Les forces de sécurité syriennes après un attentat suicide à l'ancien palais de justice de Damas, le 15 mars 2017 (Afp)
La Syrie est entrée dans sa septième année de guerre avec deux nouveaux
attentats suicide à Damas et au moins nouveaux 32 morts pour un conflit
qui a déjà pris la vie de plus de 320.000 personnes.
Le terrible bilan humain de ce conflit, considéré comme le plus
meurtrier depuis le début du XXIe siècle, s'est aussi alourdi avec la
mort de 25 personnes, dont 14 enfants, dans des raids aériens sur la
ville d'Idleb, en territoire rebelle et jihadiste.
Coïncidence avec ces attentats ? Washington envisage en tout cas de
déployer jusqu'à un millier de soldats supplémentaires pour l'offensive
sur Raqa, le principal fief de Daesh en Syrie.
Ce déploiement "est une des propositions qui est sur la table pour être
discutée", a indiqué un responsable du Pentagone mercredi, soulignant
cependant que cette proposition n'avait pas encore été soumise à
l'approbation du président Donald Trump.
Cela doublerait les effectifs militaires américains déployés en Syrie, actuellement entre 800 et 900.
Ces deux nouveaux attentats, en moins de deux heures, dans une capitale
jusqu'à présent relativement épargnée par les violences, surviennent
cinq jours après la double attaque qui y a fait 74 morts et a été
revendiquée par l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie.
Vers 13h10 (11h10 GMT), mercredi, un kamikaze s'est d'abord fait
exploser dans un bâtiment abritant deux tribunaux près de l'entrée du
fameux souk, au cœur de la capitale, tuant au moins 32 personnes et en
blessant une centaine, a indiqué une source policière à l'AFP.
Moins de deux heures plus tard, dans le quartier de Raboué, dans l'ouest
de Damas, un autre kamikaze "a déclenché sa ceinture explosive à
l'intérieur d'un restaurant après avoir été pourchassé et cerné" par les
services de sécurité, selon l'agence officielle Sana. La police a fait
état de 25 blessés.
Après le deuxième attentat, et alors qu'il s'agissait de l'heure de
pointe, les rues de la capitale avaient été largement désertées, selon
les correspondants de l'AFP.
Moins de deux heures plus tard, dans le quartier de Raboué, dans l'ouest
de Damas, un autre kamikaze "a déclenché sa ceinture explosive à
l'intérieur d'un restaurant après avoir été pourchassé et cerné" par les
services de sécurité, selon l'agence officielle Sana. La police a fait
état de 25 blessés.
Après le deuxième attentat, et alors qu'il s'agissait de l'heure de
pointe, les rues de la capitale avaient été largement désertées, selon
les correspondants de l'AFP.
Ce double attentat n'avait pas encore été revendiqué mercredi soir mais,
fait rare, le puissant groupe rebelle islamiste Ahrar al-Cham a publié
un communiqué "condamnant dans les termes les plus forts les attentats
terroristes criminels".
Dans la ville d'Idleb (nord-ouest), un homme, 13 membres de sa famille
ainsi que la famille de son frère --soit 25 civils au total-- ont péri à
l'aube dans des raids "vraisemblablement russes".
Et dans l'est de la province d'Alep (nord) un caméraman a été tué
lorsque son équipe a été la cible d'une attaque "terroriste de Daesh" , selon la télévision
d'Etat syrienne.
Au total ces six années de guerre ont également fait plus de 11 millions
de déplacés et de réfugiés --soit la moitié de la population
d'avant-guerre-- et laissé en ruines l'infrastructure du pays.
Ce sombre anniversaire a coïncidé avec un troisième cycle de pourparlers
de paix sur la Syrie au Kazakhstan, mais celui-ci, boycotté par les
rebelles, s'est terminé mercredi sans avancées concrètes.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a qualifié ce conflit
d'un "des pires de notre époque": "La paix en Syrie est un impératif
moral et politique, tant pour le peuple syrien que pour le monde",
a-t-il insisté.
L'étincelle de cette guerre complexe avait été allumée le 15 mars 2011
par des manifestations pacifiques après l'arrestation et la torture
d'élèves soupçonnés d'avoir écrit des slogans anti-régime sur les murs à
Deraa (sud).
Durement réprimées, ces manifestations avaient dégénéré en une rébellion
armée puis en une guerre civile impliquant une myriade de forces
locales et étrangères.
"Mes plus beaux souvenirs de la révolution, c'est lorsque ma ville a été
libérée de l'oppresseur Bashar al-Assad", affirme à l'AFP Abdallah
al-Hussein, 32 ans, un joueur de foot de la ville de Saraqeb.
La communauté internationale a été divisée pendant des années entre un
bloc pro-régime mené par la Russie et l'Iran d'une part, et un camp
pro-opposition mené par les Etats-Unis, de nombreux pays européens ainsi
que la Turquie et les pays du Golfe.
Mais le régime de Bashar a renversé la donne avec l'appui indéfectible et militaire de Moscou, entrée en action en septembre 2015.
En face, la rébellion a été minée par des dissensions internes et
éclipsée par la montée de groupes jihadistes brutaux comme Daesh.
Dans le même temps, l'opposition politique ne peut plus trop compter sur
le soutien turc, après le rapprochement fin 2016 entre Moscou et
Ankara.
Quant aux Américains, ils restent "impliqués dans la recherche d'une
solution diplomatique et de paix au conflit syrien", a insisté Mark
Toner, le porte-parole du Département d'Etat mercredi: mais "chacun de
nous sait à quel point c'est difficile", a-t-il ajouté.
"A moins d'une solution politique globale et inclusive, la Syrie
pourrait continuer à être le théâtre d'un conflit purulent durant des
années", prévient Karim Bitar, chercheur à l'Iris à Paris.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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