jeudi 2 mars 2017

Israël/Palestine : Incarcération reportée du soldat franco-israélien Azaria

 Elor Azaria enlacé par sa mère Oshra, juste avant le verdict d'un tribunal militaire à Tel Aviv, le 21 février 2017

Une cour militaire israélienne a reporté jeudi à Tel-Aviv l'incarcération, initialement prévue dimanche, du soldat Elor Azaria, au coeur d'un retentissant procès pour avoir achevé un assaillant palestinien blessé et apparemment hors d'état de nuire.
La cour d'appel militaire a accepté la requête de la défense qui demandait que son emprisonnement soit repoussé jusqu'à ce que la cour statue sur l'appel interjeté contre sa récente condamnation à 18 mois de prison ferme.
"L'emprisonnement est reporté jusqu'au résultat de l'appel", a annoncé la juge, le général Orly Markman.
Elor Azaria, qui devait rallier dimanche la prison militaire d'Atlit (nord), restera consigné sur sa base jusqu'à ce que la cour d'appel tranche, a-t-elle dit.
Elor Azaria, 21 ans, a été condamné le 21 février par un tribunal militaire à 18 mois de prison ferme après plusieurs mois de l'un des procès ayant divisé le plus profondément l'opinion publique israélienne.
Il a été filmé le 24 mars 2016 par un militant propalestinien alors qu'il tirait une balle dans la tête d'Abdel Fattah al-Sharif à Hébron, en Cisjordanie occupée. Le Palestinien venait d'attaquer des soldats au couteau. Atteint par balles, il gisait au sol, apparemment hors d'état de nuire.
Elor Azaria, qui a aussi la nationalité française, est le premier soldat israélien condamné pour homicide depuis plus de dix ans selon la presse.
Pour les Palestiniens et les défenseurs des droits de l'Homme, le comportement d'Elor Azaria est emblématique de l'usage excessif de la force par l'armée israélienne qui occupe la Cisjordanie.
L'état-major israélien a poussé au procès au nom du nécessaire respect de valeurs morales par une armée régulièrement accusée d'exécutions sommaires. L'état-major a dressé contre soi une partie de l'opinion israélienne, d'accord avec les propos attribués à Elor Azaria avant qu'il ne tire, et selon lesquels le Palestinien méritait de mourir.
Le sort du soldat a mobilisé sur les réseaux sociaux et dans la rue.
Devant la cour d'appel, l'avocat d'Elor Azaria, Yoram Sheftel, a amalgamé ce soutien populaire et le fait que les trois autres avocats du soldat avaient renoncé à assurer sa défense, en désaccord avec sa décision de faire appel d'un jugement à leurs yeux favorable.
"Je me tiens ici tout seul, mais ils sont des millions derrière moi", a dit ce ténor du barreau, connu pour avoir sauvé de la pendaison John Demjanjuk, ancien auxiliaire ukrainien des nazis.
Aucune indication claire n'était disponible quant au temps que prendrait la procédure. Me Sheftel a indiqué qu'il serait prêt pour les audiences d'appel sous six semaines.
Les anciens avocats d'Elor Azaria conseillaient qu'il renonce à faire appel, et préconisaient soit une demande de réduction de peine auprès de son commandement, soit une requête de grâce présidentielle.
Selon un récent sondage, 69% des Israéliens sont en faveur de l'octroi d'une grâce à Elor Azaria et 56% trouvent sa peine trop sévère. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et plusieurs membres de son gouvernement, considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, soutiennent une telle grâce.
La direction palestinienne, sans illusion avant le procès, s'est indignée de la "légèreté" de la peine de première instance. Les organisations de défense des droits de l'Homme se sont senties confortées dans leur ancienne dénonciation de l'impunité dont bénéficient les soldats israéliens selon elles.

(02-03-2017)

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