lundi 3 novembre 2014

Syrie: les Kurdes irakiens attendent à la frontière pour entrer à Kobané

Les combattants kurdes irakiens attendaient jeudi de pouvoir traverser en Syrie pour aider à chasser les jihadistes de la ville kurde de Kobané, où une cellule d'opération était formée pour faciliter leur passage.
Lourdement armés, ces peshmergas, quelque 150 au total selon les médias turcs, ont été rassemblés dans un dépôt de la ville turque de Suruç, à une dizaine de km de la frontière syrienne, sous l'étroite surveillance des forces turques, selon un photographe de l'AFP.
Autorisé par la Turquie, sous la pression des Etats-Unis, le passage des renforts a suscité la colère du régime de Damas, qui a dénoncé "une violation flagrante de la souveraineté syrienne", après avoir longtemps accusé Ankara de soutenir les rebelles et les jihadistes qui veulent le renverser.
Rejoignant un autre contingent arrivé plus tôt par avion du Kurdistan irakien, une quarantaine de véhicules transportant les peshmergas irakiens sont arrivés avant l'aube à Suruç.
Après un lent périple par la route, au cours duquel leur convoi a été acclamé par des milliers de Kurdes de Turquie, ils ont été accueillis à Suruç aux cris notamment de "Kobané sera un cimetière" pour le groupe Etat islamique (EI).
Afin de coordonner leur passage à Kobané, une délégation de peshmergas irakiens est entrée pour la première fois dans la ville assiégée depuis six semaines, devenue le symbole de la résistance à ce groupe ultra-radical responsable d'atrocités et qui cherche à élargir son emprise territoriale en Syrie et en Irak.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "une cellule d'opération conjointe de coordination sera formée à Kobané entre les peshmergas et les Unités de protection du peuple kurde (YPG)", principale milice kurde syrienne qui défend cette troisième ville kurde de Syrie.
Selon l'agence de presse prokurde Firat, la délégation des peshmergas devait discuter aussi "du passage des armes" avec les YPG.
Entretemps, le secteur nord de la ville était la cible de violents bombardements de l'EI qui retardaient l'entrée de l'ensemble des peshmergas irakiens, d'après l'OSDH.
Les jihadistes ont lancé une attaque contre un quartier du même secteur qui a été mise en échec par les YPG, a précisé le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.
Il a fait état de "plusieurs morts" dans les rangs de l'EI, "leurs cadavres gisant pendant de longues heures dans les rues avant d'être retirés".
Selon l'OSDH, trois frappes de la coalition ont visé dans la journée plusieurs regroupements de l'EI dans le secteur est de Kobané.
Les forces kurdes syriennes résistent depuis le 16 septembre à Kobané d'où ils tentent, avec le soutien aérien crucial de la coalition internationale, de déloger les jihadistes qui y sont entrés le 6 octobre.
Le général américain à la retraite John Allen, qui coordonne la coalition internationale anti-jihadistes, a assuré mercredi que les renforts "empêcheraient" la chute de Kobané.
Les peshmergas ont été précédés par 50 à 150 hommes, selon les sources, de l'Armée syrienne libre (ASL), émanation de l'opposition modérée au régime du président syrien Bashar al-Assad, qui ont rejoint Kobané mercredi via la frontière turque.
L'un des objectifs des jihadistes est de s'emparer des quartiers nord afin de bloquer la voie vers la Turquie et d'isoler Kobané. Une prise totale de la ville leur permettrait de contrôler une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.
En Irak voisin, des centaines de soldats irakiens et de combattants pro-gouvernementaux se préparaient pour lancer un assaut contre la ville stratégique de Baïji, contrôlée par l'EI, selon des officiers.
La prise de Baïji, au nord de Bagdad, pourrait permettre de sécuriser la principale raffinerie du pays mais cette offensive s'annonce difficile pour les forces irakiennes, qui ont déjà subi plusieurs revers dans leurs tentatives de regagner du terrain face aux jihadistes.
Accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a mis à profit la guerre civile en Syrie et l'instabilité politique et sécuritaire en Irak pour s'emparer de larges territoires, où il fait régner la terreur, y commettant viols, rapts, exécutions et crucifixions.

(30-10-2014)

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