Un policier a été tué dans une attaque à la bombe à Bahreïn, où
l’opposition chiite préparait un grand rassemblement samedi près de
Manama pour commémorer le 3e anniversaire du début de la contestation
anti-régime lancée dans la foulée du Printemps arabe.
La mort du policier est intervenue alors que des heurts ont opposé ces
derniers jours les forces de sécurité à des protestataires, qui
manifestaient dans plusieurs villages chiites à l’appel de l’opposition,
conduite par le puissant mouvement Al-Wefaq.
Bahreïn, un petit archipel du Golfe, est secoué depuis trois ans par un
mouvement de contestation animé par les chiites, majoritaires, qui
réclament des réformes, notamment une monarchie constitutionnelle, dans
ce royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.
"Un policier a succombé à ses blessures subies dans une explosion
terroriste vendredi soir à Dair", un village chiite, près de l’aéroport
international de Bahreïn, sur l’île de Muharaq, la deuxième plus grande
de l’archipel, a annoncé samedi le ministère de l’Intérieur.
Il a été blessé en même temps qu’un autre policier alors qu’ils étaient
en faction pour "assurer la sécurité routière", a ajouté le ministère
sur son compte Twitter, sans plus de détails.
Une attaque à l’explosif avait déjà visé vendredi un bus de la police
dans un autre village chiite, Daih, près de Manama, selon le ministère.
Cette première attaque n’avait pas fait de victime, selon la même
source, mais avait légèrement endommagé le bus, d’après des images mises
en ligne sur Twitter.
Selon des témoins, plusieurs protestataires ont été blessés vendredi
dans des heurts avec les forces anti-émeutes, qui ont tiré à le
chevrotine et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule
alors que des cocktails Molotov étaient lancées dans leur direction.
La police a arrêté vendredi 26 personnes soupçonnées d’implication dans
des troubles et des actes de "vandalisme" dans divers villages, a
indiqué le ministère, au lendemain de l’interpellation de 29 autres.
L’opposition a aussitôt pris ses distances avec ces actes de violence et
annoncé dans un communiqué samedi son "rejet de toute attaque à
l’explosif".
Elle a ajouté "rejeter de telles pratiques sous toutes leurs formes et
quels que soient leur origine ou commanditaire", comme elle "condamne le
recours excessif à la violence par les forces de sécurité" contre les
manifestants.
Pour prévenir tout débordement, le Wefaq a appelé ses partisans à faire
preuve de "discipline" lors du rassemblement qu’il organise samedi, en
milieu d’après-midi, sur l’axe routier de Boudaya, reliant plusieurs
villages chiites autour de Manama.
Dans un communiqué publié samedi sur son compte Facebook, l’influent
mouvement chiite a donné pour consigne à ses partisans d’arborer le
drapeau bahreïni et de porter des photos des prisonniers politiques et
"des martyrs" de la répression policière.
Des partisans du Collectif du 14 février, un groupe radical, rassemblés
vendredi dans des villages chiites ont tenté en vain de marcher en
direction de la place de la Perle à Manama, symbole du soulèvement et
dont le monument central a été rasé par le gouvernement.
Les forces anti-émeutes, déployées à la sortie des villages et autour de
la place de la Perle, les en ont dissuadés, selon des témoins.
Les Etats-Unis, dont la Ve Flotte est basée à Bahreïn, et qui ont
toujours eu une position très prudente sur les troubles, ont appelé
vendredi les forces de sécurité à la "retenue". Mais le département
d’Etat a aussi "condamné tous les actes de violence" perpétrés par des
opposants bahreïnis et plaidé pour le "dialogue" politique.
L’impasse politique persiste à Bahreïn malgré une récente initiative du
prince héritier Salmane Ben Hamad Al-Khalifa pour relancer le dialogue
national, qui a tourné court à deux reprises depuis 2011.
Face à la poursuite de la contestation, le pouvoir a alourdi les peines
pour les auteurs de violences et introduit la peine de mort ou la prison
à perpétuité en cas de morts ou de blessés.
Selon la Fédération internationale des droits de l’Homme, 89 personnes
ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation.
(15-02-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire