La crise syrienne a poussé Israël et la Turquie à mettre fin à leur
dispute, avec un coup de pouce du président américain Barack Obama, mais
le retour à une pleine confiance entre les deux anciens alliés
régionaux prendra du temps, estiment les commentateurs.
Dans un geste spectaculaire, le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu a présenté vendredi ses excuses à son homologue turc Recep
Tayyip Erdogan pour la mort de neuf Turcs dans l’arraisonnement d’une
flottille pour Gaza en 2010, alors que M. Obama s’apprêtait de quitter
Israël pour Amman.
Le raid des commandos israéliens contre le ferry turc Mavi Marmara avait
provoqué une quasi-rupture des relations turco-israéliennes.
"Le fait qu’en Syrie la situation empire d’une minute à l’autre a été un
facteur crucial pour moi", confesse dimanche Benjamin Netanyahu sur sa
page Facebook, qui craint que l’arsenal d’armes chimiques du régime de
Bashar al-Assad ne tombe entre les mains des extrémistes.
"Il est important que la Turquie et Israël, des pays limitrophes de la
Syrie, puissent se parler. Cela est aussi souhaitable pour d’autres
défis régionaux", a-t-il ajouté en référence au programme nucléaire
iranien.
Lors d’une visite en Jordanie, le nouveau secrétaire d’Etat américain
John Kerry a insisté samedi sur l’importance de la réconciliation
israélo-turque dans une région secouée par des révolutions, car elle
"contribuera aux progrès de la paix et de la stabilité dans la région".
Selon le quotidien populaire israélien Yédiot Aharonot, c’est surtout la
guerre civile en Syrie qui a motivé M. Erdogan à régler le contentieux
avec Israël. "Erdogan a assoupli ses positions, pas à cause de Kerry
mais à cause d’Assad", estime son éditorialiste Nahum Barnea.
"Les trois pays (Israël, Turquie, Etats-Unis) sont très inquiets de la
possibilité que des armes syriennes sophistiquées —surtout des armes
chimiques— ne tombent aux mains du (mouvement chiite libanais) Hezbollah
et de groupes jihadistes", ajoute-t-il.
"Entre nous et la Turquie se trouve un pays en pleine désintégration,
disposant d’armes chimiques, qui ont déjà été utilisées et qui
pourraient être disséminées dans toute la région", a dit le conseiller
pour la Sécurité nationale, Yaakov Amidror, interrogé à la télévision.
"Meilleure sera la coordination entre les Turcs et nous, plus facile il
sera de faire face au problème qui risque de nous exploser à la figure à
tout instant", a-t-il argué.
Amidror a nié que la réconciliation ait été le résultat de la
pression américaine, assurant qu’il s’agissait d’une idée israélienne et
que les discussions avec la Turquie étaient engagées "depuis
longtemps".
Mais la plupart des commentateurs soulignent qu’après le retour des
ambassadeurs des deux pays dans leurs représentations respectives et le
paiement par Israël des indemnités aux familles des victimes turques, le
rétablissement de la confiance prendra du temps.
"L’arrière-goût amer de cette affaire ne va pas disparaître du jour au lendemain", estime le quotidien Haaretz (gauche).
"Ce n’est pas une histoire d’amour maintenant entre la Turquie et
Israël", renchérit l’expert diplomatique du Yédiot Aharonot, Alex
Fishman : "Ce sont les intérêts qui parleront. Si un dialogue
stratégique commence entre la Turquie et Israël et que les positions des
deux pays sont coordonnées cela suffira".
En attendant, M. Erdogan a annoncé samedi qu’il envisageait d’ici fin avril une visite à Gaza et en Cisjordanie.
A Gaza, le mouvement radical palestinien Jihad islamique, très proche de
l’Iran, a déploré "une victoire imaginaire pour Turquie" et dénoncé les
excuses "empoisonnées" d’Israël.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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