De la mosquée à al-Aqsa au cimetière Ma’manullah, de Issawiya à Beit
Safafa, c’est toute la ville occupée d’al-Qods qui subit en ce moment un
des crimes les plus effroyables de son histoire, comparable à
l’invasion croisée du moyen-âge, où le sang a coulé dans la mosquée
al-Aqsa et les ruelles de la ville sainte « jusqu’aux genoux », d’après
les historiens.
Le sang coule et a coulé dans la ville d’al-Qods, depuis que les
sionistes s’en sont emparés. Il a coulé dans la mosquée al-Aqsa, dans la
vieille ville et les divers quartiers, de Selwan, à Issawiya, à Sheikh
Jarrah, à She’fat, Beit Hanina et les autres. Mais les crimes de guerre
perpétrés par les sionistes à présent dépassent de loin tout ce que la
ville a connu jusqu’à présent, tout au long de son histoire. Une poignée
de fanatiques haineux (les sionistes) ont décidé que la ville
historique et religieuse d’al-Qods, qui renferme un des patrimoines les
plus prestigieux du monde, serait une ville juive à la manière sioniste.
Cette ville, qui fut surnommée par ses fondateurs « ville de paix » est
devenue, depuis l’occupation sioniste de la Palestine, une ville hantée
par la haine des colons soutenus par les forces de l’arrogance dans le
monde.
La mosquée al-Aqsa est quotidiennement profanée par les officiels de
l’entité coloniale comme par les colons, les soldats et soldates mais
aussi par les touristes qui pénètrent dans la mosquée sous escorte
policière sioniste, sans afficher un quelconque respect pour les fidèles
et pour l’islam, au nom duquel elle fut érigée. Aux yeux des occupants,
la mosquée n’est plus un lieu exclusif musulman. Ils s’en sont emparés
et veulent la partager, avant de pouvoir la détruire pour construire un
temple qui aurait été là il y a des millénaires. Malgré toutes les
fouilles archéologiques menées par les autorités de l’occupation
elles-mêmes, aidées par des équipes occidentales, aucune preuve n’a été
apportée qu’un tel temple se trouvait là, et même si c’était le cas, les
sionistes d’aujourd’hui qui ont pris d’assaut la Palestine ne peuvent
revendiquer être les descendants des tribus passagères des hébreux
d’antan, à moins de distordre l’histoire mille et une fois.
Au nom de quelle logique, sinon celle de l’arrogance impériale et
coloniale, de la puissance militaire, de la haine et du racisme, les
sionistes prétendent démolir le patrimoine d’une ville plusieurs fois
millénaire, pour en faire une ville « juive », qui serait la capitale
des juifs dans le monde ? Qu’est-ce qui leur permet de satisfaire leur
appétit criminel, sinon la complicité des impéralismes occidentaux qui
ont, eux aussi, maintes fois détruit des lieux historiques, ailleurs
dans le monde, et qui ont mené des guerres et des génocides, au nom de
la civilisation et des droits de l’homme blanc, pour s’emparer des
richesses d’autres pays et peuples ?
Qu’est-ce qui leur permet de
poursuivre leurs crimes en Palestine, dans la ville d’al-Qods et
ailleurs, sinon la complicité des Etats occidentaux qui ont décidé que
la Palestine, le cœur du monde arabe, devait rester entre les mains des
spoliateurs, approuvant et endossant même la falsification de l’histoire
et de la géographie, au profit des colonisateurs ?
Ce qui encourage les occupants à poursuivre leur crimes en Palestine,
et plus précisément dans la ville d’al-Qods, c’est surtout l’attitude
des régimes arabes et musulmans, et même souvent des peuples dont les
révoltes récentes ont été dévoyées par l’ignorance crasse injectée à
coup de pétrodollars ou tout simplement de dollars et d’euros.
La Palestine est donc seule, ignorée par les frères, et la ville
d’al-Qods est menacée par l’occupation la plus sordide de l’histoire de
l’humanité. A Beit Safafa, les colonisateurs envisagent la construction
d’une route en plein milieu du quartier palestinien, pour faciliter le
déplacement des colons. Beit Safafa avait déjà été partagé, lors de
l’occupation en 1948. Une partie du quartier a déjà été judaïsée, et à
présent, une autre portion, la route et ses espaces de part et d’autre,
serait confisquée, et ce qui restera du quartier, partagé une nouvelle
fois. C’est le morcellement de tout espace demeuré palestinien, pour le
réduire à néant.
Le cimetière Ma’manullah, cimetière historique où sont enterrés
d’illustres musulmans mais aussi des familles maqdisies, subit le
dernier coup avant sa disparition. Non seulement le « musée de la
tolérance » à la manière sioniste serait construit, mais c’est à présent
une « aire de jeux pour enfants » et un parking qui vont faire
disparaître un des témoins de l’histoire millénaire de la Palestine.
Dans la mosquée al-Aqsa, soumise au blocus, les policiers et
garde-frontières entrent, attaquent les étudiantes qui y étudient,
piétinent le saint Coran. Où sont passés les mots d’ordre des foules,
scandés jusqu’à l’hystérie : « vers al-Qods nous partirons, des martyrs
par millions » ? Cependant, le martyre n’est pas une simple affaire,
mais une école, une éducation, un projet, une vie.
La population maqdisie résiste. Elle protège sa ville et les lieux
saints de l’Islam et de la Chrétienté, alors que les musulmans et les
chrétiens dans le monde détournent leurs regards, par lâcheté ou par
complicité. Pas un jour ne passe sans qu’une manifestation,
protestation, déclaration ou tentative de tuer ou de poignarder un colon
ou un soldat n’aient lieu. Samer Issawi, en grève de la faim depuis
plus de 230 jours, a refusé la proposition des autorités de l’occupation
consistant à le libérer à condition qu’il accepte sa déportation vers
la bande de Gaza. Il a compris qu’accepter sa déportation signifiait
avant tout abandonner la lutte et laisser faire la judaïsation de sa
ville. Les maqdisis savent qu’il leur faut tenir comme tient Samer
Issawi. Ils ne partiront pas, même au prix de leur martyre.
Même si les autorités de l’occupation ont isolé la ville d’al-Qods de
son environnement palestinien, même si elles prennent des mesures de
plus en plus criminelles et racistes, même si elles sont soutenues par
la communauté internationale complice, eux, les Maqdisis, ne partiront
pas. Ils résisteront. Et que tous les autres assument.
(Fadwa Nassar, 12 mars 2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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