Des groupes radicaux du mouvement autonomiste dans le sud du Yémen
mobilisaient dimanche leurs partisans contre le dialogue national qu’ils
ont décidé de boycotter, réclamant la sécession.
Aden, principale ville méridionale du Yémen, était partiellement
paralysée par une grève, observée notamment dans les écoles et les
universités, et des milliers de personnes étaient attendues en soirée à
un rassemblement contre le dialogue, qui doit s’ouvrir lundi à Sanaa.
"Nous refusons la participation au dialogue national, une trahison au
programme de la révolution du Sud", a déclaré un militant, Hussein Zein,
à Muwalla, un fief du Mouvement sudiste à Aden, où les contestataires
commençaient à se rassembler dans l’après-midi.
Des dizaines de voitures, émettant par hauts parleurs des chants
patriotiques, sillonnaient les rues du quartier, appelant les habitants à
participer au rassemblement.
Les murs étaient noircis de graffitis et de slogans hostiles au dialogue
et appelant à la sécession du Sud, un Etat indépendant jusqu’en 1990.
Des activistes ont indiqué qu’une marche pourrait se tenir après le
rassemblement en direction de Khor Maksar, le quartier administratif et
diplomatique voisin.
Le mouvement de protestation est organisé par la tendance dure du
Mouvement sudiste, animée par l’ancien président Ali Salem al-Baïd, qui
vit en exil au Liban et réclame la sécession du Sud.
Ses partisans ont décidé de boycotter le dialogue national destiné à
élaborer une nouvelle Constitution et préparer des élections pour
février 2014, au terme d’une période de transition de deux ans, après le
départ négocié du président contesté Ali Abdallah Saleh.
Prévu initialement en novembre, le dialogue a été retardé en raison des
réserves des sudistes, dont des personnalités ont fini par accepter de
se faire représenter.
"C’est un complot", a dénoncé Qassem Askar, un dirigeant de la tendance
d’Al-Baïd, affirmant que "plusieurs personnes désignées pour représenter
le Sud n’en ont pas été informées, ont retiré leurs noms ou sont
d’origine nordiste".
Le dialogue est également boycotté par le Conseil supérieur du Mouvement
sudiste de Hassan Bawm, le groupe séparatiste le plus influent, ainsi
que par le Conseil national des habitants du Sud de Haïdar Abu Bakr
al-Attas, un ex-Premier ministre qui vit en exil aux Emirats arabes
unis, et la coalition nationale démocratique de Khaled Ba-Harun.
Ces groupes séparatistes organisent depuis le 21 février tous les
mercredis et samedis des matinées de "désobéissance civile" à Aden, pour
protester contre la mort de plusieurs des leurs lors d’affrontements
avec les forces de sécurité.
Ce mouvement de désobéissance sera à nouveau observé lundi à Aden et
dans la province du Hadramawt (sud-est) pour faire entendre la voix du
Sud, selon des activistes.
En revanche, d’autres composantes comme le Conseil national du peuple du
Sud, dirigé par Ahmed Ben Férid al-Suraimeh et Mohamed Ali Ahmed,
partisans du principe d’autodétermination et rentrés récemment d’exil,
et les Sudistes indépendants, un groupe fédéraliste conduit par Abdallah
al-Asnaj, exilé en Arabie saoudite, ont confirmé leur participation au
dialogue.
Zeid al-Salami, un activiste sudiste qui participe au dialogue à Sanaa,
explique que ce dialogue "offre l’occasion de poser la juste cause du
Sud et de défendre le peuple du Sud à exercer le droit
l’autodétermination par référendum et sous supervision de l’ONU".
Quant aux habitants du Sud, qui représentent quatre millions sur une
population totale de 24,8 millions de Yéménites, ils se disent inquiets
en raison de l’instabilité dans leur région.
"Nous voulons la stabilité pour pouvoir travailler, la vie est quasi
paralysée depuis des mois", affirme Baligh Ahmed, un marchand ambulant
de 25 ans, résumant un raz-le-bol des jeunes du Sud.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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