Le chef de l’opposition syrienne a tenté mardi de persuader le
ministre russe des Affaires étrangères de faire pression sur le régime
de Damas, dont Moscou est l’allié, afin qu’il accepte la mise en place
d’un gouvernement de transition.
La rencontre entre le chef de la Coalition de l’opposition syrienne
Ahmad Jarba et Sergueï Lavrov s’est tenue alors que des négociations de
dix jours à Genève, organisées à l’initiative de la Russie et des
Etats-Unis, se sont achevées vendredi sans résultat concret.
Aucun cessez-le-feu n’a été proclamé, la mise sur pied d’un gouvernement
transitoire n’a pas été abordée et même l’acheminement d’une aide
alimentaire aux assiégés de la vieille ville de Homs a fait long feu.
Peu d’éléments ont filtré de la rencontre entre les deux hommes.
Lors d’une conférence de presse tenue un peu plus tard, M. Jarba a
affirmé que Moscou accordait "beaucoup d’attention" à la position de
l’opposition.
"Maintenant, la partie russe comprend mieux la position de notre coalition et c’est positif", a-t-il dit.
"Nous espérons que dans un avenir proche il y aura d’autres visites de
représentants de la coalition à Moscou", a-t-il dit, estimant qu’il
s’agissait d’une "nouvelle étape des relations avec la Russie".
"Organe dirigeant de transition"
"Un organe dirigeant de transition est l’idée principale, qui guidera
les autres processus", a-t-il par ailleurs déclaré dans une interview à
l’agence Interfax.
Mais M. Lavrov n’a pour sa part pas laissé entendre qu’il était prêt à
accroître la pression sur le régime de Assad.
"J’estime que la discussion d’aujourd’hui sera extrêmement utile pour
clarifier les approches afin de faire avancer le processus de Genève",
a-t-il déclaré au début de sa rencontre avec M. Jarba, cité par
INTERFAX.
Les pourparlers entre les différentes parties en conflit doivent
reprendre le 10 février mais Damas n’a pas confirmé sa participation à
cette nouvelle session de négociations.
"Nous n’avons aucun doute sur le fait que la délégation gouvernementale
(syrienne) participera au second round de négociations inter-syriennes à
Genève", a toutefois assuré mardi le vice-ministre russe des Affaires
étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par l’agence officielle ITAR-TASS.
Lors de ses entretiens avec M. Lavrov, M. Jarba a souligné que
l’opposition avait pour sa part "fermement" décidé de participer à ces
nouveaux pourparlers, indiquant l’avoir annoncé alors même que "des
meurtres à l’aide de barils d’explosifs" continuaient d’être commis en
Syrie.
Dernier événement en date, au moins 26 personnes, ont été tuées lundi
dans de nouveaux bombardements de l’armée syrienne sur la ville d’Alep
(nord), menés à l’aide de barils d’explosifs lancés depuis des
hélicoptères, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Et huit personnes dont cinq enfants mardi, selon le même OSDH.
Mardi, l’organisme d’aide alimentaire de l’ONU (PAM) a redémarré son
pont aérien depuis l’Irak jusqu’à Qamishli, au nord-est de la Syrie,
pour nourrir quelque 30 000 personnes pendant un mois.
Lors d’une conférence de presse à Genève la semaine dernière, M. Jarba
avait affirmé que M. Lavrov, lui avait dit lors d’une rencontre à Paris
que la Russie, soutien indéfectible au régime de Damas, "n’était pas
attachée" au président Bashar al-Assad.
Moscou avait toutefois à maintes reprises insisté sur le fait que le
départ de Assad du pouvoir ne devait pas être une condition préalable
à une solution politique au conflit qui a fait plus de 136.000 morts et
des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011.
Un compromis sur l’Iran ?
Autre point d’achoppement entre la Russie et les alliés occidentaux et
arabes de l’opposition syrienne, la participation de l’Iran aux
négociations de paix. Les rebelles s’y sont opposés en raison des liens
entre la République islamique et le régime d’Assad.
Mais une source diplomatique a indiqué au quotidien russe Kommersant
publié mardi que les Etats-Unis avaient, en marge de la Conférence de
Munich ce week-end, proposé que l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie
se joignent à un round de négociations qui auraient lieu en même temps
que les pourparlers de Genève.
"Moscou approuve dans l’ensemble cette initiative", a écrit le journal.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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