dimanche 16 février 2014

Bahreïn : un policier tué au 3e anniversaire de la contestation

Un policier a été tué dans une attaque à la bombe à Bahreïn, où l’opposition chiite préparait un grand rassemblement samedi près de Manama pour commémorer le 3e anniversaire du début de la contestation anti-régime lancée dans la foulée du Printemps arabe.
La mort du policier est intervenue alors que des heurts ont opposé ces derniers jours les forces de sécurité à des protestataires, qui manifestaient dans plusieurs villages chiites à l’appel de l’opposition, conduite par le puissant mouvement Al-Wefaq.
Bahreïn, un petit archipel du Golfe, est secoué depuis trois ans par un mouvement de contestation animé par les chiites, majoritaires, qui réclament des réformes, notamment une monarchie constitutionnelle, dans ce royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.
"Un policier a succombé à ses blessures subies dans une explosion terroriste vendredi soir à Dair", un village chiite, près de l’aéroport international de Bahreïn, sur l’île de Muharaq, la deuxième plus grande de l’archipel, a annoncé samedi le ministère de l’Intérieur.
Il a été blessé en même temps qu’un autre policier alors qu’ils étaient en faction pour "assurer la sécurité routière", a ajouté le ministère sur son compte Twitter, sans plus de détails.
Une attaque à l’explosif avait déjà visé vendredi un bus de la police dans un autre village chiite, Daih, près de Manama, selon le ministère. Cette première attaque n’avait pas fait de victime, selon la même source, mais avait légèrement endommagé le bus, d’après des images mises en ligne sur Twitter.
Selon des témoins, plusieurs protestataires ont été blessés vendredi dans des heurts avec les forces anti-émeutes, qui ont tiré à le chevrotine et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule alors que des cocktails Molotov étaient lancées dans leur direction.
La police a arrêté vendredi 26 personnes soupçonnées d’implication dans des troubles et des actes de "vandalisme" dans divers villages, a indiqué le ministère, au lendemain de l’interpellation de 29 autres.
L’opposition a aussitôt pris ses distances avec ces actes de violence et annoncé dans un communiqué samedi son "rejet de toute attaque à l’explosif".
Elle a ajouté "rejeter de telles pratiques sous toutes leurs formes et quels que soient leur origine ou commanditaire", comme elle "condamne le recours excessif à la violence par les forces de sécurité" contre les manifestants.
Pour prévenir tout débordement, le Wefaq a appelé ses partisans à faire preuve de "discipline" lors du rassemblement qu’il organise samedi, en milieu d’après-midi, sur l’axe routier de Boudaya, reliant plusieurs villages chiites autour de Manama.
Dans un communiqué publié samedi sur son compte Facebook, l’influent mouvement chiite a donné pour consigne à ses partisans d’arborer le drapeau bahreïni et de porter des photos des prisonniers politiques et "des martyrs" de la répression policière.
Des partisans du Collectif du 14 février, un groupe radical, rassemblés vendredi dans des villages chiites ont tenté en vain de marcher en direction de la place de la Perle à Manama, symbole du soulèvement et dont le monument central a été rasé par le gouvernement.
Les forces anti-émeutes, déployées à la sortie des villages et autour de la place de la Perle, les en ont dissuadés, selon des témoins.
Les Etats-Unis, dont la Ve Flotte est basée à Bahreïn, et qui ont toujours eu une position très prudente sur les troubles, ont appelé vendredi les forces de sécurité à la "retenue". Mais le département d’Etat a aussi "condamné tous les actes de violence" perpétrés par des opposants bahreïnis et plaidé pour le "dialogue" politique.
L’impasse politique persiste à Bahreïn malgré une récente initiative du prince héritier Salmane Ben Hamad Al-Khalifa pour relancer le dialogue national, qui a tourné court à deux reprises depuis 2011.
Face à la poursuite de la contestation, le pouvoir a alourdi les peines pour les auteurs de violences et introduit la peine de mort ou la prison à perpétuité en cas de morts ou de blessés.
Selon la Fédération internationale des droits de l’Homme, 89 personnes ont été tuées depuis le début du mouvement de contestation.

(15-02-2014)

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