dimanche 2 novembre 2014

Israël/Palestine : vers une nouvelle escalade de violences ?

La police applique depuis jeudi la "tolérance zéro" à Jérusalem après l'attentat qui a tué un bébé de trois mois et qui fait craindre que les tensions grandissantes ne dégénèrent en embrasement général à Jérusalem-Est, la partie palestinienne occupée et annexée par Israël de la ville. La mort de Haya-Zissel Braun, tuée mercredi soir quand un jeune Palestinien a lancé sa voiture sur un groupe à un arrêt de tramway, a provoqué les appels punitifs de la droite israélienne.
"Satan lui-même n'a pas conçu de vengeance suffisante pour celui qui répand le sang d'un bébé de trois mois", a ainsi déclaré le ministre de l'Économie Naftali Bennett, leader du Foyer juif, parti nationaliste religieux, citant le poète israélien Nahman Bialik comme il est souvent de circonstance devant de tels actes.
L'auteur des faits, Abdelrahman Shalodi, Palestinien de 21 ans, n'aura pas à rendre de comptes. Stoppé par un policier qui a ouvert le feu sur lui alors qu'il tentait de prendre la fuite à pied selon la police, il a succombé jeudi matin à ses blessures, a indiqué une porte-parole de l'hôpital Shaarei Tsedek. Six autres personnes ont été blessées.
Le geste du jeune Palestinien est un nouveau point d'orgue dans les troubles qui agitent depuis des mois Jérusalem-Est. Des heurts opposent quasiment tous les soirs Palestiniens et policiers israéliens, dans différents quartiers comme Silwan, Chouafat, Essaouiya, Wadi Joz, ainsi que la vieille ville. Certains parlent d'"intifada silencieuse" ou d'intifada municipale", en référence aux deux soulèvements de 1987-1993 et de 2000-2005, certes beaucoup plus longs, beaucoup plus étendus et beaucoup plus meurtriers.
L'attaque de mercredi a poussé le Premier ministre Benyamin Netanyahou à appliquer sans plus attendre un plan de sécurité renforcé déjà annoncé antérieurement devant la multiplication des incidents. La police de Jérusalem a prévenu qu'elle mènerait une politique de "tolérance zéro face à toute violence et (arrêterait) toute personne impliquée dans des troubles à l'ordre public". Des renforts de gardes-frontières, d'unités antiémeutes et de patrouilles mobiles ont été déployés, a dit à l'AFP un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Des moyens technologiques supplémentaires, pour la collecte du renseignement par exemple, sont mobilisés, a-t-il dit.
Des heurts se sont produits jusque tard dans la soirée dans plusieurs secteurs de Jérusalem, avec pour épicentre Silwan, le quartier populaire et agité d'où venait Abdelrahman Shalodi. L'intervention des policiers venus arrêter un jeune frère d'Abdelrahman Shalodi a provoqué un accès de fièvre, a indiqué la famille. Dans la matinée, des individus ont lancé des pierres contre un jardin d'enfants de colons israéliens dans le quartier palestinien de Ras al-Amoud, a rapporté la police.
Cette dernière a fait état de quelques arrestations dans la nuit, sans plus de précision. L'armée israélienne, de son côté, a indiqué avoir arrêté dans la nuit en Cisjordanie 17 Palestiniens, dont certains membres du Hamas. Le gouvernement israélien a décrit Abdelrahman Shalodi comme un membre du mouvement islamiste qu'Israël considère comme terroriste et auquel il vient de faire la guerre dans la Bande de Gaza. Mais on ignore si les arrestations de la nuit en Cisjordanie sont liées à l'attentat de la veille.
Au même moment, des centaines de juifs se sont rassemblés dans la douleur pour les funérailles de la fillette de trois mois, projetée de sa poussette à plusieurs mètres quand elle a été percutée par la voiture bélier d'Abdelrahman Shalodi. Ses parents venaient de la photographier pour la première fois devant le mur des Lamentations, a raconté son grand-père.
Le président Reuven Rivlin, qui a assisté à la cérémonie, a peu auparavant exprimé la crainte d'une flambée de violence, dont les dirigeants arabes devraient supporter leur part de responsabilité selon lui. "Les incitations croissantes à la haine dans les rues du monde arabe et les rues de Jérusalem, que des dirigeants du monde arabe soutiennent malheureusement, sont susceptibles de détruire l'équilibre fragile en place à Jérusalem et de nous emporter tous dans un maelström de destruction et de douleur", a-t-il dit.
Le Premier ministre a quant à lui accusé le président palestinien Mahmud Abbas d'avoir participé à échauffer les esprits par de récentes déclarations à propos de l'esplanade des Mosquées. Le site ultra-sensible, vénéré à la fois par les juifs et les musulmans, n'a pas échappé à l'agitation des derniers mois.
Le corps d'Abdelrahman Shalodi, quant à lui, était toujours jeudi matin entre les mains israéliennes, a indiqué le centre d'information de Wadi Haloueh, une association palestinienne locale. On ignore quand il sera enterré.

(23-10-2014)

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