L’assassin présumé de l’opposant Chokri Belaïd a été tué lors d’une
opération antiterroriste dans la banlieue de Tunis, a annoncé mardi le
ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, presque un an, jour pour jour,
après le crime. La Garde nationale (gendarmerie) a "réussi à tuer sept
terroristes très armés. L’enquête et les analyses ont dévoilé l’identité
de certains d’entre eux. (...) Parmi ceux-là se trouve Kamel
Gadhgadhi", a affirmé M. Ben Jeddou lors d’une conférence de presse.
"Gadhgadhi est celui qui a commis l’assassinat politique du martyr
Chokri Belaïd", a affirmé le ministre, qui a tenu à préciser que son
identité avait été établie "scientifiquement". Cinq des sept suspects
tués ont été identifiés, selon le ministre. "C’est le plus beau cadeau
qu’on puisse faire aux Tunisiens au premier anniversaire de
l’assassinat" de l’opposant, a-t-il ajouté.
Les forces de l’ordre avaient commencé lundi après-midi à assiéger une
maison à Raoued, dans la banlieue de Tunis. Un échange de tirs nourris
les a opposées aux suspects jusqu’à la mi-journée, mardi. Un membre de
la Garde nationale a été tué dans les violences. Après avoir encerclé la
maison, les membres des forces de l’ordre "ont été accueillis par les
balles et par une résistance violente", a poursuivi M. Ben Jeddou. "Nous
avons voulu éviter leur mort et nous leur avons demandé de se rendre.
(Mais) chacun d’eux portait des armes automatiques, des grenades et des
ceintures d’explosifs", a-t-il ajouté.
"Nous jugerons sur pièces"
Au cours de la même conférence de presse, le porte-parole du ministère,
Mohamed Ali Aroui, a ensuite montré des images de l’intérieur de la
maison et d’une dépouille présentée comme celle de Kamel Gadhgadhi.
"Voici une image du terroriste Kamel Gadhgadhi. Il portait une ceinture
d’explosifs", a-t-il dit, en ajoutant que la maison était pleine
d’explosifs et d’armes et que de l’argent avait également été découvert.
Selon le porte-parole, le groupe se préparait probablement à mener des
attaques.
L’assassinat le 6 février 2013 de Chokri Belaïd, avocat et militant de
tendance marxiste et panarabiste de 48 ans, farouche critique des
islamistes du parti Ennahda alors aux commandes, avait choqué la Tunisie
et plongé le pays dans une grave crise politique. L’opposant avait été
tué devant chez lui de trois balles tirées à bout portant. L’assassinat a
été attribué par les autorités aux djihadistes d’Ansar Asharia, une
organisation classée en août 2013 comme "terroriste" par la Tunisie,
mais qui n’a jamais revendiqué ce meurtre ni aucune autre attaque armée.
Lundi, la veuve de l’opposant, Basma Khalfaoui, qui accuse les
islamistes d’Ennahdha d’avoir au moins "caché" des documents essentiels à
l’enquête, avait dit à l’AFP qu’elle attendait un geste fort du nouveau
gouvernement apolitique. "On ne sait rien (de ce qui s’est réellement
passé, NDLR). Tous les scénarios sont possibles", avait-elle dit. "Nous
ne croyons plus aux engagements. Nous jugerons sur pièces", a-t-elle
ajouté.
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