Le dirigeant intérimaire de la Libye a été visé par des tirs, dans un
climat de tension politique autour d’un projet de loi controversé sur
l’exclusion politique de collaborateurs du régime Kadhafi.
La voiture du président de la plus haute autorité politique de Libye,
Mohamed al-Megaryef, a essuyé des tirs mardi soir à Tripoli au moment où
ce dernier quittait dans la confusion une salle de réunion assiégée par
des manifestants, a annoncé mercredi le ministre de l’Intérieur.
Le ministre de l’Intérieur Achour Chwayel a ajouté au cours d’une
conférence de presse que le chef du Congrès général national (CGN), est
sorti indemne de l’attaque. Sa "voiture a essuyé des tirs, à la sortie
des membres de l’Assemblée dans la confusion la plus totale".
Selon M. Chwayel, "des manifestants étaient armés et certains étaient en possession d’explosifs".
L’agence libyenne Lana qui cite un responsable du CGN a indiqué de son
côté que la voiture de M. Megaryef avait été la cible de "tirs nourris",
affirmant ignorer "s’il s’agissait d’une tentative d’assassinat ou de
tirs accidentels".
Quelques dizaines de protestataires ont assiégé mardi jusqu’à une heure
tardive de la soirée plus d’une centaine de députés, dont le président
du CGN, dans un bâtiment de la banlieue-sud de Tripoli, pour les obliger
à voter une loi sur "le bannissement politique" des anciens
collaborateurs du régime déchu.
Un membre du CGN, Jomaa al-Sayeh, qui avait tenté de fuir les lieux a
été rattrapé et agressé par la foule, selon des images diffusées sur
internet.
Le CGN a récupéré mardi ses locaux, très endommagés par leur occupation
depuis près d’un mois par d’ex-rebelles blessés — durant la révolution
ayant renversé le régime de Muammar Kadhafi en 2011 — qui réclamaient
réparation.
Mais craignant de nouvelles violences, les membres du CGN avaient décidé
de se réunir mardi dans les locaux de l’Institut météorologique, dans
la banlieue sud de Tripoli, un lieu qui était censé être tenu secret.
"Nous n’avons pas été informés du lieu de la réunion", a déploré
M. Chwayel pour expliquer l’absence d’un dispositif de sécurité autour
du bâtiment.
Les travaux de l’Assemblée ont été perturbés à plusieurs reprises par
des manifestants, parfois armés, protestant contre une décision du CGN
ou contre le gouvernement.
Critiqué, le Premier ministre Ali Zeidan, a expliqué mercredi que son
gouvernement avait privilégié la "sagesse" plutôt que l’utilisation de
la force qui pourrait aggraver la situation.
Proposé en décembre, le projet de loi sur l’exclusion politique vise à
écarter les anciens responsables du régime de Kadhafi et leurs
collaborateurs.
Il a provoqué des débats houleux au CGN et des remous au sein de la
classe politique eu égard au risque d’exclure plus de 30 membres de
l’Assemblée et actuels dirigeants, dont M. Megaryef et Ali Zeidan, qui
étaient, dans les années 1980, des diplomates, avant de faire défection.
Le texte n’épargne pas en effet les opposants historiques au régime de
Muammar Kadhafi qui se sont réconciliés avec lui à un certain moment.
Il exclut par ailleurs les responsables de médias et d’universités, et
même les artistes ayant contribué à la propagande du régime.
Les détracteurs de la loi estiment que ce projet de loi a été fait "sur
mesure" pour écarter Mahmoud Jibril, le chef de l’Alliance des forces
nationales (AFN, de tendance libérale) qui a gagné les élections
législatives de juillet 2012, devant les islamistes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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