L'ex-président
égyptien Hosni Moubarak est transféré d'un hélicoptère à une ambulance
à l'extérieur de l'hôpital militaire de Maadi au Caire, le 2 mars 2017
(Afp)
La remise en liberté décidée lundi par la justice de l'ex-président Hosni Moubarak, qui a régné d'une main de fer pendant 30 ans, vient clore symboliquement le chapitre du Printemps arabe en Egypte.
L'avocat Me Farid el-Deeb a précisé que M. Moubarak, actuellement retenu dans un hôpital militaire du Caire, "pourra rentrer chez lui lorsque les docteurs diront qu'il peut sortir".
Il ne pourra toutefois pas se rendre à l'étranger, d'après son avocat.
M. Moubarak, 88 ans, est en effet interdit de voyage en raison d'une enquête de l’organisme égyptien des gains illicites, qui surveille les fortunes accumulées de manière frauduleuse.
M. Moubarak a passé le plus clair de son temps dans un hôpital militaire en résidence surveillée au Caire depuis son arrestation en 2011.
Dans le dossier sur la mort de manifestants, il a été accusé d'avoir incité au meurtre des participants aux manifestations pendant la révolte de 18 jours, au cours de laquelle quelque 850 personnes ont été tuées lors d'affrontements avec la police.
Il avait été condamné à la prison à vie en juin 2012 mais un nouveau procès avait été ordonné par la justice.
En novembre 2014, un autre tribunal qui le rejugeait avait finalement ordonné l'abandon des accusations, blanchissant ainsi M. Moubarak, mais le parquet avait introduit un recours en cassation.
Le 2 mars, la cour de Cassation a finalement confirmé l'abandon des charges.
A la suite de cette décision, les familles de victimes des violences de 2011 avaient réagi avec colère pour certains.
Pour Khalifa Ahmed, 69 ans, qui a perdu son fils Ahmed le 28 janvier 2011, lors d'une manifestation réprimée dans le sang, "la sentence n'a pas de sens".
Mostafa Morsi, qui a également perdu son fils, Mohamed, le même jour, a dénoncé une justice "corrompue". "Le sang de notre fils a coulé pour rien (...) La corruption est de retour en force", avait-il dit à l'AFP au lendemain de la décision de la cour de Cassation.
"J'aurais pensé que le Printemps arabe nous aurait donné une meilleure qualité de vie, mais c'est pire. Tout est pire", avait-il dit.
Il s'agissait de la dernière procédure judiciaire visant M. Moubarak. L'ex-raïs, qui a régné 30 ans sans partage sur l’Égypte, a été jugé dans plusieurs affaires depuis son retrait du pouvoir en février 2011.
Par ailleurs, en janvier 2016, la cour d'appel a confirmé une peine de trois ans de prison pour M. Moubarak et ses deux fils dans une affaire de corruption.
M. Moubarak était accusé avec ses deux fils d'avoir détourné plus de 10 millions d'euros, alloués à l'entretien des palais présidentiels. Outre les 3 ans de prison, tous trois ont été condamnés ensemble à payer une amende de 125 millions de livres égyptiennes (environ 15 millions d'euros) et à rembourser à l’État 21 millions de livres (2,5 millions d'euros).
Mais la peine prononcée tenait compte du temps déjà effectué en prison. Ses deux fils, Alaa et Gamal, ont été remis en liberté.
Avant la révolte, Gamal avait été longtemps pressenti pour prendre sa succession à la tête de l’Égypte.
Après 2013 et la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée, les démêlés judiciaires de ce dernier avaient éclipsé ceux de M. Moubarak.
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