Sur le site d'un attentat, le 11 mars 2017 à Damas (Afp)
Un double attentat dans la vieille ville de Damas a fait samedi au moins 46 morts, en majorité des pèlerins chiites irakiens, une des attaques les plus sanglantes ayant frappé la capitale syrienne en six ans de guerre.
Principale place forte du régime du dictateur Bashar al-Assad, la capitale syrienne a été frappée par plusieurs attentats depuis le début de la guerre en 2011, même si elle est restée à l'écart des combats qui ont ravagé les autres villes et localités du pays.
"Il y a eu au moins un kamikaze qui s'est fait exploser" dans la vieille ville, située dans le sud-est de Damas, a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Il a fait état d'un bilan d'au moins 46 morts, dont de nombreux pèlerins chiites irakiens, et de "plusieurs dizaines de blessés dont certains graves" dans cette attaque qui a eu lieu près du cimetière de Bab al-Saghir situé dans le vaste quartier de Chaghour.
Le ministère irakien des Affaires étrangères a fait état d'une quarantaine de ressortissants tués et de plus de 100 blessés.
Selon le ministre syrien de l'Intérieur Mohammad al-Chaar, l'attaque a visé "des pèlerins de différentes nationalités arabes". "Le but était juste de tuer", a-t-il dit.
La télévision d'Etat syrienne a rapporté de son côté 40 morts et 120 blessés, évoquant l'explosion de "deux bombes posées par des terroristes", terme qui fait référence aux ennemis rebelles et jihadistes du régime.
La chaîne a montré des images de plusieurs bus blancs dévastés, avec des vitres brisées et des soutes éventrées. D'autres ont été en partie carbonisés.
Au sol, pêle-mêle des chaussures, des lunettes, et des chaises roulantes à côté de flaques de sang.
L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.
Le secteur de l'attentat de samedi est situé dans une zone où se trouvent de nombreux mausolées chiites, considérés comme des lieux de pèlerinage, mais aussi des mausolées sunnites.
Au cours des dernières années, plusieurs attentats sanglants ont visé Sayeda Zeinab, un haut lieu de pèlerinage chiite près de Damas.
La plupart des attentats ont été revendiqués par des groupes jihadistes hostiles à l'Iran et au mouvement chiite libanais Hezbollah, principaux alliés du régime de Bashar al-Assad.
L'attaque la plus meurtrière avait eu lieu le 21 février 2016 et avait fait 134 morts, dont 97 civils. Elle avait été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui contrôle des territoires notamment dans l'est du pays.
Ce groupe, qui avait mis la main sur de vastes territoires dans le nord et l'est du pays en 2014, a depuis perdu une grande partie de ses gains.
Il fait actuellement face à trois forces autour de son fief de Raqa: les troupes turques et leurs alliés rebelles syriens, les forces gouvernementales syriennes appuyées par la Russie, et une alliance arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis.
Déclenchée par la répression de manifestations pro-démocratie il y a près de six ans, la guerre en Syrie, qui a fait plus de 310.000 morts, est en effet devenue très complexe avec l'implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.
Le groupe terroriste Daesh est également présent dans l'Irak voisin où il est aussi l'objet d'une offensive des forces irakiennes dans son bastion de Mossoul, deuxième ville du pays.
Les forces gouvernementales ont lancé une offensive contre cette ville le 17 octobre, ont pris la partie est de la cité fin janvier et mènent depuis mi-février des combats pour chasser les derniers jihadistes de Mossoul-Ouest.
Vendredi, les forces du contre-terrorisme (CTS) ont repris les quartiers d'Al-Amil al-Oula et d'Al-Amil al-Thaniyah, selon le Commandement conjoint des opérations, qui coordonne la lutte contre Daesh dans le pays.
Daesh "a perdu de nombreux combattants (...), l'ennemi commence à s'effondrer", a indiqué pour sa part à l'AFP le général Maan al-Saadi, haut commandant des CTS.
Autre signe que l'étau se resserre sur Daesh à Mossoul, son chef Abou Bakr al-Baghdadi a "probablement quitté Mossoul avant que Mossoul et Tal Afar (plus à l'ouest) ne soient isolées par les forces irakiennes", selon un responsable américain.
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