblables décisions. Ces
derniers considèrent la poursuite de la colonisation comme un obstacle
majeur aux efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Les
Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'État auquel
ils aspirent. Et la communauté internationale juge illégales l'annexion
et l'occupation de Jérusalem-Est.
La colonie ultra-orthodoxe de Ramat Shlomo avait déjà été à l'origine
d'un tollé au sein de l'administration Obama quand Israël avait choisi
une visite du vice-président Joe Biden dans la région pour donner son
feu vert à la construction. De telles annonces assombrissent encore
davantage les perspectives de reprise des efforts de paix. Le
gouvernement israélien a pris dimanche une décision dénoncée par les
défenseurs des droits de l'Homme comme encourageant la "ségrégation
raciale". Désormais, les travailleurs palestiniens en Israël ne pourront
plus emprunter les mêmes bus que les colons pour rentrer en
Cisjordanie, a décidé le ministère de la Défense.
Dans ce contexte, la presse israélienne faisait largement état lundi de
l'accord que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou aurait
donné à une série de chantiers en Cisjordanie et à la délivrance de 2
000 permis de construire. Le Premier ministre mettrait ainsi fin au "gel
silencieux" de tels projets et donnerait des gages aux pro-colonisation
au sein de sa coalition gouvernementale malmenée. L'information n'a été
ni confirmée ni démentie. Si elle était corroborée, l'impact risquerait
d'être considérable.
(27-10-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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