"Je suis rentré il y a trois semaines car il n’y a plus aucune région
où l’on soit en sécurité, alors autant rester chez soi" : comme
Hussein, de nombreux Alépins sont revenus, redonnant un semblant de vie à
la capitale économique syrienne plongée depuis neuf mois dans la
guerre.
"Avant nous cherchions des zones plus sûres, plus calmes, pour éviter à
nos enfants d’entendre les bombardements mais il n’y en a plus en
Syrie", affirme ce petit commerçant, père de quatre enfants, alors que
résonnent des tirs au loin.
Dans sa boutique du quartier de Chaar (est), où les bombardements se
sont récemment faits plus rares mais où de nombreux immeubles portent
les stigmates des raids aériens, les rayonnages sont remplis.
Il vend des conserves, du riz, des fruits secs, des barres de céréales et son comptoir déborde de bonbons aux couleurs criardes.
Les prix ont flambé, reconnaît Faïm, 23 ans, un vendeur de légumes. "La
tomate subventionnée par les autorités coûtait 20 livres le kilo, contre
plus de 50 aujourd’hui", dit-il.
Mais la boutique est achalandée. "Alep a toujours été un centre
commercial, économique et industriel, nous avons d’importantes
réserves", explique Hussein. "Même si cela devait encore durer dix ans,
nous ne manquerions de rien", lance-t-il confiant.
Car à Alep, la quasi-totalité des civils sont convaincus que la guerre est loin d’être finie.
Mais, assure Moustapha, un couturier de 35 ans, si "la situation des
habitants d’Alep est meilleure qu’au début de la bataille (en juillet
2012) c’est surtout parce que nous nous sommes habitués à ces difficiles
conditions de vie".
De fait, la plupart des échoppes des quartiers tenus par les rebelles
sont ouvertes et approvisionnées depuis quelques semaines et les
trottoirs sont de nouveau encombrés par les badauds.
Les rebelles, qui patrouillaient un peu partout dans la ville, sont
désormais concentrés dans les zones proches du front et les armes sont
moins visibles dans de nombreux quartiers.
Ce gérant d’une pâtisserie montre fièrement ses gâteaux qu’il fabrique
avec des matières premières qu’il va acheter dans les quartiers tenus
par le régime. Parce qu’il passe d’un côté à l’autre de la ligne de
front, il préfère parler sous le couvert de l’anonymat, redoutant d’être
arrêté à un barrage.
"Les quartiers tenus par l’armée sont beaucoup plus sûrs. D’abord parce
qu’il ne sont pas la cible de raids aériens là-bas, mais aussi parce que
dans les zones rebelles, quiconque avec une longue barbe peut en finir
avec toi sans explication".
Ce n’est qu’à mots couverts qu’il évoque les groupes jihadistes. A Alep,
les avis sont partagés, si ce commerçant semble leur en vouloir,
Mohammed loue au contraire les combattants du Front Al-Nosra : "les
zones sous leur contrôle sont sûres à 100%, celles tenues par l’Armée
syrienne libre (ASL, rebelles) le sont bien moins", dit-il.
A cause de cette insécurité, certains ont attendu plus longtemps avant
de sortir, craignant qu’une accalmie précaire soit rompue à tout moment.
"C’est la première fois que mes filles sortent depuis quatre ou cinq
mois. La maison était devenue une prison", explique Isra, 40 ans, assise
sur un banc d’un jardin public du quartier d’As-Soukkari (sud).
Elle surveille, un sourire aux lèvres, ses jumelles âgées de cinq ans
qui se lancent une petite balle bleue. Sur les carrés de gazon alentour
des groupes de jeunes gens, filles aux voiles colorés et garçons dans
leurs habits du dimanche, discutent assis dans l’herbe.
A Alep, neuf mois après le début des combats dans cette ville cruciale, la vie reprend doucement son cours.
A quelques rues de là, quelques dizaines de manifestants défilent,
réclamant la chute du régime, mais plus personne n’y prête attention.
**
Réfugiés syriens : Barack Obama annonce une aide de 154 millions d’euros à la Jordanie
Le président américain Barack Obama a déclaré vendredi à Amman qu’il
était "très inquiet" que la Syrie, où un conflit meurtrier est entré
dans sa troisième année, devienne un refuge pour l’extrémisme. "Je suis
très inquiet que la Syrie devienne une enclave pour l’extrémisme, car
les extrémistes prospèrent dans une situation de chaos, prospèrent en
cas de vide du pouvoir", a déclaré Barack Obama, lors d’une conférence
de presse en présence du roi Abdallah II de Jordanie à Amman.
En décembre, Washington avait inscrit sur sa liste d’organisation
terroriste un des principaux groupes de la rébellion : le Front
jihadiste Al-Nosra, soupçonné d’affiliation à al-Qaida. Barack Obama a
également promis de demander au Congrès de fournir à la Jordanie 200
millions de dollars (154 millions d’euros), destinés à venir en aide aux
réfugiés syriens accueillis par le royaume hachémite.
Ces fonds devraient aider la Jordanie à fournir plus de services
humanitaires aux réfugiés syriens, a affirmé le président américain.
"Cela brise le coeur de n’importe quel parent de voir des enfants subir
de tels bouleversements", a-t-il estimé. D’après les autorités, le
royaume hachémite accueille plus de 460 000 Syriens, dont 120 000 dans
le seul camp de Zaatari (nord). À plusieurs reprises, la Jordanie a
appelé la communauté internationale à l’aider à faire face à l’afflux de
réfugiés syriens, qui pourraient atteindre les 700 000 d’ici fin 2013.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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