Une
femme syrienne et son enfant dans un camp de fortune à Rukban, dans le
no-man's-land entre la Syrie et la Jordanie, le 1er mars 2017 (Afp)
Des dizaines de milliers de civils, avec leur maigres bagages, fuient
les violents combats accompagnant l'avancée de l'armée syrienne soutenue
par l'allié russe face aux combattants de Daesh
dans la province d'Alep.
Dans cette même région du nord de la Syrie, l'armée turque et des
rebelles syriens alliés cherchent de leur côté à avancer face à une
alliance de combattants kurdes et arabes.
Depuis une semaine, "plus de 30.000 civils, en majorité des femmes et
des enfants, ont fui l'avancée de l'armée" dans l'est de la province
d'Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
En voiture, en moto, dans des fourgonnettes ou des pick-up, avec à la
main quelques affaires, de nombreux civils, en majorité des femmes et
des enfants, se dirigeaient samedi vers Minbej, aux mains des Forces
démocratiques syriennes (FDS, alliance de combattants kurdes et arabes),
selon un journaliste de l'AFP.
Le visage fatigué, ils attendaient dans de longues files l'autorisation
du Conseil militaire de Minbej pour pouvoir entrer dans la ville, les
FDS procédant aux vérifications nécessaires pour s'assurer qu'aucun
jihadiste ne se trouvait parmi ces civils.
"Le nombre de déplacés a atteint plus de 40.000 et ne cesse de croître à
cause des combats entre le régime et Daesh", a affirmé à l'AFP Ibrahim al-Qouftane, co-président de
l’administration civile de Minbej.
"Leur situation est très difficile", a-t-il ajouté.
Les hommes de Daesh occupent une grande partie du sud-est de la province d'Alep.
En janvier, les troupes du régime de Bashar al-Assad soutenues par les
aviations syrienne et russe ont lancé une offensive pour chasser ces
jihadistes de la province.
Elles ont depuis repris 90 localités et villages et ont fait la jonction
avec les FDS, au sud de Minbej, située dans l'est de la province
d'Alep.
L'offensive se poursuivait samedi et les combats sont d'une très grande violence, a indiqué l'OSDH, sans fournir de bilan.
L'objectif de l'armée est d'atteindre la localité d'al-Khafsa, à une
vingtaine de km au sud de Minbej, où se trouve une station de pompage
d'eau alimentant la capitale provinciale d'Alep, mise hors service par
l'EI depuis un mois et demi.
Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, la situation risque de
se détériorer à Minbej. "La ville accueille déjà des dizaines de
milliers de déplacés, qui ont fui les affrontements précédents dans la
région, et qui vivent dans des conditions précaires".
"Cela va être difficile (pour les autorités locales) d'accueillir cette
nouvelle vague de déplacés en raison de leurs difficultés à subvenir aux
besoins de la population", a-t-il ajouté.
A l'ouest de Minbej, d'autres protagonistes se font la guerre depuis
mercredi: des rebelles syriens aidés de soldats turcs livrent des
combats aux FDS sans qu'aucun des belligérants ne fasse de réels
progrès, selon l'OSDH.
Les soldats turcs et leurs alliés voudraient s'emparer de Minbej, un
point central pour affaiblir les forces kurdes, avant de faire mouvement
vers Raqa, principal fief de Daesh en Syrie, afin de participer à la
bataille et s'assurer ainsi une large zone sous son autorité dans le
nord syrien.
La Turquie veut empêcher notamment la création d'une bande frontalière
tenue par des combattants kurdes qu'elle considère comme des
"terroristes".
Sur un autre front, dans la ville antique de Palmyre (centre), reprise
jeudi par l'armée après en avoir chassé une nouvelle fois Daesh, des
sapeurs syriens, entraînés par des spécialistes russes, procédaient au
déminage du terrain. Des explosions étaient entendues par intermittence.
Les combats pour la reprise de cette ville ont fait 115 morts dans le
camp des loyalistes et 283 côté jihadiste depuis la mi-janvier, selon
l'Observatoire.
Les aviations syrienne et russe menaient samedi des raids au nord et à
l'est de Palmyre contre les positions jihadistes, a indiqué l'OSDH.
Onze civils ont ainsi été tués et 45 blessés dans des raids sur un
marché au bétail dans le village d'Ouqayribat, tenu par Daesh dans le sud
de la province voisine de Hama, a affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur
de l'OSDH. "Il s'agit probablement de raids de l'armée russe", a-t-il
ajouté.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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