Des
musiciens syriens jouent sur la scène du théâtre antique de Palmyre,
le 4 mars 2017 lors d'une visite organisée par l'armée de Bashar pour
les journalistes (Afp)
Sur la scène du théâtre antique de Palmyre, que l'armée de Bashar
vient de reprendre à Daesh, Angel Dayoub
interprète le célèbre refrain arabe: "Nous serons de retour".
La voix mélodieuse de cette chanteuse de 15 ans emplit cet édifice
du IIe siècle, lourdement endommagé par Daesh, qui a abandonné la
ville jeudi à l'approche de forces gouvernementales soutenues par la
Russie.
"Les quelques destructions ne nous décourageront pas de venir chanter et jouer ici", dit-elle à l'AFP.
"Je veux jouer de la musique et chanter partout où Daesh a été chassé
car ce groupe hait la chanson et interdit de jouer d'un instrument",
ajoute-t-elle sur un ton de défi.
"Nous chantons 'Nous serons de retour' car nous allons revenir
encore plus fort. Chacun reconstruira le pays à sa manière. Nous
voulons le faire avec la musique et la chanson", explique-t-elle.
Palmyre, située en plein désert dans le centre du pays et dont les
ruines ont été inscrites au patrimoine mondial de l'humanité en
1980, a changé plusieurs fois de mains lors des six ans de guerre. Daesh s'en est emparé en mai 2015 et a détruit et vandalisé des
trésors archéologiques durant dix mois d'un premier règne brutal.
A la recherche d'un spectaculaire mortifère, les jihadistes
s'étaient livrés dans le théâtre romain à des exécutions, avant d'en
être chassés en mars 2016.
Mais ils étaient revenus en décembre. Ils avaient alors détruit le
tétrapyle, un monument de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle,
et saccagé le théâtre.
Les jeunes musiciens ont donné un aperçu de leur talent devant une
audience de soldats syriens et russes auxquels s'étaient joints des
journalistes effectuant une visite organisée par l'armée.
Des explosions étaient encore audibles, en raison des combats des
forces syriennes et de leurs alliés russes contre l'EI au nord et à
l'est de la ville.
"Daesh voulait interdire le théâtre, la
chanson, mais moi je veux les défier", assure Maysaa al-Nuqari, une
jeune joueuse d'oud.
Vêtue d'une veste en cuir noir et de bottes de combat, cette jeune
fille aux cheveux frisés teints en rouge appelle les autres
musiciens à venir jouer.
"Daech, ce sont les ténèbres mais la musique, c'est la lumière", lance-t-elle.
Fondée il y a 2000 ans, Palmyre était une oasis caravanière qui
tomba sous le contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle
et fut rattachée à la province romaine de Syrie.
La ville devint une cité prospère sur la route reliant l'Empire
romain à la la Perse, l'Inde et la Chine, grâce au commerce d'épices
et de parfums, de la soie et de l'ivoire de l'est, des statues et du
travail du verre de Phénicie.
Ses temples magnifiques, ses tombes au style unique et ses allées de
colonnades attiraient 150.000 touristes un an avant la début du
conflit syrien.
Maintenant, l'inventaire de ce qu'ont subi les monuments a été
confié à Wael al-Hafyan, un responsable du département des
Antiquités de la province de Homs.
Ce quadragénaire arpente désormais le site, examine avec attention chaque pièce antique et note le tout sur petit carnet.
"Notre estimation préliminaire est que les nouvelles destructions
sont limitées à la façade du théâtre, son abside, ainsi qu'à
l'explosion du tétrapyle, assure-t-il à l'AFP.
Mais il s'effondre en larmes quand il arrive au théâtre et au
tétrapyle, un édifice de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle.
Daesh l'a réduit en janvier à un amas de pierre, un acte qualifié par
l'ONU de "nouveau crime de guerre et d'immense perte pour le peuple
syrien et l'humanité".
"Quiconque possédant un iota d'humanité ne peut pas ne pas se sentir
triste en les voyant. Je suis triste et je le resterai jusqu'à ce
que Palmyre redevienne ce qu'elle fut", martèle-t-il.
Mais cet ingénieur reste optimiste et considère que Palmyre sera restaurée grâce à l'aide de l'Unesco.
Quand on lui demande de faire le point sur ce qu'il reste des
trésors de Palmyre, Wael al-Hafyan se mord la lèvre et réfléchit.
"Tout Palmyre demeure. Son histoire demeure. Quelques éraflures ne
peuvent pas dénaturer sa beauté. L'énormité de ce qu'a commis Daesh,
tous ses crimes, ne peuvent porter atteinte à la gloire de cette
ville", assure-t-il.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire