Le Forum social mondial (FSM), réunion annuelle d’alter-mondialistes, se
tient à Tunis de mardi à samedi pour se pencher sur les problèmes
sociaux-économiques à l’origine des révolutions arabes, mais aussi sur
la contestation en Occident face à la crise et l’austérité.
Un peu plus de deux ans après le premier des soulèvements arabes, des
dizaines de milliers de personnes et 4.500 organisations sont attendues à
Tunis pour ce forum baptisé "Dignité", mot d’ordre de la révolution
tunisienne.
Quelque 1.000 ateliers, concerts et spectacles sont prévus, avec en
ouverture une "assemblée des femmes" et une manifestation à travers le
centre de Tunis. En clôture, un défilé de soutien au peuple palestinien
est prévu le 30 mars.
Le FSM, pendant alter-mondialiste au Forum économique mondial de Davos
qui réunit le gotha politique et économique dans une station de ski
huppée des Alpes suisses, se tient pour la troisième fois en Afrique
(Nairobi en 2007, Dakar en 2011) mais c’est la première fois qu’il a
lieu dans un pays arabe.
Les organisateurs ont dès lors placé "les processus révolutionnaires,
révoltes, soulèvements, guerres civiles et contestations" au coeur des
discussions, d’autant que les problèmes socio-économiques à l’origine de
ces évènements restent des facteurs déstabilisateurs pour la région.
Ainsi en Tunisie, l’anémie de l’économie et un chômage de 17% sont
nourris par une impasse politique et des vagues successives de violence.
"Démocratie, justice sociale, emploi, lutte contre la corruption, contre
les dilapidations des biens publics, pour l’accès à la santé et
l’éducation, pour la liberté, pour la dignité et la citoyenneté : c’est
un moment de réflexion sur l’avenir de ces processus révolutionnaires",
note le comité d’organisation du FSM.
Mais la contestation en Occident, dans un contexte d’austérité
économique et de plans sauvetages à répétition pour les banques
surendettées, sera aussi au coeur des débats.
Dès lors, l’association française Attac (Association pour la taxation
des transactions financières et pour l’action citoyenne) relève que le
FSM se doit de faire le lien entre ces mouvements concomitants dans les
pays du Nord et ceux du Sud afin de trouver des "alternatives" au modèle
néo-libéral.
Révoltes arabes, manifestations en Grèce, mouvement des Indignés en
Espagne ou encore "Occupy Wall Street" aux Etats-Unis, bien des
revendications sont communes, qu’il s’agisse de justice sociale, du
partage équitable des ressources ou de la lutte contre le "diktat" du
monde de la finance.
Cependant peu de personnalités politiques de premier plan sont attendues
à Tunis, contrairement aux années précédentes lorsque le FSM attirait,
comme lors de sa fondation en 2001 à Porto-Alegre au Brésil, une
kyrielle de dirigeants étrangers.
"C’est un forum où les enjeux sont beaucoup plus forts, il est moins
facilement récupérable et la classe politique est désemparée face à des
mouvements comme Occupy et Indignés dont la mobilisation s’est faite
hors des cadres institutionnels", estime Geneviève Azam, porte-parole
d’Attac.
Les thèmes classiques du FSM seront aussi très présents : environnement,
développement durable, immigration ou encore la question de
l’endettement des pays du Sud.
Sur le plan logistique, les organisateurs du forum sont confrontés à des difficultés.
"Nous avons des difficultés financières réelles, car l’argent alloué par
les bailleurs n’arrive pas à temps", a ainsi déclaré vendredi le
coordinateur général, Abdel Rahmane Hedhili, sans préciser les montants
en cause.
Le logement des participants venant des pays du sud et ne pouvant se
permettre l’hôtel risque aussi d’être problématique, même si l’Etat
tunisien met à disposition quelque 12.000 lits dans les universités et
lycées de Tunis.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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