Un gendarme a été tué jeudi dans un échange de tirs avec des hommes
armés retranchés dans une maison près de Tunis avec des femmes et des
enfants, alors que la Tunisie craint une recrudescence d'attaques
jihadistes avant les législatives dimanche.
"Il y a (dans la maison) au moins deux hommes, au moins deux femmes et
des enfants. Nous avons des informations sur la présence d'explosifs", a
déclaré le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mohamed Ali Aroui,
lors d'une conférence de presse.
Un membre de la Garde nationale (gendarmerie) a été tué et un autre
blessé dans les échanges de tirs avec les occupants de la maison, a-t-il
ajouté.
"Nous avons demandé à ce qu'ils fassent sortir les enfants et les
femmes", a précisé M. Aroui, qui s'est refusé à employer le terme de
prise d'otages, soulignant que l'une des femmes était "l'épouse d'un des
éléments terroristes".
D'après un responsable policier sur place interrogé par l'AFP, le gendarme a été tué d'une balle "reçue à l'oeil".
La
maison à Oued Ellil a été encerclée suite à des informations obtenues
après l'arrestation de "deux éléments terroristes" après des heurts à
Kébili, à 500 km au sud de Tunis, selon lesquelles "d'autres éléments
terroristes se trouvaient dans une maison" dans cette banlieue de la
capitale, a ajouté M. Aroui, précisant que le gardien d'une société
avait été tué à Kébili par ces "éléments terroristes".
Selon des journalistes de l'AFP à Oued Ellil, la police, déployée en
grand nombre, lançait des appels au mégaphone pour que les suspects se
rendent. En fin de matinée, des tirs sporadiques retentissaient encore
mais la situation était plus calme en début d'après-midi.
Ces violences interviennent à trois jours des élections législatives
qui, avec la présidentielle du 23 novembre, sont cruciales pour la
stabilité du pays.
Les ministères de la Défense et de l'Intérieur ont mis en garde contre
des éléments "terroristes" qui chercheraient à entraver ces scrutins, et
le gouvernement a prévu de déployer des dizaines de milliers de soldats
et policiers le jour du vote.
M. Aroui a tenu à préciser que le moral des forces de sécurité restait "haut".
"Oui, il y a des difficultés et des dangers mais (...) nous avons la
force sécuritaire et militaire nécessaire, et elle est prête pour
l'échéance de dimanche", a-t-il assuré.
La Tunisie a connu depuis la révolution de janvier 2011 une
recrudescence d'attaques attribuées à la mouvance jihadiste. Plusieurs
dizaines de membres des forces de l'ordre ont été tués et deux figures
de l'opposition aux islamistes ont été assassinées.
L'armée pourchasse ainsi à la frontière algérienne depuis près de deux ans un groupe armé lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Deux soldats ont encore été légèrement blessés jeudi dans l'explosion
d'un engin au passage de leur véhicule à Sakiet Sidi Youssef (près de la
frontière algérienne), a indiqué le porte-parole du ministère de la
Défense, Belhassen Oueslati, à l'AFP. Cette tactique a été largement
employée par des cellules jihadistes dans la région depuis deux ans.
Plusieurs coups de filets ont néanmoins eu lieu ces derniers mois selon
les autorités tunisiennes, qui assurent avoir déjoué plusieurs attentats
et attaques prévus pour déstabiliser la Tunisie à l'approche des
élections.
Le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a ainsi affirmé lundi que
"des attentats, des explosions visant des usines, et des opérations
visant des ambassadeurs ont été déjoués".
La sécurité et la lutte contre le terrorisme sont d'ailleurs des
thèmes-phares de la campagne électorale. Les islamistes d'Ennahda, au
pouvoir pendant deux ans jusqu'à début 2014 et parmi les favoris des
législatives, sont accusés par leurs détracteurs séculiers d'avoir
laissé émerger ces groupes jihadistes, ce que le parti dément.
La Tunisie a connu en 2013 une très profonde crise politique après
l'assassinat de deux opposants à Ennahda attribués à des extrémistes
armés. De longues négociations ont conduit les islamistes à quitter le
pouvoir, permettant l'organisation des législatives et de la
présidentielle fin 2014.
(23-10-2014)
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