Six personnes ont été tuées vendredi dans l'assaut par la police d'une
maison près de Tunis où un groupe armé était retranché depuis la veille.
"Cinq femmes ont été tuées. Aymen (l'un des deux hommes armés, NDLR) a
été tué et Houssem (le second) blessé et hospitalisé", a déclaré le
porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui, aux
journalistes présents à Oued Ellil, dans la banlieue de Tunis.
Ces attaques ont lieu alors que la Tunisie prépare ses élections
législatives de dimanche. Tunis craint de nouvelles représailles
djihadistes. Selon le porte-parole, "les unités spéciales se sont
approchées (de la maison) au niveau de la cuisine, où se cachaient les
terroristes", puis "les femmes sont sorties de la cuisine en tirant". Le
responsable a qualifié l'ensemble du groupe de "terroristes".
Une sixième femme a été blessée à l'épaule. Deux enfants se trouvant
dans la maison - un garçon et une fille - ont été hospitalisés, la
fillette touchée à la tête, selon Mohamed Ali Aroui, qui n'a pas précisé
la gravité de sa blessure. Les forces de l'ordre faisaient depuis jeudi
matin le siège de cette maison après qu'un gendarme a été tué et un
autre blessé lors d'une intervention des forces de l'ordre. La présence
des enfants à l'intérieur a retardé l'assaut, selon le porte-parole.
Ce dernier n'a pas indiqué si les suspects constituaient une cellule
isolée ou s'ils appartenaient à un groupe plus important alors que des
militants se réclamant d'al-Qaida au Maghreb islamique sont actifs en
Tunisie depuis la révolution de 2011. Leur traque à la frontière
algérienne a fait depuis deux ans des dizaines de morts dans les rangs
des forces tunisiennes.
Par ailleurs, entre 2 000 et 3 000 Tunisiens seraient allés rejoindre
des groupes extrémistes, dont celui de l'État islamique (EI), pour
combattre en Syrie et en Irak. Les autorités tunisiennes craignent que
le retour de certains d'entre eux ne déstabilise le pays. La bâtisse
prise d'assaut vendredi avait été ciblée à la suite d'aveux de "deux
éléments terroristes" arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi à Kébili,
à 500 km au sud de Tunis.
Ces violences interviennent alors que la Tunisie organise dimanche des
élections législatives qui, avec la présidentielle du 23 novembre, sont
cruciales pour la stabilité du pays. Les ministères de la Défense et de
l'Intérieur ont mis en garde contre des éléments "terroristes" à
l'approche de ces scrutins, et le gouvernement a prévu de déployer des
dizaines de milliers de soldats et de policiers le jour du vote.
Partis politiques et candidats indépendants aux élections législatives
se préparaient, eux, à tenir leurs derniers meetings et rencontres avant
l'entrée en vigueur du "silence électoral" samedi et le scrutin
dimanche. Les Tunisiens à l'étranger ont déjà commencé à voter vendredi.
La campagne a été morose, marquée par la désillusion de nombreux
Tunisiens près de quatre ans après la révolution qui mit fin à la
dictature de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.
Deux partis sont largement favoris : les islamistes d'Ennahda, au
pouvoir pendant deux ans jusqu'à début 2014, et leurs principaux
détracteurs du parti séculier Nidaa Tounès, une formation hétéroclite
rassemblant aussi bien des opposants à Ben Ali que des caciques de son
régime. Rached Ghannouchi, le chef d'Ennahda, a appelé les électeurs à
donner "une autre chance" à sa formation, qui a dirigé la Tunisie dans
le cadre d'une "troïka" formée avec deux partis séculiers.
"Nous avons réalisé le premier objectif de la révolution qui est la
liberté", a-t-il assuré dans un entretien. "Donnez-nous une autre chance
pour réaliser le deuxième objectif de la révolution : le développement
et la justice sociale." Nidaa Tounès s'est de son côté placé tout au
long de la campagne comme la seule alternative à Ennahda.
"Celui qui ne va pas voter Nidaa, il vote Ennahda. (...) Et ça veut dire
voter pour la troïka qui, trois ans durant, a ramené la Tunisie en
arrière", a martelé le chef du parti, l'ex-Premier ministre et candidat à
la présidentielle Béji Caïd Essebsi, un vétéran de 87 ans qui a servi
sous tous les régimes depuis l'indépendance. Ces deux formations sont en
concurrence avec une multitude de listes représentant d'ex-responsables
du régime déchu, des concurrents séculiers de Nidaa Tounès, l'extrême
gauche ou d'autres formations islamistes.
(24-10-2014)
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