Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 19 février 2017 à Jérusalem (Afp)
Un rapport officiel publié mardi en Israël accuse le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses généraux d'avoir mal préparé l'armée à la menace "stratégique" des tunnels de guerre du mouvement palestinien Hamas lors du conflit à Gaza en 2014.
“Les responsables politiques et militaires et les services de renseignements étaient informés de la menace représentée par les tunnels et l'avait même qualifiée de 'stratégique'", indique un rapport des services du contrôleur de l'Etat Yossef Shapira, chargé de surveiller l'action du gouvernement.
"Pourtant, les actions entreprises face à cette menace n'ont pas correspondu à cette définition", dit-il. "Le Premier ministre, les anciens ministre de la Défense et chef d'état-major n'ont pas veillé à ce que l'armée dispose de plans opérationnels pour combattre les tunnels dans des zones urbaines".
Avant même sa publication, ce rapport commencé au lendemain de la guerre de juillet-août 2014 dans le territoire palestinien gouverné par le mouvement islamiste Hamas a suscité une agitation dans la classe politique israélienne.
M. Netanyahu a pris les devants lundi en défendant la conduite de la guerre qui avait selon lui "infligé au Hamas le coup le plus puissant qu'il ait jamais reçu".
Le rapport revisite l'opération "Bordure protectrice" dans sa dimension non pas opérationnelle mais politique en examinant le processus de décision avant et pendant la campagne militaire, en particulier sur les tunnels.
Ces galeries creusées dans la bande de Gaza et sous la barrière de béton et de métal qui ferme hermétiquement les frontières israéliennes constituaient avec les roquettes l'une des armes essentielles du Hamas et des groupes combattants alliés contre Israël.
La destruction de ces tunnels s'est imposée comme l'un des objectifs primordiaux de l'offensive de 2014, avec l'arrêt tirs de roquettes palestiniennes.
Les riverains israéliens de l'enclave vivent toujours dans la hantise des tunnels. Ils n'ont pas oublié la vidéo tournée par des combattants palestiniens se filmant en train de s'infiltrer par un tunnel en Israël et tuant cinq soldats le 28 juillet 2014.
Un autre évènement reste dans les mémoires israéliennes: la mort quelques jours plus tard du soldat Hadar Goldin, tué lors d’une opération de destruction de tunnels à l’intérieur de la bande de Gaza. Les Palestiniens détiendraient toujours son corps comme monnaie d’échange.
La menace des tunnels était connue de longue date. Pourtant, M. Netanyahu et son ministre de la Défense de l'époque, Moshé Yaalon, n'ont informé qu'en termes "épars et généraux" de la gravité de la menace les membres du cabinet restreint en charge des questions de sécurité.
Proprement informé, le cabinet aurait pu faire pression sur le chef de gouvernement et les généraux, suggère le rapport.
Plus globalement, MM. Netanyahu et Yaalon n'ont pas livré aux membres du cabinet de sécurité "des informations essentielles" nécessaires à une prise de "décisions avisées" sur la situation à Gaza avant le déclenchement de la guerre, dit le rapport.
A travers ce rapport, Israël revient sur le plus meurtrier des trois conflits livrés par l'armée à Gaza depuis que le Hamas, grand ennemi d'Israël, y a pris le pouvoir en 2007.
Depuis 2014, Israël et le Hamas se réarment en prévision de la prochaine confrontation. Israël a de nouveau répliqué lundi à un tir de roquette en provenance de Gaza où le Hamas affirme continuer à construire des tunnels pour la "résistance".
Les rivaux et les adversaires de M. Netanyahu ont beau jeu d'attaquer celui qui doit une grande partie de sa longévité à sa réputation d'efficacité en matière de sécurité. Il est sous la pression de la droite de son gouvernement et des investigations policières le visant pour des faits présumés de corruption, suscitant les spéculations sur la probabilité d'élections anticipées.
Le ministre de l'Education Naftali Bennett, un nationaliste religieux qui dispute à M. Netanyahu l'électorat le plus à droite, pourrait être l'un des premiers à se glorifier d'avoir tenu tête à l'époque à M. Netanyahu et aux généraux et d'avoir réclamé un plan contre les tunnels.
La guerre de 2014 a fait côté palestinien 2.251 morts dont 551 enfants selon l’ONU, et 74 morts côté israélien, dont 68 soldats. Elle s'est achevée sans désigner clairement un vainqueur. M. Netanyahu revendique cependant le calme relatif régnant sur la frontière comme un succès.
"Politiquement, on entend beaucoup de bruit en ce moment", dit l'analyste Avraham Diskin, "mais dans un mois tout aura été oublié".
(28-02-2017)
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